Historique
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En 1936, la société des artistes de Guyenne, alors présidée par le céramiste René Buthaud, rendait un hommage tardif au peintre Joseph Lailhaca, dans le cadre du salon de L'OEuvre. Quelque vingt-quatre peintures avaient été réunies avec le concours de ses proches et plus particulièrement celui de ses deux soeurs. La générosité de l'une d'elles permit encore au musée des beaux-arts de s'enrichir d'un Paysage bucolique. Ce tableau demeurait, avec un Paysage homérique acquis par le musée des années 1930, l'un des rares témoignages, conservés dans les collections publiques, de l'activité d'un artiste qui participa régulièrement aux expositions bordelaises de la Société des amis des arts, de 1905 à 1920, et figura plus modestement au salon des Artistes français entre 1907 et 1914. Ami de jeunesse de Charles Kunstler qui en louera la culture et la finesse d'esprit, Joseph Lailhaca a joué, à Bordeaux, un rôle manifeste dans l'essor du courant néoclassique, en exerçant aussi une influence déterminante sur la genèse de l'oeuvre de Jean Dupas. Robert Coustet ne s'y est pas trompé quand il fit l'acquisition de ce tableau délicat, objet d'une convoitise indispensable à la démonstration qu'il avait entreprise. Discrètement historié par la présence d'une femme drapée de rouge, ce lumineux paysage évoque la veine poétique des compositions de Jean-Baptiste Vettiner. Cet ancien condisciple de Lailhaca à l'école municipale de dessin, qui fut l'illustrateur occasionnel des Géorgiques chrétiennes (1919) de Francis Jammes, partageait son engouement pour les anciens poètes alexandrins. À la différence de Vettiner, Lailhaca ne s'attachait pas seulement à la vertu du dessin et à la concision du sujet, il prônait à la fois l'équilibre des formes et l'harmonie du coloris. Il savait accorder le relief adouci et l'azur généreux du Pays basque. Après les dunes du Bassin d'Arcachon, les bords de Garonne, la forêt des Landes, c'est la région qu'il chérira le plus. Il en a élargi la vision arcadienne à la lecture de Virgile et de Théocrite, dédaignant le folklore et le pittoresque qui séduiront davantage Ramiro Arrue, François-Maurice Roganeau, Camille de Buzon ou Albert Bégaud. OLB Traduction : In 1936, the Société des Artistes de Guyenne, formerly presided over by ceramicist René Buthaud, paid much belated tribute to painter Joseph Lailhaca in its Salon de L'OEuvre. With the aid of his friends and family, notably his two sisters, twenty-four works were gathered for the occasion. The generosity of one sister was such that the Musée des Beaux- Arts was able to acquire a work entitled Bucolic Landscape. This painting was, with Homeric Landscape, acquired by the museum in the 1930s, one of the only works by the artist to figure in a public collection, although he frequently exhibited works in the Bordeaux Salons of the Société des Amis des Arts from 1905 to 1920 and participated, although more modestly, in the Salon des Artistes Français from 1907 to 1914. A childhood friend of Charles Kunstler, who acclaimed his erudition and penetrating mind, Joseph Lailhaca played a key role in the resurgence of Neoclassicism in Bordeaux and greatly influenced the early development of the work of Jean Dupas. Robert Coustet made no mistake when he added this delicate painting to his collection, for it is a treasure of incommensurable importance in his elucidatory illustration of the arts in Bordeaux. With its discreetly narrative thread, suggested by the woman draped in red, this luminous landscape is reminiscent of the poetic feel of compositions by Jean-Baptiste Vettiner. He was a fellow student of Lailhaca at the Ecole Municipale de Dessin, working periodically on illustrations for Francis Jammes' Géorgiques Chrétiennes (1919) and together they shared a passion for the Alexandrian poets of Antiquity. Unlike Vettiner, Lailhaca not only attached great importance to the intrinsic worth of drawing and concision of subject matter, but also strived to achieve balance of form and harmony of colour, enabling him to knowingly blend the rolling hilltops and generous blue skies of the Basque country, the region he loved best after the sand dunes of the Arcachon basin, the banks of the Garonne and the pine forests of the Landes. Virgil and Theocritus nourished his Arcadian vision of this pleasant land, leaving its folklore and picturesque qualities aside for the likes of Ramiro Arrue, François-Maurice Roganeau, Camille de Buzon or Albert Bégaud.
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