Historique
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Eugène Carrière avait eu un premier fils, Léon, né en 1881, disparu en 1885. Ensuite, trois filles naquirent successivement avant Jean-René, né en 1888. Celui-ci resta le seul garçon au milieu de cinq soeurs. À ce titre, il eut sans doute une relation privilégiée avec son père. Très tôt, semble-t-il, Jean-René s'orienta vers une carrière artistique, tout comme sa soeur aînée Lisbeth. En juin 1901, de Bagnoles-de-l'Orne, Eugène Carrière écrit à son fils qui n'a alors que treize ans : " Tu sais déjà travailler et tu seras un ouvrier artiste " (Ecrits et lettres choisies, p.194). Il devint sculpteur, et on le voit s'exercer dans l'atelier paternel sur une photo de Dornac. Plusieurs lettres de Carrière l'évoquent travaillant à Magny-les-Hameaux chez Raymond Bonheur. Il fut l'assistant de Rodin, et exposa à la Société Nationale des beaux-arts à partir de 1904, ainsi qu'au Salon d'Automne. Il exécuta un monument à la mémoire de son père. Eugène Carrière l'a maintes fois représenté dessinant, sculptant ou endormi. Sur cette étude en grisaille, inachevée comme en atteste l'importance des zones de la toile non couvertes, Jean-René est défini par son activité, le dessin. Les traits du visage ne sont pas individualisés. La lumière est portée essentiellement sur le visage et les mains, et sur le support du dessin. Cette ébauche est intéressante par les larges courbes tracées sans doute à la brosse, qui inscrivent le personnage dans un univers dynamique. L'enfant, indifférent au spectateur, isolé dans son monde, concentré, paraît être en action.
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