Historique
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Le fond brun clair, l'ombre portée sur le mur, le format à mi-corps et la position de trois-quarts du modèle sont des caractéristiques que l'on trouve chez bon nombre de portraitistes de La Haye et de Haarlem entre 1620 et 1660. La pose rappelle celle d'un Portrait d'homme de 1644, par Jan Hals (1613/23-1674), frère du célèbre Frans (Pl. XXXVI). L'homme est éclairé par une lumière venant de la gauche, qui projette l'ombre du modèle sur le mur. Le bras droit vient positionner le poignet sur la hanche, dans un mouvement de torsion. Tandis que Hals utilise la projection du bras dans l'espace pour donner de la profondeur et du volume à son personnage, l'artiste du portrait de Roanne, moins habile, aplatit un peu le volume du corps. L'homme porte par-dessus son pourpoint noir damassé de motifs ton sur ton, qui laisse apparaître la chemise blanche à travers les grandes fentes des manches, un gorgerin en cuivre orné de pierres fines (des grenats ?). Accessoire du costume militaire, cette pièce renseigne sur la fonction de ce personnage vraisemblablement un officier de l'armée hollandaise. L'amiral Cornelius de Witte, peint par Abraham Willaerts, (Pl. XXXVII) porte le même accessoire sous son col. Le visage est bien modelé par la lumière. Nettement individualisé, il reproduit fidèlement les traits du personnage, qui pourrait être Jan Cornelisz Meppel (1609-1669), vice-amiral de Hollande et de Frise, portraituré en 1661 par Jan Rotius (cat. A666, Rijksmuseum, Amsterdam). Les deux physionomies semblent présenter une grande ressemblance. Abraham de Vries, qui travailla à de nombreuses reprises en France, où il fit plusieurs séjours, est un peintre encore peu étudié (un intéressant article de M. Foucart est paru dans B.S.H.A.F. de 1980), son oeuvre est peu documenté et peu référencé, d'où la difficulté des attributions. Attribué à Abraham de Vries par Eric Moinet, mais proche de Soutman (portraitiste influencé par Frans Hals) pour M. Foucard. Jeran-Luc Vannier, du service d'étude et de documentation du Louvre, en 1991, attire l'attention de M. Moinet sur le fait que son attribution à de Vries "est à prendre avec beaucoup de prudence".
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