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Réponse n° 8887
Domaine

peinture

Dénomination

élément d'ensemble ; prédelle

Titre

Déploration

Auteur/exécutant

CLOT Hans

Précision auteur/exécutant

Le peintre, Hans Clot, n'est pas répertorié dans les registres bordelais du XVème siècle ; des Clot ont travaillé à Bruxelles et à Bruges au XVème siècle mais le prénom Hans est germanique. En cette période de "gothique international", la circulation des formes, des idées et des styles est due surtout aux déplacements des artistes qui souvent changeaient de nom selon le pays, entraînant une difficulté à les suivre et à les reconnaître. Hans Clot a pu venir à Bordeaux mais son tableau est dans la plus pure tradition des Vierge de Pitié des pays du Nord de l'Europe. (Ont contribué à ce dossier : J. Bret ; M. Eveno ; F. Henriot ; C. Juillet ; P. Mandron ; E. Martin ; J. Perfettini ; G. de Puniet)

Ecole

Flandre

Anciennes attributions

GUILLAUME Nicolas (ancienne attribution)

Période création/exécution

3e quart 15e siècle

Millésime création/exécution

1469

Genèse

Bordeaux (établissement conventuel)

Historique

Ainsi nous connaissons sa date, 1469, le peintre, Hans Clot et le donateur commanditaire Guillaume Nicollo. Bien que 1469 soit une date significative à Bordeaux, Louis XI donne l'Aquitaine à son frère le prince Charles, les autres éléments confortent peu l'hypothèse d'un tableau bordelais. Le "bois de Flandres" du support peut avoir été exporté mais sa menuiserie est nordique. Entre le milieu du XVIème siècle et 1838, date à laquelle le panneau est utilisé comme devant d'autel à l'église Sainte-Croix, son itinéraire est inconnu. Les recherches actuelles permettent de différencier clairement deux couches picturales et deux mains successives à des époques distinctes et connues. La couche picturale primitive, quoique dégradée, est d'une qualité plus belle, par rapport à la seconde composition et incite à penser qu'il s'agit d'un beau témoignage de style gothique international sans toutefois évoquer une origine bordelaise

Matériaux/techniques

peinture à l'huile ; bois

Description

le panneau, bel exemple de menuiserie flamande, est constitué de quatre planches de bois de fil horizontal soigneusement débitées sur quartier, collées à joint vif ; l'assemblage était à l'origine consolidé par deux traverses verticales chevillées ; ces traverses ont été enlevées depuis, mais les emplacements des chevilles sont visibles sur la radiographie, alignés de part et d'autre du groupe central. Le bois utilisé est un chêne d'excellente qualité

Dimensions

H. 90 ; L. 242

Inscriptions

signé ; daté ; inscription

Précision inscriptions

Sur la travée supérieure du cadre, en latin gothique correspondant à la date notifiée, on lit : HAEC PICTURA FACTA FUIT ANNO DOMINI AB INCARNATIONE MILLESIMO QUADRAGINTESIMO NONO ET FECIT EAM FIERI GUILLERMUS NICOLLO CUTTU- E - DE LENSADE [ou LESTRADE ou LENSERADE] IN DEI GENITRIS MARIAE AC EIUS FILII HONORE PRO... (Cette peinture a été faite l'an de l'incarnation du Seigneur mille quatre cent soixante neuf. C'est Guillaume Nicollo [...] de Lensade [ou Lestrade ou Lenserade] qui l'a faite faire en l'honneur de Marie mère de Dieu et de son fils pour...). Sur la travée de gauche du cadre on lit, avec la même écriture (des lettres manquent) : HANS CLOT M[...] FECIT (Hans Clot [...] a fait) ; daté en haut à droite : 1469

Sujet représenté

scène biblique (Déploration, Vierge de douleur, Christ mort, saint Siméon Stylite l'ancien, saint André, attribut : croix) ; groupe de figures (saint Siméon Stylite l'ancien, sainte Barbe, attribut : tour, sainte Catherine d'Alexandrie, attribut : roue, épée, livre, couronne, saint Sébastien, attribut : flèche)

Précision sujet représenté

Vierge de Pitié entourée de saints historiques. L'iconographie La Vierge de Pitié se compose au sens strict de deux personnages : Marie et son fils décloué de la croix dont elle tient sur ses genoux le corps inanimé ; mais la Vierge pouvait être entourée par des saints ou des donateurs. Le thème n'est pas esquissé dans les Evangiles ; issu de l'imagination mystique, il surgit au début du XIVème siècle dans les couvents de nonnes de la vallée du Rhin ; le motif féminin et maternel s'est répandu rapidement en France, beaucoup plus tard en Italie.
Cette création de l'art gothique germano-français comporte différents types iconographiques ; aux XIV, XV et XVIème siècles, le Christ couché sur les genoux de sa mère, renverse la tête en arrière, la plaie du côté bien en évidence. Sur la traverse inférieure du cadre, on peut lire en latin dans une écriture qui date de l'introduction des caractères romains dans l'imprimerie à Bordeaux en 1542 : SANTA BARBARA, Sce SYMEON, Sce SEBASTIANE, JESUS, MARIA, SANCTUS ANDREAS, Sce CATHARINA, inscription qui permet d'identifier les saints, reconnaissables aussi à leurs attributs. A gauche, sainte Barbe tient dans une main la tour dans laquelle son père la séquestra pour la soustraire au prosélytisme chrétien ; grâce à un subterfuge, elle reçut le baptême et fit ouvrir une " tierce fenêtre " dans sa tour pour manifester sa foi dans la Trinité ; la plume de paon qu'elle porte sur son épaule fait allusion aux verges transformées dont son père la fustigea. Le second personnage est saint Siméon ou Simon : sa tonsure caractéristique de moine évoque une personnalité monastique bordelaise, saint Simon Stock ; né en Angleterre vers 1175 et ayant vécu longtemps dans le creux d'un chêne (d'où son surnom de Stock = souche), il se consacra ensuite à l'implantation de l'ordre du Carmel en Europe tout en écrivant plusieurs livres ascétiques ; mort à Bordeaux en 1265, il est inhumé dans l'église des Grands Carmes ; durant le Moyen Âge, des miracles s'opéraient sur son tombeau et attiraient nombre de pèlerins ; son corps fut ramené en 1951 dans un monastère du Kent. Saint Sébastien, né à Narbonne, est enrôlé vers 283 comme centurion à Rome par Dioclétien qui, découvrant qu'il était chrétien, le fit larder de flèches. Sauvé par Irène, Sébastien meurt plus tard assommé et jeté dans un égout. Jusqu'au XVIIème siècle, il est souvent montré vêtu d'une armure, portant les flèches de son premier martyre. A la droite de la Vierge de Pitié se trouve saint André, frère aîné de saint Pierre ; il fut martyrisé à Patras, attaché sur une croix en forme d'X ; il est honoré en France dans plusieurs villes dont Bordeaux qui lui dédie sa cathédrale. Sainte Catherine d'Alexandrie est la dernière sainte et fait pendant à sainte Barbe avec laquelle elle est souvent jumelée ; fiancée du Christ, elle convertit cinquante docteurs d'Alexandrie et subit le supplice des deux roues dentées duquel elle réchappa avant d'être décapitée ; fille de roi, elle porte une couronne et tient un livre, allusion à sa science ; elle a sa main gauche posée sur une épée ; une grande roue est posée à sa gauche et se fond dans la fourrure de son surcot. Le paysage aperçu de part et d'autre de saint André est arboré ; quelques nuages évoluent dans le haut du ciel ; des plantes sont visibles entre les sujets.
En 1941, une radiographie a montré l'existence d'éléments sous-jacents : une main tenant un livre à gauche de la tour de sainte Barbe, un visage à gauche de celui de saint André, un rosaire dans les plis de la robe de sainte Catherine. Les commentateurs de l'époque avaient conclu que le peintre avait modifié sa composition en cours d'élaboration. Une nouvelle radiographie, faite en préalable à la récente restauration, a permis de comprendre qu'une première composition avait été, en fait, entièrement masquée par la scène visible actuellement.
Cette première composition, une Vierge de Pitié entourée de quatre saints, reprend le même thème iconographique avec seulement deux saints placés de part et d'autre du groupe central. A gauche, saint Jean Baptiste, identifiable en raison du livre sur lequel repose l'agneau crucifère, porte une longue croix ornée de gonfalons. Saint Jean l'Evangéliste soutient de sa main droite la tête du Christ. Entre les deux, un donateur en prière, de taille réduite, est proche d'un long phylactère placé en oblique dont l'inscription n'est pas lisible. A droite, un saint muni d'une lance a une main fléchie appuyée sous l'oeil droit, l'autre refermée. La présence de la lance et l'identité du commanditaire telle qu'elle est mentionnées sur le cadre (Guillaume Nicollo) suggèrent le nom de saint Guillaume d'Aquitaine dont un des attributs est une lance par allusion aux victoires qu'il aurait remportées sur les Sarrasins d'Espagne. Une sainte couronnée, sans doute sainte Catherine, pose ses mains sur les coiffes de deux donatrices de tailles différentes portant chacune un rosaire. Au centre, la Vierge paraît être assise sur un banc de pierre ; sa main droite soutient le Christ sous l'aisselle, sa main gauche sous le bras ; le corps du Christ a une position pathétique, la tête très inclinée, le bras droit ballant. Les personnages se détachent sur une tenture de couleur sombre dont le décor est complexe ; on aperçoit en une dizaine d'endroits un motif répétitif : un bouquet de trois ou quatre fleurs d'eau, à droite duquel se trouve un chien de profil courant, dont la queue est surmontée par une fleur à cinq pétales. Un décor complète la tenture : un arbre dépouillé de chaque côté, des bouquets d'herbes ou de fleurs au premier plan. Le cadre n'était pas peint dès l'origine de façon identique sur les quatre côtés ;
Les conventions de ce thème, né au Nord du Rhin, sont respectées dans le choix des personnages et leur symétrie par rapport au groupe central. Les deux saint Jean, les donateurs commanditaires et leurs saints patrons sont tellement conventionnels qu'ils nous font penser, en l'absence de toute autre preuve, que le prénom de l'épouse de Guillaume Nicollo était Catherine et que le couple avait une fille. Sous l'influence de la tapisserie, le fond est une tenture parsemée de fleurs, en bas, et d'un motif répété sur toute la surface : un chien courant de profil (sans doute une levrette) accolé à un rinceau surmonté de feuilles d'eau ; ce motif est la " devise " (au XVème siècle, signe distinctif) du donateur commanditaire dont la formule, aujourd'hui invisible, pouvait être lue dans le phylactère.

Lieu de conservation

Bordeaux ; musée des beaux-arts

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

Statut juridique

propriété de la commune ; don ; Bordeaux ; musée des Beaux-Arts

Date acquisition

1838

Anciennes appartenances

église Sainte-Croix, Bordeaux

Numéro d'inventaire

Bx E 380 ; Bx M 7101 HOT (c) Lysiane Gauthier

Commentaires

En 1838, à la suite de remaniements dans la chapelle des fonts baptismaux de l'église Sainte-Croix de Bordeaux, la fabrique fait don, au musée des Beaux-Arts, de l'oeuvre qui était devant un autel.
Attribution dans les catalogues du Musée de 1855 et 1862, l'oeuvre est attribuée à l'école française alors que dans ceux de 1881 à 1892, elle est classé parmi les oeuvres flamandes, hollandaises ou allemandes ; à partir de 1931, elle est donnée à un peintre d'Avignon, puis à un primitif de l'école franco-espagnole pour être finalement affectée à un artiste travaillant dans la région ; le nom de Hans Clot témoigne d'une origine nordique. Un certain Jan Cloot (Cloet, Cloodt, etc...) est mentionné régulièrement sur le registre de la corporation de Bruges au XVème siècle ; la dénomination de Hans est la forme allemande de Jan.

Copyright notice

© Bordeaux, musée des Beaux-Arts, © Direction des musées de France, 2002

 

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