Historique
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Après un parcours voué à la peinture, et après avoir expérimenté la performance, Karl Lakolak (Vouvant, 1956 - vit et travaille à Paris et à Bordeaux) produit une oeuvre photographique dans laquelle il verse sa palette vive, mais aussi ses mots. Réfutant le qualificatif de poète, il dit de lui qu'il est un " artiste scripteur " et, en effet, il inscrit sa prose en coulées picturales sur le corps de ses modèles. C'est le modèle qui est le déclencheur : Yuri, Enzo, Thomas, Filo, Jeremy, Ben, Samy. évoquent des portraits poétiques à Lakolak qui laisse d'abord surgir les mots. Puis vient le temps de la pose. Dans le sous-sol de sa " crypte " parisienne ou derrière les rideaux de son atelier bordelais, dans la lumière artificielle des projecteurs bleus, jaunes, rouges, autour des corps nus des Adonis, le ballet commence. Tel Pollock en mouvement autour de sa toile, il écrit, recouvre, inscrit et caresse à la fois ces peaux offertes telles des pages vierges. Puis, il se recule, modifie le mouvement d'un bras ou d'une main et appuie sur le déclencheur. Sur la scène du " petit théâtre " de Lakolak les modèles se livrent, garçons des banlieues ou étudiants, athlètes et/ou aspirants-mannequins. Tous adoptent des poses qui font ressurgir les références picturales et les thèmes classiques : Narcisse contemplant son reflet, saints au regards extatiques, gisants sublimes, amours faussement angéliques. L'esthétique Lakolak combine singulièrement lumière caravagesque et reflets kitsch qui ne sont pas sans évoquer " Pink Narcissus ", chef d'oeuvre du cinéma underground des années 60 réalisé en décor et lumières artificiels dont l'auteur, James Bidgood, décorateur d'Hollywood, est longtemps resté dans l'ombre. Ces beautés androgynes s'abandonnent dans des poses alanguies, têtes renversées, gestes suspendus. L'artiste saisit la grâce de ses jeunes modèles dans des chorégraphies étudiées. Ses " photographies peintures " évoquent moins les performances des actionnistes viennois que la peinture-maquillage couvrant le corps de Luciano Castelli. Parfois, les photographies se passent de peinture et le travail de la lumière se fait moins baroque, les corps se sculptent, enveloppés de drapés plastiques. MY
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Exposition
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2005, Bordeaux, Galerie des beaux-arts, Pierre Molinier : Jeux de miroirs, (reproduit en coul. p. 137) 2007, Bordeaux, musée des beaux-arts, salles Domergue, Nouvelle collection, cinq années d'enrichissement, 2002/2007, (repr. p. 31.)
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