Historique
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Cette sculpture étonnante fait partie d'un ensemble de cinq pièces de Fenosa déposées au musée Goya de Castres par le Centre Georges Pompidou de Paris en 1999. Il s'agit d'un projet de Fontaine daté de 1950, mais dont la réalisation n'a pas abouti. Des cinq exemplaires prévus initialement seuls trois ont été réalisés dont un posthume en 1990. Le musée Goya conserve l'exemplaire I/V. Amoureux de la Poésie et des textes anciens qu'il lisait et relisait, Appel les Fenosa s'est ici inspiré des Métamorphoses d'Ovide. Ce texte fondateur a été une véritable source d'inspiration pour l'artiste. Ainsi en 1946, il modèle sa première métamorphose représentant la scène de la transformation des soeurs de Phaéton en arbres, qu'Ovide décrit dans le livre II. Elle sera suivie de nombreuses sculptures sur cette thématique de la transformation : les Feuilles d'Acanthe, 1954, Narcisse, 1961, Madrépore et Roche, 1962. Dans la Fontaine des trois règnes l'artiste, représente l'Amour qui selon Ovide se transforme en une chose nouvelle, une forme autre, appartenant soit au règne végétal, soit au règne animal, soit au règne minéral. Chaque règne étant symbolisé par trois jeunes femmes graciles, aux lignes suaves. Couronnées de leurs attributs elles ont à leur pied les éléments qui permettent de les identifier. Ainsi l'artiste sculpte délicatement des feuilles de formes variées pour représenter le monde végétal. Tandis qu'une multitude d'espèces animales : lion, cheval, boeuf, ours, baleine, sans oublier les oiseaux semble en mouvement au pied du monde animal. Des blocs de pierre symbolisent de manière statique, le monde minéral. Dans un style unique, très reconnaissable, Fenosa joue avec les formes, modelées et onduleuses lorsqu'il s'agit de représenter le corps féminin, elles peuvent être anguleuses et même saillantes. Ce traitement de la matière participe sans aucun doute à l'harmonie générale. L'artiste nous offre une interprétation très personnelle et créative de cette métamorphose mêlant les éléments figuratifs et les personnages féminins imaginaires. Ceux-ci semblent surgir de la matière dans un tourbillon. Regroupés en cercle, dos à dos, leur bras entrecroisés, leurs mains s'effleurant délicatement, ces trois jeunes femmes semblent esquisser une danse en l'honneur de la Nature. A elle seul cette Fontaine des trois règnes synthétise la place occupée par la Littérature, la Poésie et la Musique dans l'oeuvre de l'artiste. C. Berthoumieu, attachée de conservation musée Goya, 2012
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