Description
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Pectoral en forme de croissant. Deux têtes anthropomorphes à barbes sont sculptées symétriquement à chaque extrémité. La face arrière est creusée d'une rainure en forme de croissant également. Reimiro MHNT-ETH AC.1247 (dessin 4) Ce reimiro n'est pas celui qui figure sur le dessin de la cabine ; ce dernier, qui a appartenu au Dr Stephen Chauvet portait une étiquette de la main de Pierre Loti l'identifiant comme un boomerang de provenance indubitablement australienne. Alors que le reimiro Chauvet se termine par des queues de cétacé, les extrémités de celui-ci sont décorées de la classique tête en croissant d'un barbu à bonnet pointu. Le bois aux fibres très apparentes dans lequel l'objet est sculpté n'a pas pu être identifié ; il n'appartient pas à un arbre de la flore polynésienne. Ceci est étonnant car ce reimiro a été taillé dans un embranchement ou à la base du houppier, comme le sont en général les objets de ce type ; lorsque le diamètre du fût de l'arbre est petit, c'est le seul moyen de disposer de la plus grande hauteur possible de matière première. Poids 760 g. Longueur 576 mm, hauteur totale 365 mm, hauteur de la partie arquée 132 mm. L'épaisseur des têtes sommitales est maximale au niveau des sourcils : 28,9 mm et 26,3 mm. De facture très rustique, l'objet obéit toutefois à tous les canons des reimiro : sa face inférieure (celle qui s'appuie sur la poitrine) est convexe et sa face supérieure (celle exposée aux regards) formée de deux concavités interrompues par une longue lunule creuse. L'axe transversal et l'axe longitudinal sont courbes ; la flèche est de 22 mm. Le bord supérieur est bordé par un bourrelet creusé d'une rainure. Les traits et le modelé des visages sont schématiques ; la pilosité n'est pas indiquée sur les sourcils et le bouc. Les globes oculaires d'une des têtes sont creusés pour indiquer l'iris, mais seul celui de la face supérieure de l'autre tête a reçu un début de perforation. Les oreilles sont de simples parallélépipèdes allongés sans ornementation. La maladresse du sculpteur se manifeste dans le creusement de la lunule, dont les bords sont mousses (ils sont habituellement abrupts) et la délinéation irrégulière. Le mode de suspension, inhabituel pour un reimiro, consiste en deux mauvaises perforations cylindriques en V, à peine ouvertes, dont un des orifices s'ouvre au fond de la rainure creusée dans le bourrelet supérieur ; l'autre est percé sous ce bourrelet, sur la face inférieure. L'objet, vernis, ne porte aucune trace de colorant. La base de minuscules copeaux de façonnage se trouvent au-dessus des sourcils sur la face supérieure des têtes. Sur la face supérieure, le bord gauche porte deux incisions parallèles profondes, aux bords vifs, qui restent inexpliquées. Sous la lunule, s'ouvrent une vingtaine d'orifices de sortie de xylophages, d'un diamètre d'1 à 2 mm ; le bois, légèrement noirci, présente des fentes produites par une exposition à une vive chaleur. Les objets de ce type sont tous destinés à être suspendus au cou ; le lien passe toujours par deux bossettes traversées par deux perforations coniques en V aux bords usés si l'objet a servi. Ici, les bossettes sont absentes ; aussi les minuscules perforations s'ouvrent-elles au fond de la rainure du bourrelet supérieur : l'objet n'a pas été fait pour être porté. Les perforations apparaissent plutôt comme un oubli réparé à la hâte. Comme en atteste son style, ce reimiro, insigne de rang que par ailleurs plus personne n'arborait bien avant l'escale de la Flore, est un curio. Toutefois son créateur, même malhabile, a respecté les règles contraignantes de fabrication de ce type d'objets. Plus tard et maintenant encore, des reimiro tout plats seront sculptés dans une planche.
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Précision utilisation/destination
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Ce pectoral, insigne de la royauté pascuane, était porté lors des grandes cérémonies par le chef suprême - ariki mau - et par quelques personnages de haut rang. Occasionnellement, il pouvait être utilisé par des femmes durant les fêtes de la plantation des patates douces. La forme en croissant a été interprétée comme la représentation d'une des principales phases de la lune.
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Exposition
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Exposition organisée par la Fondation EDF à l'Espace Electra (6, rue Récamier 75006 Paris) du 18/11/2008 au 01/03/2009 sous le commissariat scientifique de Catherine et Michel Orliac. Exposition organisée par le Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal (350, place Royale, Montréal, Québec) du 7 juin au 14 novembre 2010.
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