Historique
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Bien que Lucas de Leyde ne se soit jamais rendu en Italie, il n'échappa lui non plus à l'influence des nouveaux courants artistiques pour lesquels certains de ses contemporains, notamment Jan Gossaert, s'engagèrent à leur retour d'Italie. Des nouveaux idéaux de figures qui montraient un grand intérêt pour l'anatomie imposèrent de nouvelles normes. Les dessins et les estampes constituèrent le support pour leur diffusion. Elles n'ont pas manqué de stimuler aussi Lucas de Leyde. Les figures et la composition de Caïn tue Abel sont un des tous premiers témoignages attestant de son intérêt pour le nouvel idéal du corps en Italie. A côté de l'anatomie des muscles qu'il souligne ostensiblement et pour laquelle la scène de la lutte avec ses mouvements vigoureux se prêtait bien, la figure d'Abel rappelle de façon frappante la figure centrale d'Ananias dans la composition de Raphaël, La mort d'Ananias, que celui-ci avait créée pour les tapisseries de la chapelle Sixtine. Une variante inversée de la composition de Raphaël fut aussi diffusée par une gravure sur bois en clair-obscur d'Ugo da Carpi (B. XII, n° 27, p. 46) ainsi que par une gravure sur cuivre d'Agostino Veneziano (B. XIV, n° 42, p. 47). Une de ces planches a sans doute servi de modèle et d'inspiration à Lucas de Leyde. On suppose que la gravure sur cuivre Caïn tue Abel aurait servi de pendant à une autre de même format, Lamech et Caïn, également datée de 1524. Avec ce thème apocryphe rarement représenté, Lucas met en regard du fratricide l'histoire de l'aveugle Lamech qui tue sans le savoir le vieux Caïn d'une flèche dirigée par son fils Tubal Caïn. Ainsi le fratricide de Caïn ne reste pas non expié. En même temps, l'exemple de Lamech nous avertit contre l'action aveugle et rappelle la responsabilité de l'homme. (Michael Matile)
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Bibliographie
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Cat expo STRASBOURG Les Dieux comme les ho. 2003 (p. 184) MATILE, Michael, Die Druckgraphik Lucas van Leydens und seiner Zeitgenossen : Bestandeskatalog der Graphischen Sammlung der ETH Zürich, Bâle, Schwabe & Co., 2000 (n°131 p. 151) The New Hollstein, 1993- (Lucas van Leyden, 1996, n°13 p. 42) The prints of Lucas van Leyden & his contemporaries, Elle S. Jacobowitz et Stéphanie Loeb Stepanek (dir.), Washington, National Gallery of Art, 1983 (n°87 p. 221) Lucas van Leyden : das Graphische Werk im Kupferstich-Kabinett zu Dresden, Christian Dittrich (dir.), Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, 1983 (n°132 p. 71) Lucas van Leyden - grafiek, (1489 of 1494 - 1533) : met een complete oeuvre-catalogus van zijn gravures, etsen en houtsneden, Jan Piet Filedt Kok (dir.), Amsterdam, Rijksmuseum, 1978 (n°41a p. 45, 149) HOLLSTEIN, FWH, Netherlandish (vol. X, n°13 p. 65) Lucas van Leyden en tijdgenoten, Rotterdam, Prentenkabinet Museum Boymans, 1952. (n°70, p. 34) VOLBEHR, Theodor, Lucas van Leyden. Verzeichniss seiner Kupferstiche, Radirungen, und Holzschnitte, Hambuurg, Haendcke & Lehmkuhl, 1887-1891 (n°12, p. 4) OTTLEY, William Young, An inquiry into the origin and early history of engraving, upon copper and in wood, with an account of engravers and their works, from the invention of chalcography by Maso Finiguerra, to the time of Marc' Antonio Raimondi, Londres, J. and A. Arch/ J. McCreery, 1816 (vol. II, n°142 p. 748) Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (vol. VII, n°13 p. 344-345)
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