Précision inscriptions
|
légende, en bas à droite : TRAPA GABET ; histoire, au dos : Il y a bientôt trois fois vingt ans, qu'il existait à Chambéry un apothicaire nommé Monsieur Gabet. Ce vénérable personnage / était d'une avarice sans exemple, en voice une preuve certaine. Il avait un pré à faire faucher à une petite distance du faux-bourg de / Montmeillan, mais comme il désirait que ce travail ne lui couta rien, il médita pendant la nuit comment il pourrait s'y prendre, et voici / ce que son avarice lui suggéra. Il se mit en devoir de chercher des ouvruers, en trouvat, auxquels il fit la proposition suivante. Mes amis, / leur dit-il, vous connaissez la grandeur de mon pré, eh bien, si vous le fauché dans un jour, au lieu de trente sols qu'on donne par jour, / je vous en donnerai soixante, vu que je crains la pluie, mais si au contraire l'ouvrage ne se fait pas dans la journée, vous ne recevrez / aucun salaire. C'étaient quatre grivois, hommes robustes, qui acceptèrent l'offre, bien persuadés de faire facilement le prix-fait. / L'Escalope leur dit encore, qu'il donnait à déjeuner à ses ouvriers, et qu'ils vinssent manger la soupe de grand matin. Comme monsieur / Gabet ne tenait pas de domestique par économie ou plutot lézinerie, il fut lui-même le cuisinier de la soupe ou lieu de mettre / du beurre il mit de l'huile de rissin, dans l'espoir que sa qualité purgative agirait à un tel point sur les ouvriers, qu'ils seraient / obligés de déboutonner souvent leurs culottes, qu'ils perdraient du tems à cette besogne, que l'puisement s'en suivrait, et enfin que / l'ouvrage se fesant lentement, ils ne pourraient pas achever le prix fait... Cet arrangement malicieux donnait au sieur Gabet un / air riant de satisfaction, qui s'augmenta à huit heures, lorsqu'il vit que la soupe commença à produire son effet ; mais sa joye fut / de courte durée parce que les faucheurs rusés, convaincus de ce qui donnait lieu à cette incommodité, tinrent conseil, et convinsent de / quitter leurs chausses et d'attacher leurs chemises sous les bras. Ce fut donc dans ce bizarre costume, qu'ils achevèrent de faucher / le pré et qu'à chaque déjection ils se tournaient du côté de l'apothicaire en lui disant et criant attrapa Gabet, attrapa Gabet. / Des bergers cachés dans des broussailles furent témoins de cette scène tragi-comique , et vinrent la publier à Chambéry, où / se forma une haie de citoyens, qui au passage de l'homme dupé criaient à gorge déployée attrapa Gabet, attrapa Gabet / Depuis cette aventure, il ne sortit de lontems de sa maison où maintes créatures féminines qui avaient besoin de son tub d'étain pour se maintenir le teint frais, se rendaient tous les matins pour jouir de sa benigne serigue. (Anecdote Savoisiène)
|