Historique
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Ce tableau a été exécuté vers 1954. Avec son espace sans profondeur véritable, sa gamme colorée restreinte, son jeu subtil de valeurs et ses formes qui engendrent un monde fantastique où tout est confondu, cette peinture est tout à fait caractéristique de l'art de Domec après son retour définitif des Etats-Unis en 1950. Elle représente pour Domec "l'invasion du Mongol qui répandait dans toute l'Europe, et l'Archange vengeur, la terreur et le bienfait philosophique". Comme l'écrit Pierre Granville, "c'est à la découverte profonde de notre monde en ses creux comme en ses aspérités, en le mystère de ses grottes comme en l'audace de ses pitons déchiquetés que nous convie Claude Domec lorsque nous nous laissons entraîner dans le sillage de sa peinture. Exploration géophysique au premier abord, mais par delà, tout en affouillant le sol, mise à nu du diamant enfoui de l'étincelle spirituelle jaillie de toute existence, que celle-ci soit pierre, arbre, bête, être humain, minéral, végétal, animal, spirituel" (cat. d'expo, Paris, 1964). L'aspect plastique du tableau appelle immanquablement la comparaison avec le fonds de paysage de certaines peintures de la fin du Moyen Age. La facture renforce cette impression d'archaïsme. En effet, ce tableau est peint à la cire selon une technique que l'artiste a lui-même mise au point à partir des conseils prodigués par sa soeur, une ingénieur chimiste qui fabriquait dans les années 30 des produits de beauté à partir de cires spéciales pour la peau. Le secret de la technique, l'hermétisme de la représentation, l'absence de profondeur renforcent l'analogie qui peut être suggéré entre cette peinture et l'art d'un Patinir, d'un Grünewald ou d'un Altdorfer.
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Bibliographie
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Lemoine (Serge), musée des beaux-arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 2 : oeuvres réalisées après 1900, Ville de Dijon, 1976 (n°259, reprod.)
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