Réponse n° 511
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Domaine
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ivoirerie ; médiéval
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Dénomination
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plaque ; reliure
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Titre
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Saint Luc
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Auteur/exécutant
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anonyme (auteur)
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Période création/exécution
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1ère moitié 9e siècle
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Millésime création/exécution
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820 entre ; 830 et
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Genèse
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oeuvre en rapport
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Historique
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Sur le livre, en latin : FU/IT / IN DIE/BUS (Luc 1, 8) : Il advint en ces jours-là (que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité). Ce passage du début de l'évangile selon saint Luc sert à identifier l'évangéliste. La plaque peut être rapprochée d'une autre représentant saint Jean, conservée à Montpellier. Les deux ivoires ont dû appartenir à un ensemble de quatre plaques représentant les évangélistes, destinées à décorer la reliure d'un manuscrit ; La puissante figure de saint Luc vêtu d'une tunique et d'un manteau, est assise sous un arc en plein cintre qui repose sur deux colonnes (celle de gauche est torse en sa partie médiane, sa base et son chapiteau sont gravés de simples traits horizontaux, celle de droite est lisse, mais son chapiteau présente un décor de palmettes et de perles). L'extrados comporte deux glyphes profonds et les écoinçons des motifs végétaux (feuilles d'acanthe ?). L'évangéliste regarde calmement le spectateur, sa main droite tenant le stylet, tandis que sa main gauche présente un livre ouvert sur lequel on peut lire (FU DIE) FUIT IN (IT) (IN BUS) (feuillet gauche) DIEBUS. Ces paroles gravées sont le début de son Evangile : "Fuit in diebus Herodis vacerdos nomine Zacharias". La banquette sur laquelle il est assis, offre un décor de trois bandes horizontales creusées de petites niches ; le coussin, des bandes parallèles de perles, et de cercles et rectangles alternés. Une draperie ferme le second plan au niveau des chapiteaux. Drapé comme une toge, le manteau s'enroule autour du corps, passe sur les épaules et retombe doucement sur le bras gauche. L'artiste, par un jeu de plis serrés a tenu compte de la position assise du personnage : des plis en diagonales et courbes indiquent le ventre, les genoux pliés sont mis en évidence par deux ovales en amande ; le drapé glisse en plis en V entre les jambes. Le visage, encadré de mèches ondulées et portant une barbe courte, est mis en valeur par une auréole très lisse. D. Gaborit-Chopin les met en relation avec les "Evangiles du Couronnement" qui ont marqué la production carolingienne. Ce type de portraits d'Evangélistes, très différents de ceux réalisés par l'Ecole de la cour palatine semble avoir retrouvé l'humanisme antique. Ils sont également d'une grande fermeté et d'un caractère monumental. Formés dans la tradition hellénistique de la fin de l'Antiquité, les deux artistes de ces Evangiles trahissent une influence byzantine, que nous retrouvons également dans notre plaquette : l'absence des symboles des Evangélistes, et les ordonnances d'architecture -comme ici- ouvrant un espace en forme de niche pour les accueillir sont très caractéristiques de l'art byzantin à ses débuts ; on les retrouve même jusqu'au Xe siècle (cf. "Evangéliaire de Constantinople", Mont Athos, Stauronitika, Cod. 43). Repris par les enlumineurs rémois (en particulier l'école d'Ebbon 790-810), "ce type de portraits fut répandu par leur canal dans les manuscrits de la seconde moitié du 9e siècle" (cf. D. Gaborit, p. 53) : les saint Luc et saint Marc des Evangiles de saint Rémi (The Pierpont Morgan Library, New York, M. 728) en sont un exemple. Le saint Jean de Montpellier et le saint Luc de Dijon paraissent la traduction, dans l'ivoire des saints Luc, Mathieu et Jean des Evangiles d'Aix la Chapelle. Cependant, D. Gaborit-Chopin suggère une date plus tardive si l'on tient compte de la manche dégagée, des "rides légères, des plis à la surface du manteau qui évoquent les reliefs d'orfèvrerie de l'autel d'or de saint Ambroise de Milan". Nous avons également noté les plis de la tunique qui épousent la forme des pieds, et qui semblent sur les côtés (surtout le côté droit) se recourber : cet "amas" de petits plis se transformera en un "éventail" dans la robe de la Vierge à l'Enfant des Evangiles de Noailles. (Bibliothèque Nationale, Paris, Cod lat 323), ivoire appartenant à la courte production sous Charles le Chauve (842 - 869). Mais l'école pala tine est encore sensible dans le visage du saint Luc de Dijon : "les joues pleines, la bouche un peu pincée et le profond sillon de la lèvre supérieure" (cf. D. Gaborit-Chopin), se retrouvent moins fortement marqués dans le saint Jean de Montpellier. Ces intéressants fragments de relief marquent donc un style de transition qui permet de les attribuer, selon D. Gaborit-Chopin, à un atelier contemporain du règne de Louis le Pieux (vers 820-830). (Notice de Brigitte Maurice extraite de "Quelques recherches sur les ivoires du musée des Beaux-Arts de Dijon", Mémoire de maîtrise de l'Université de Dijon, 1983) ; Oeuvre créée à la Cour de Louis le Pieux
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Matériaux/techniques
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ivoire
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Dimensions
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Dimensions Hauteur : 12.4 cm ; Largeur : 6.8 cm ; Epaisseur : 1.2 cm
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Inscriptions
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inscription (latin)
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Précision inscriptions
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inscription, sur le livre : FV / DIE IT / BVS IN : Fuit in diebus, traduction : Début de l'Evangile selon saint Luc : En ces jours-là parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité.
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Sujet représenté
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figure biblique (saint Luc, homme, assis, colonne)
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Etat de conservation
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Bon état
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Lieu de conservation
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Dijon ; musée des beaux-arts
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Musée de France au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002
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Statut juridique
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propriété de la commune ; legs ; Dijon ; musée des beaux-arts
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Date acquisition
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1878
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Anciennes appartenances
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Collection privée, Trimolet Anthelme et Edma
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Numéro d'inventaire
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CA T 327 ; 2 (Cat. ivoires 1983) ; 327 (Cat. Trimolet)
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Exposition
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Charlemagne ou l'éveil de l'Europe, d'Augustodunum à Ingelheim, Autun, Musée Rolin, 13 février - 19 avril 1999 (n° 45 (atelier de la cour de Louis le Pieux, vers 820-830))
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Bibliographie
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Gleize (Emile), Catalogue descriptif des objets d'art formant le musée Anthelme et Edma Trimolet, Dijon, 1883 (n° 327 (XIIe siècle)) Goldschmidt (A.), Die Elfenbeinskulpturen aus der Zeit der karolingischen und sächsischen Kaiser, Berlin, 1914-1926, 4 vol. (I, n° 149, III, n° 305 (rapprochement avec le saint Jean de Montpellier ; style proche de l'Evangile du Couronnement ; atelier contemporain du règne de Louis le Pieux)) Tardy, Les Ivoires, Paris, 1966 (p. 22) Gaborit-Chopin (Danielle), Ivoires du Moyen Age, Fribourg, 1978 (p. 53 (cité à propos du Saint Jean de Montpellier ; faisait partie d'une série de quatre reliefs décorant une reliure d'évangéliaire ; cour de Louis le Pieux vers 820-830)) Maurice (Brigitte), Quelques recherches sur les ivoires du musée des Beaux-Arts de Dijon, Mémoire de maîtrise de l'Université de Dijon, 1983 (n° 2 (reprend Goldschmidt 1914-1926 et Gaborit-Chopin 1978))
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Rédacteur
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Jugie Sophie ; Férot Elise ; Bardin Dominique
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Copyright notice
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© Dijon, musée des beaux-arts, © Service des musées de France, 2017
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Crédits photographiques
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© Bourquin - musée des beaux-arts de Dijon
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Renseignements sur le musée
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01370007150
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