Historique
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L'intervention de François Morellet sur le bâtiment du musée Denys-Puech ne constitue pas une première. En effet, on connaît de l'artiste de nombreuses interventions éphémères (traçages, adhésifs, néons) ou définitives sur des institutions ou des édifices publics. A Rodez les matériaux employés sont la pierre calcaire, déjà présente sur le bâtiment et le bronze. Les emplacements retenus sont d'une part les deux murs pignons Nord/Est et Sud/Ouest et d'autre part, les murs des deux tours ajoutées lors de la rénovation. Ici la réalisation est constituée de deux formes géométriques, un carré et un cercle. Ces formes sont matérialisées par le placage d'un appareillage identique à celui du bâtiment construit en 1910. Ces deux formes peuvent rappeler celle du tondo et de la toile. La pose de deux segments en bronze, moulure de cadre, complète la référence à la peinture. L'édifice concerné n'a-t-il pas pour fonction de présenter la peinture ? La notion de sculpture n'est pourtant pas absente de cette réalisation. Bien que la troisième dimension se note sensiblement par l'épaisseur de l'appareillage, le fait de la position sur deux plans décalés apporte cette notion de volume et de mouvement. En effet le cercle et le carré sont réellement et complètement visibles à des angles de vue précis. Pour reprendre un terme cher à François Morellet, le cercle et le carré se désintègrent et se construisent avec le déplacement du passant. Ils s'intègrent et se lisent dans l'architecture à des emplacements uniques. Dans ces deux formes le mouvement est également présent pour le cercle par la mise en place concentrique de l'appareillage et par le mouvement de bascule du carré. Humour, discrétion, subtilité et modestie sont des aspects caractéristiques de cet artiste que l'on reconnaître ici. La forme circulaire est placée du côté du levant. Elle fait face à une grande maison du début du XIXe que les Ruthénois appellent la « maison carrée ». Sur l'autre côté, la silhouette de ce carré basculé ne manque pas de faire signal pour les piétons et les automobilistes puisqu'elle apporte une perturbation à l'architecture. En fait, sur le côté arrière du musée (Sud-Est) la forme intermédiaire entre le cercle et le carré existe par la présence d'une grande verrière qui donne sur l'escalier intérieur. Cette verrière est arrondie dans sa partie supérieure et angulaire dans sa partie inférieure. Non seulement l'oeuvre de François Morellet reste discrète, en parfaite osmose avec l'architecture et les matériaux mais elle joue également le rôle de trait d'union et crée une liaison entre l'existant et l'ajouté." Yves Denieau Conservateur du musée Denys-Puech
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