Historique
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La soprano Lucienne Bréval (1869-1935), de son vrai nom Bertha Shilling, débuta en 1892 à l'Opéra de Paris dans l'Africaine de Meyerbeer. Elle y tint les premiers rôles pendant plus de vingt ans, et se fit remarquer dans de nombreuses créations de Vincent d'Indy, Massenet et Fauré. Entre 1899 et 1902 elle chanta au Covent Garden à Londres puis au Metropolitan Opera de New York. Elle fut l'interprète des Proses Lyriques de Debussy. Maîtresse de Léon Daudet (1867-1942), fils d'Alphonse Daudet auquel Carrière était lié, elle fréquentait tout un cercle de musiciens, d'écrivains et de peintres. Elle inspira plusieurs artistes : Falguière, Bonnat, Lalique et Zuloaga. Carrière réalisa plusieurs portraits de Lucienne Bréval, semble-t-il à la demande de celle-ci. Elle lui avait en effet écrit : " Je suis si heureuse à la pensée que vous voulez bien consentir à faire mon portrait, ce qui était mon plus grand désir ", dans une lettre (Musée du Louvre, MS 425 (2) f.388) où elle invite le peintre à venir la voir à la première représentation du Fils de l'Etoile d'Erlanger. L'acceptation de la commande par Carrière remonterait donc à 1904. On connaît au moins quatre portraits de Lucienne Bréval par Carrière : en dehors du tableau de Saint-Cloud, il en existe un au Musée de l'Opéra, un autre est passé en vente chez Christie's en 1992, et enfin un quatrième portrait qui figura au Salon d'Automne de 1905 appartient au Musée d'Art et d'Histoire de Genève. Celui de Saint-Cloud fit partie de la vente de l'atelier Carrière en 1906. Dans celui-ci, Eugène Carrière traite le portrait en courbes de façon vaporeuse, ce qui crée une impression de douceur ; mais ce qui ressort, fait rare, c'est le sourire du modèle, qui, par les courbes et les saillies qu'il provoque, structure le visage entier, au point que les yeux semblent sourire également. " Ce sourire qu'Eugène Carrière aima et qu'il a fixé dans une peinture émouvante. Sourire tendrement ironique, tout embrumé de rêves, et qui touche à travers leur grisaille avec une douleur d'aveu ou de pardon, sourire qui sait et qui juge, mais ne désespère point. " (Georges Bioch, Album comique, dramatique et musical, n° 9 nov. 1908). Le portrait est cadré plus largement que d'habitude : le visage n'occupe en effet que la moitié supérieure de la toile, et les courbes au niveau des épaules évoquent le costume et plus largement sans doute, de façon symbolique, l'activité professionnelle du modèle. L'aspect vaporeux, l'alternance de longues touches claires et foncées, la liberté du geste, suggèrent en effet la sensualité, la légèreté, et pardelà, toutes les qualités de la voix humaine. Par opposition à d'autres portraits plus austères, celui-ci présente comme l'attribut du personnage. C'est cet ensemble de courbes, en écho à celles du visage, qui donne tout son charme à cette oeuvre.
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Précision sujet représenté
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Portrait de femme de face. Cantatrice célèbre, Lucienne Bréval, de son vrai nom Bertha Shiling (1869-1935), tint les premiers rôles à l'opéra de Paris pendant près de 20 ans. Elles se fit remarquer dans les créations des compositeurs français Vincent d'Indy (1851-1931), Jules Massenet (1845-1924). Eugène Carrière réalisa au moins quatre portraits de la musicienne. Celui-ci se distingue par l'expression souriante du visage. Le modèle est enveloppé dans une douce atmosphère vaporeuse
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