Historique
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Jean-Louis Nicolas Jaley fut l'élève du sculpteur Pierre Cartellier (1757 - 1831) dont l'œuvre, La Gloire, commandée par les architectes Percier et Fontaine en 1807, orne le mur au-dessus de la colonnade du Louvre. Jaley sera admis le 4 mars 1820 à l'Ecole des beaux-arts et obtiendra en 1824 le prix de Rome. Il exposera au Salon de 1824 à 1863 et sera nommé en 1856 membre de l'Institut. Jaley exécute le buste du duc Decazes vers 1830. Cette œuvre est répertoriée parmi les collections du musée à partir de 1836. Il s'inspire ici du portrait de Decazes jeune, peint par le baron Gérard, restant fidèle à l'animation de la pose, de face, la tête levée et rejetant toute pose statique. D'une conception sobre et discrète, le jeune visage impressionne par la noblesse du port de tête. Les yeux blancs sans pupille sont une référence à l'Antiquité. Le réalisme et la force du modèle se concentrent dans le front large éclairant entièrement le visage. La bouche s'entrouvre à peine, semblant très calmement respirer. Le comte Elie Decazes est né en 1780 à Saint-Martin-de-Laye en Gironde. Nommé juge au tribunal de la Seine en 1806, conseiller de Louis Bonaparte en 1807, il devient avocat-conseil à la cour d'appel de Paris en 1811. Après la chute de l'Empire, Decazes reste fidèle aux Bourbons pendant les Cent-Jours. Le roi Louis XVIII le récompense pour sa fidélité en le nommant préfet de police de Paris le 7 juillet 1815. Il est élu député de la Seine en août 1815. Un mois plus tard, il devient ministre de la Police dans le gouvernement du duc de Richelieu, en remplacement de Fouché. Decazes défend un royalisme modéré. Sa formule : " royaliser la France et nationaliser la monarchie ". Les royalistes modérés en minorité dans la Chambre introuvable de 1815 face aux Ultras, Decaze persuade Louis XVIII de dissoudre l'Assemblée. Les élections d'octobre 1816 donnent une majorité plus favorable au ministre. Profondément libéral, il joue un rôle essentiel dans le gouvernement durant les quatre années suivantes. Après l'assassinat du duc de Berry, le 13 février 1819, Decazes est contraint à la démission, les Ultras l'accusant de complaisance envers les libéraux. Decazes est toutefois élevé au rang de duc et nommé ambassadeur de France à Londres. De retour à Paris, en 1821, il prend place à la Chambre des Pairs où il continue à prôner une politique libérale. En 1826, il crée une société pour développer le charbon et le fer en Aveyron et fonde la ville de Decazeville en 1829. Il s'intéresse aux aménagements de la nouvelle ville et à la gestion des fonderies. Decazes adhère, après 1830, à la Monarchie de Juillet. Il est nommé administrateur de la Chambre de Pairs, avant de se retirer de la vie politique après 1848. Le musée de Libourne est né de la volonté du duc Decazes : à partir de 1818 et jusqu'en 1820, il ne cesse d'envoyer des œuvres majeures provenant du Louvre. Ces dépôts de l'Etat constituent la première collection du musée. Le duc Decazes enrichit également les collections par des dons personnels. Ce buste en plâtre est le résultat d'un moulage pour lequel on utilise un moule à pièces, les différentes parties s'imbriquant les unes dans les autres. Il est difficile de préciser le nombre exact de moulages édités, mais le premier moule dit " à bon creux " est réutilisable, permettant ainsi de reproduire jusqu'à trente épreuves. Le moule dit " original " est détruit lors du démoulage, ne permettant que le tirage d'une seule pièce originale. En 1861, Jaley obtient une commande de la ville de Libourne pour la réalisation en bronze d'une statue en pied du duc Decazes, car la population souhaite rendre hommage à l'homme politique décédé en 1860. Le sculpteur réutilise à cette occasion le buste en plâtre réalisé dans les années 1830 pour le visage du duc, en le vieillissant très légèrement. Pour une meilleure diffusion de son œuvre, Jaley s'empresse de faire exécuter par le lithographe et éditeur d'art Lemercier la gravure de son monument. En 194 2, la sculpture ornant la place Decazes à Libourne est démontée par les occupants et envoyée à la fonte. En 1951, une nouvelle statue en pied du duc Decazes est commandée au sculpteur Maxime Real del Sarte (1888 - 1954). Elle orne actuellement les allées Robert Boulin à Libourne.
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