Description
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Stèle incomplète, composée de deux panneaux rectangulaires superposés, encadrés d'une large bordure lisse. Le panneau supérieur correspond à un cartouche rectangulaire épigraphique, à cadre mouluré, et porte l'inscription incomplète. Le second panneau met en scène le défunt dans ses activités. Il s'agit d'un soldat, vêtu d'une tunique et portant au côté un glaive à grand pommeau rond largement disproportionné, mais dont le visage et les détails du vêtement n'ont pas été indiqués. Il est assis sur le devant du véhicule, un chariot à ridelles à quatre roues (dont deux seules sont représentées) chargé de ballots et attelé de deux mules en mouvement placées de front et se dirigeant vers la droite. Le conducteur tient un grand fouet de la main droite et les rênes de la main gauche. Un arbre schématique, placé en arrière-plan sans doute en bordure de la route, donne un effet de profondeur. La bordure inférieure du panneau est brisée sur les trois-quarts de la longueur. Jean-Jacques Hatt est à l'origine du nom donné à cette stèle, dite du « train des équipages » ; celui-çi apporte un soutien logistique indispensable à toute armée pour son ravitaillement ou pour ses déplacements lors des campagnes militaires. Il s'agit donc ici d'une véritable « scène de métier » où le légionnaire a été saisi dans une de ses activités quotidiennes, un type de représentation rare dans les collections strasbourgeoises. Deux parallèles peuvent être évoqués pour la proche Germanie : un fragment sculpté trouvé à Jünkerath, conservé au musée de Bonn (Espérandieu VII, 1918, 5266) s'en rapproche beaucoup, avec un chariot à quatre roues de même type et un conducteur placé dans une position similaire. La stèle funéraire en grès rose du légionnaire Lucius Aemilius Crescens, de la 14e Légion Martia Victrix, trouvée à Baden-Baden et datée tout comme celle de Strasbourg de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C., en constitue un second exemple appartenant aux collections du Badisches Landesmuseum de Karlsruhe (CIL XIII, 6304). Ce monument complet, associant comme à Strasbourg un champ figuré surmonté du panneau portant l'épitaphe, le tout couronné d'un fronton à trois métopes triangulaires à décor de feuilles d'acanthe, livre une bonne illustration de ce qu'aurait été celui de Strasbourg s'il nous était parvenu intact. Un fragment de monument funéraire conservé au musée archéologique de Dijon (Deyts 1976, n° 71, inv. 4020) présente un véhicule de transport de même type attelé de deux chevaux et dont la caisse est fermée par des ridelles en osier tressé.
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Bibliographie
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