Historique
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Ce dessin fait partie d'un ensemble acquis par la Ville de Mâcon en 1951 sur proposition du conservateur du musée et directeur de l'école d'art de Mâcon M. Rogues, sans précision sur la provenance des oeuvres, comprenant des feuilles de Despiau, Forain, Maillol et Pissarro. Les plus beaux ont été montrés comme tels en 1966 à la chambre de commerce de Mâcon par son successeur, Emile Magnien, dans l'exposition De l'impressionnisme à nos jours organisée "clés en main" par la galerie Le Griffon (Lyon), propriétaire et prêteuse d'oeuvres de renom. Auguste Rodin, s'il est un des plus grands sculpteurs de la deuxième moitié du 19e siècle, est aussi un dessinateur émérite. "C'est bien simple, mes dessins sont la clef de mon oeuvre, ma sculpture n'est que du dessin sous toutes les dimensions", écrit-il dans ses carnets. Bon nombre de feuilles comparables à celle-ci, tant par la technique, graphite et aquarelle, que par l'iconographie, étude de nus féminins, datables de la fin des années 1880 jusqu'au début du 20e siècle, sont conservées et étudiées par le musée Rodin, notamment, récemment, dans le catalogue de l'exposition Rodin, 300 dessins 1890-1917. Pourtant, de sérieux doutes doivent être formulés quant à l'attribution de cette feuille qui présente un timbre de collectionneur, rouge, en bas à droite. Mesurant exactement 4 x 5 mm, il est difficile de distinguer les marques L.4685 et L.2007e, toutes deux apposées par Odilon Roche, artiste-peintre, antiquaire, collectionneur de dessins de Rodin. D'après Christina Buley-Uribe, spécialiste des dessins de Rodin (cf. "Du vrai et du faux. Les dessins de Rodin du fonds du musée d'Orsay", La Revue des musées de France, Revue du Louvre, 2014, 1, pp. 77-89), il pourrait s'agir de deux cachets authentiques de Roche, utilisés pendant au moins vingt-cinq ans. L. 4685 figure notamment sur de nombreuses fausses feuilles de Rodin, de la main même de Roche qui aurait fréquenté dans sa jeunesse l'école des Beaux-Arts de Paris, peut-être comme élève libre dans l'atelier de Laurens. Dans un courrier adressé à la Fondation Custodia le 30 juin 2003, Claudie Judrin, ancien conservateur du musée Rodin et rédacteur du catalogue des dessins conservés dans ce musée, assure que "la vente de 1933 [dispersion de la collection Roche après son décès] ne concernait que des faux" et qu'elle "ne connaît pas de bons dessins de Rodin avec le cachet d'Odilon Roche, contrairement à ce qui est consigné dans l'ouvrage de Lugt [celui de 1956]". CSM
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