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Réponse n° 6817
Domaine

estampe

Titre

Saint Jérôme dans sa cellule

Auteur/exécutant

DURER Albrecht (dessinateur, graveur)

Précision auteur/exécutant

DURER : Nuremberg, 1471 ; Nuremberg, 1528 ; nationalité : Allemande

Ecole

Allemagne

Période création/exécution

1er quart 16e siècle

Millésime création/exécution

1514

Historique

Dürer, dans son oeuvre gravé, aborde à sept fois reprises le thème de saint Jérôme, l'un des personnages sacrés les plus représentés dans l'art, au-delà ou en deçà des Alpes, et qui, au début du XVIe siècle, devient pour les humanistes le symbole exemplaire de l'érudit chrétien. En considérant la suite des trois Meisterstiche, ou pièces magistrales, de Dürer, soit Le Chevalier, la Mort et le Diable, Saint Jérôme dans sa cellule et La Mélancolie, le Saint Jérôme atteint un degré de perfection unique dans son oeuvre et dans l'art de la gravure. Jérôme, d'origine noble, est né vers 347 en Dalmatie et deviendra l'un des quatre Pères latins les plus importants de l'Eglise. Ses parents, des chrétiens, l'envoient se former à Rome, où, selon La Légende dorée, il s'intéresse plus à Cicéron et à Platon qu'aux écrits bibliques, jusqu'à ce qu'en rêve, à la suite d'une très forte fièvre, il soit conduit devant le tribunal céleste et condamné à être battu pour avoir menti en déclarant qu'il était chrétien. Invoquant la pitié du Seigneur au cours de la bastonnade, Jérôme promet de se dédier exclusivement aux livres sacrés. Après avoir poursuivi ses études, il se rend en Palestine, puis dans le désert de Chalcis, près d'Antioche, pour y vivre en ermite, avant d'être ordonné prêtre en 379. Rappelé à Rome par le pape Damase, Jérôme va rester dans cette ville de 382 à 385 environ. Ses connaissances en hébreu et en grec le prédestinent à la lourde responsabilité de revoir la conception, l'ordonnancement et la traduction du texte biblique en latin, dont l'ensemble sera désigné plus tard du terme de " vulgate ". Une fois le pape décédé en 384, il envisage de retourner en Palestine, notamment à Bethléem, où il va rester jusqu'à sa mort en 420. Jérôme a été un simple prêtre ; les nombreuses oeuvres où il est figuré en cardinal s'expliquent par ses fonctions de conseiller et de secrétaire particulier du pape et ; c'est ce rôle que vont interpréter les légendes du XVe siècle. Le lion en relation avec Jérôme n'apparaît qu'au XIIe siècle. L'origine du motif est très discutée. La Légende dorée relate que Jérôme avait retiré une épine plantée dans de la patte d'un lion, lequel était entré en boitant dans le monastère et, une fois guéri, par reconnaissance, habita parmi les frères en leur servant d'animal domestique. C'est ainsi que le lion adouci est devenu le plus important attribut du saint. Des trois types de représentation relatifs à saint Jérôme - portrait de l'auteur écrivain, le saint dans sa cellule, le saint pénitent -, celui qui nous intéresse s'est développé au XIVe siècle en Italie et montre le saint reclus dans un son cabinet d'étude, tel comme sur le tableau d'Antonello da Messina de Messine de 1456 (Londres, The National Gallery), l'exemplaire. De tous les exemplaires se trouvant le plus célèbre au nord des Alpes se trouvant être le, le plus célèbre est incontestablement notre burin de Dürer de 1514, présentement étudié. Saint Jérôme, dans une petite pièce réservée à l'étude, écrit en s'appuyant sur un pupitre posé devant lui sur la table. La concentration du saint érudit est si profonde qu'aucun élément, ni de l'intérieur de la chambre ni de l'extérieur, ne saurait le perturber. La cellule où il s'est retiré pour s'adonner aux écritures, est baignée d'une douce lumière de fin d'après-midi, idéale pour faire vibrer tous les éléments de la composition et empêcher cet espace bien ordonné de paraître rigide. Ainsi, les noeuds soigneusement différenciés dans le bois des planches du plafond, autant que les objets placés dans la pièce, participent de cette sérénité et de cette chaleur intime - en particulier les pantoufles, quittées à l'instant, ou les coussins en velours, qui semblent avoir gardé imprimé dans leur forme le dernier passage humain. La ligne d'horizon placée au niveau des yeux de saint Jérôme contribue aussi à magnifier renforce ce sentiment d'intimité. Aussi la présence de symboles évoquant le côté caractère éphémère de l 'existence - la tête de mort, le sablier placé à gauche du chapeau cardinalice - n'entrave-t-elle en rien l'impression de temps suspendu dans qui émane de ce lieu ressenti comme un havre de paix. Cette sensation de sécurité est d'ailleurs très subtilement produite par la maîtrise parfaite de la mise en perspective et, qui, grâce à un point de fuite excentré, crée une ouverture, un espace de respiration à droite, évitant ainsi à cette minuscule cellule de prendre l'aspect d'une boîte confinée. Penché avec humilité et simplicité sur son travail, saint Jérôme irradie une lumière surnaturelle, révélant le charisme exceptionnel d'un être en parfaite symbiose avec son moi profond. Plutôt qu'une auréole circulaire, Dürer a dessiné un nimbe irrégulier, suggérant davantage l'aura de saint Jérôme, ce qu'il traduit d'ailleurs en laissant le blanc très pur du papier en réserve. Le chien et le lion à ses couchés aux pieds du saint paraissent gagnés par la quiétude du lieu et dorment paisiblement ; seul le lion, investi de son rôle de protecteur et de gardien du sanctuaire, garde un oeil à demi ouvert. Le Saint Jérôme de Dürer est unanimement considéré comme le chef-d'oeuvre le plus accompli de l'art du burin. L'artiste, par un traitement exceptionnel des lignes de contour et des hachures adaptées à chaque modelé, rend compte simultanément de la forme graphique de l'objet et des effets picturaux de textures, ce que Panofsky exprime en disant de Dürer qu'il " parvient à un maximum d'effet avec un minimum d'effort et de complication ". Des trois gravures magistrales de Dürer, le Saint Jérôme est la seule à ne pas avoir suscité d'interprétations contradictoires. Fonctionnant En relation avec Le Chevalier, la Mort et le Diable, la gravure de Saint Jérôme évoque la vita contemplativa de l'érudit chrétien attaché à méditer sur le verbe de Dieu, en complémentarité avec la vita activa du chevalier désirant incarner le soldat de Dieu en parcourant le monde. La Mélancolie, en revanche, est antithétique du Saint Jérôme, puisque leur désir de quête, identique à la base l'origine, se révèle en complète opposition : la première compte sur ses seules facultés cérébrales pour assouvir son besoin de savoir et de comprendre le monde, tandis que le saint lettré se consacre corps et âme à la méditation et à la diffusion du verbe divin. La gravure du cabinet des Estampes et des Dessins de Strasbourg ne rend malheureusement pas compte de l'état originel de l'oeuvre. Le Kupferstichkabinett de la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe, en revanche, en conserve un exemplaire d'un meilleur état (inv. I 834). (Anny Claire Haus)

Matériaux/techniques

papier, burin

Dimensions

Hauteur de l'image en cm 24.4 cm ; Largeur de l'image en cm 18.6 cm ; Hauteur de la feuille en cm 24.5 ; Largeur de la feuille en cm 18.7

Inscriptions

monogramme, date

Précision inscriptions

monogramme, date, devant en bas à droite : 1514/AD

Sujet représenté

scène (saint Jérôme, écriture, homme, assis, lion, chien, crâne, intérieur : fenêtre, table, chaise, sablier)

Précision sujet représenté

saint Jérôme dans sa cellule

Lieu de conservation

Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

Statut juridique

propriété de la commune ; ancien fonds ; Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

Date acquisition

date d'acquisition inconnue

Numéro d'inventaire

77.005.0.1 ; 77.R.2009.0063 (N° récolement)

Exposition

STRASBOURG, Attraits subtils, 2007-2008 (Palais Rohan, galerie Heitz)

Bibliographie

cat. expo STRASBOURG, Attraits subtils, 2008 (p. 110-111)
Mélancolie, génie et folie en Occident, dir. Jean Clair, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 10 octobre 2005-16 janvier 2006, Berlin, Neue Nationalgalerie, 17 février-7 mai 2006, Paris, RMN/Gallimard, 2005 (Jean-Gérald Castex, p. 138-140, no 28, ill.)
SCHOCH, et al., Dürer Drückgraphische Werk, 2001 (t. I, p. 174-178, no 70, ill. ;)
VORAGINE J. de, La Légende dorée 2000 (t. II, p. 189-196)
catalogue établi par Sophie Renouard de Bussiere (p. 244-246, no 195, ill. ;)
cat. expo KARLSRUHE, A. Dürer .Druckgraphik, 1994 (p. 32-33, ill. ;)
PANOFSKY Erwin, Albrecht Dürer, 1987 (Panofsky 1987, p. 241-245)
Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (n°60)

Copyright notice

© Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins, © Service des musées de France, 2013

Crédits photographiques

© BERTOLA

 

Renseignements sur le musée

 

00130058473

Notices :  

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