|
Description
|
En haut, à gauche : portrait de Pythagore (?) sur un hermès (colonne). Dessous : Socrate méditant, la tête penchée et appuyée sur sa main gauche. Le fragment isolé pourrait correspondre à un autre philosophe ou savant. Pascal Capus, 2015.
Ce morceau d'un haut-relief pris dans un encadrement mouluré, constitué de deux fragments qui n'ont été collés ensemble qu'après la découverte du second (la partie basse de l'oeuvre) en 1890-1891, pose plus de questions qu'il n'est possible d'en résoudre. Après Alexandre du Mège (qui hésitait à vrai dire entre Jupiter et "Bacchus indien"), Antoine Hermary a récemment proposé de reconnaître Dionysos, peut-être figuré à la manière du philosophe Pythagore, dans l'hermès qui occupe l'angle supérieur gauche de ce tableau brisé. Sous ce dernier, un second personnage, en lequel on a le plus souvent vu Socrate mais sans en être absolument certain, semble méditer, la tête appuyée sur la main gauche. Antoine Hermary a aussi rapproché cette image fragmentaire d'un passage du Banquet de Platon : Alcibiade y compare Socrate "à ces Silènes qui sont assis dans les ateliers de sculpteurs d'hermès", Silènes qui sont détenteurs d'images divines ; mais, il pense aussi que le personnage de Socrate, avec son manteau ramené en partie sur la tête en signe de deuil, serait plongé dans une réflexion sur la mort. Si, pour des raisons d'ailleurs évoquées par cet auteur (dimensions de la plaque, de sa mouluration, proportions plus petites de la figure), nous ne suivons par A. Hermary lorsqu'il propose d'attribuer au même relief un fragment représentant une femme assise et voilée (Inv. 30355), nous lui associerons bien, en revanche, un autre fragment (Inv. 30152). Celui-ci n'a pas de contact possible avec le morceau figurant "Dionysos" et "Socrate" mais il en est bien proche par son format, sa moulure et ses caractéristiques sculpturales. Il serait un des éléments supérieurs du relief et la tête, malheureusement mutilée, qu'il conserve pourrait représenter un autre philosophe ou savant (d'une assemblée plus importante ?), à moins qu'elle ne soit, en raison d'un port assez énergique et de quelque détail capillaire, celle d'un généralissime ou d'un empereur. Dans ce dernier cas, le type humain barbu et la coiffure pourraient constituer les indices d'une datation : pas avant la seconde moitié du IIe siècle ou le IIIe siècle. La façon très remarquable de former les mèches et boucles de la chevelure et de la barbe de cet homme, mais aussi du personnage en hermès, permet d'attribuer l'oeuvre à l'atelier qui a réalisé, très probablement dans du marbre pyrénéen de Saint-Béat, les médaillons des dieux, les Travaux d'Hercule, le Jupiter-Sarapis et d'autres sculptures découvertes à Chiragan. Antoine Hermary a proposé de dater ce relief de la seconde moitié du IIe siècle, Marianne Bergmann des environs de 200 après J.-C. voire de la fin de l'Antiquité ; une date dans le IIIe siècle est envisageable. [Daniel Cazes]
|
|
Bibliographie
|
Registre d'inventaire, musée des Augustins, 1831-1916. (n° 671)
Du Mège (Alexandre), Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, imprimerie de Jean-Matthieu Douladoure, 1835 (une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris), (p. 95, n° 182 : morceau avec la tête de "Dionysos". Du Mège note une ressemblance de cette tête avec Jupiter mais suggère aussi celle d'un "Bacchus indien".)
Roschach (Ernest), Musée de Toulouse. Catalogue des antiquités et des objets d'art, Toulouse, imprimerie Viguier, 1865, (p. 24-25, n° 31 : morceau avec la tête de "Dionysos". Roschach reconnaît une "tête d'Ammon.../...figuré sous les traits de Jupiter".)
Lebègue (Albert), "Notice sur les fouilles de Martres", dans Bulletin du Comité des travaux historiques et archéologiques, 1891, (p. 416, pl. 27, 2 (partie inférieure avec "Socrate" découverte lors des fouilles Lebègue).)
Joulin (Léon), "Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane", extrait des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1ère série, tome XI, 1ère partie, Paris, 1901, (fig. 193 B et D. Joulin identifie "Socrate aux pieds d'un engainé, probablement Jupiter, tourné vers des personnages perdus".)
Espérandieu (Emile), Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908, (p. 59, n° 946.)
Lippold (Georg), Griechische Porträtstatuen, 1912, (p. 54.)
Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n° 116.)
Bulletin municipal de la Toulouse, Toulouse, 1936, (p. 831.)
Dontas (G.), Eikones Kathemenôn pneumaticôn anthrôpôn, 1960, (p. 22-24.)
Richter (Gisela M.A.), The Portraits of the Greeks, I, Londres, 1965, (p. 118.)
Scheibler (I.), Sokrates in der griechischen Bildkunst. Sonderausstellung der Glyptothek und des Museums für Abgüsse Klassischer Bildwerke, 1989, (p. 80, avec détail photographique.)
Hannestad (Niels), Tradition in Late Antique Sculpture. Conservation - Modernization - Production, Acta Jutlandica, LXIX.2 ; Humanities Series 69, Aarhus University Press, 1994, (p. 128.)
Bergmann (Marianne), "Un ensemble de sculptures de la villa romaine de Chiragan, oeuvre de sculpteurs d'Asie Mineure, en marbre de Saint-Béat ?", dans Entretiens d'archéologie et d'histoire. Saint-Bertrand-de-Comminges : Les marbres blancs des Pyrénées. Approches scientifiques et historiques, 1995, (p. 197-205 et part. p. 198.)
Hermary (Antoine), "Socrate à Toulouse", dans Revue Archéologique de Narbonnaise, 29, 1996, C.N.R.S. Editions, 1996, p. 21-30, (p. 26-30.)
Cazes (Daniel), Le Musée Saint-Raymond, Musée des Antiques de Toulouse, éd. Somogy/musée Saint-Raymond, Toulouse/Paris, 1999, (p. 117.)
Bergmann (Marianne), Chiragan, Aphrodisias, Konstantinopel. Zur mythologischen Skulptur der Spätantike, Wiesbaden, Reichert, 1999, (Palilia, vol. 7), (p. 33, planches 5, 3-4 et 10, 1 et p. 36, 69.)
Catalogue d'exposition Aurea Roma. Dalla Città pagana alla cità cristiana, Rome, L'Erma di Bretschneider, 2000, (p. 457-458, n° 53.)
Massendari (Julie), Carte Archéologique de la Gaule, pré-inventaire archéologique publié sous la responsabilité de Michel Provost, Professeur d'histoire à l'Université d'Avignon, La Haute-Garonne (hormis le Comminges et Toulouse), 31/1, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 2006, (p. 258, fig 146.)
|
catalogue - notice complète
