Précision sujet représenté
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Le tableau figure un épisode de la Passion du Christ. La scène se déroule sous un ciel crépusculaire, dans un paysage de montagnes tourmentées avec, dans la plaine, la ville de Jérusalem. Au centre, le Christ, déjà étendu sur la croix, est dépouillé de ses vêtements par un jeune soldat cuirassé et casqué qui tire les manches de sa tunique. Autour d'eux, plusieurs bourreaux préparent l'instrument du supplice en préparant les bras de la croix. Dans le fond, à gauche, un groupe de soldats entoure les deux larrons dénudés, tandis qu'à droite s'avance la foule des prêtres et des reîtres. Au premier plan, la Vierge, percée des sept poignards, s'écroule de douleur dans les bras de trois saintes femmes, derrière lesquelles se tient saint Jean. Ce curieux tableau offre une iconographie complexe associant un épisode rarement représenté dans la peinture en France (le Dépouillement) au thème de la Vierge des Sept Douleurs. Cette iconographie, originaire de Flandre et définitivement fixée au XVe siècle, évoque, à la suite du prophète Jérémie (IV, 10) et de l'évangéliste Luc (II, 35), les sept grandes douleurs de la mère du Christ (la circoncision, la fuite en Egypte, la perte de Jésus resté parmi les docteurs, le portement de croix, la crucifixion, la déposition et la mise au tombeau). De même la facture appuyée et détaillée de la peinture surprend. Il convient en premier lieu d'abandonner absolument l'étrange attribution à Claude Gellée (Chamagne, vers 1602 - Rome, 1682) donnée à l'oeuvre lors de son entrée au musée : celle-ci n'offre aucun rapport avec cet artiste. Par ailleurs, l'origine française du tableau - ou du prototype qui a pu présider à son élaboration - est loin d'être assurée, du fait de sa manière et d'une iconographie assez atypique dans le contexte national. Cependant la nature privée de cette petite peinture de dévotion a pu autoriser un traitement original, peu imaginable dans les travaux plus "officiels". Une origine étrangère, nordique ou plutôt méridionale (éventuellement espagnole) de ce cuivre, ou bien de son modèle, n'est donc pas à écarter. Enfin, il pourrait s'agir d'une copie ancienne exécutée d'après une gravure qui n'aurait pas été encore identifiée. La date retenue pour cet intéressant morceau contenant nombre de vestiges attardés du maniérisme, et qui a subi de malencontreux dommages depuis son entrée au musée, est le début du XVIIe siècle. Notice de Matthieu Pinette
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