Les grands phares du littoral de France

Objets et matériels techniques et scientifiques : les têtes de bouées et les fanaux

 

Les bouées et les tourelles signalent l'emplacement d'écueils, de dangers et les chemins à suivre jusqu'au port. Les têtes de bouées et les fanaux constituent leur élément lumineux. Les bouées sont flottantes et les fanaux sont fixes.

Les premières bouées immergées en mer ne possédaient pas de signaux lumineux mais de simples indications visualisables de jour.

A partir de 1880, avec l'utilisation du gaz d'huile qui permettait une autonomie de fonctionnement de plusieurs semaines, les bouées et les tourelles furent munies de lanternes à becs avec des flammes nues. De gros réservoirs assuraient le stockage du gaz. La Société Internationale d'Eclairage par le Gaz d'Huile installa un premier appareil dans la rade du Havre, en 1881. Les essais furent prolongés en Gironde, au banc de la Mauvaise, à partir de 1887. Ces recherches permettaient de vérifier la stabilité des bouées dans un milieu fortement agité par la houle océanique. Le gaz d'huile fut adopté en France et à l'étranger. A partir de 1890, les bouées fonctionnèrent à l'incandescence par le gaz d'huile (avec des manchons) suivant en cela l'évolution des systèmes d'éclairage utilisés dans les phares. Les bouées lumineuses furent employées pour la signalisation des dangers et en remplacement des bateaux-feux, comme au banc de Kerkennah, en Tunisie, ou plus près de nous, sur le plateau de Rochebonne, en face de La Rochelle. De nombreuses tourelles furent aussi équipées comme le Lavardin.

L'évolution des combustibles (passage à l'acétylène, au butane, au propane puis l'électrification par panneaux solaires) ne transformera ni l'usage, ni la forme de ces appareils. Ils n'y perdirent que leurs gros réservoirs. L'intérieur des lanternes fut aménagé pour recevoir les nouveaux procédés. Des éoliennes et des panneaux solaires furent installés. Les têtes de bouées étaient construites en cuivre-fonte-laiton pour supporter les conditions difficiles d'une installation en mer. Les optiques étaient des lentilles en verre taillé d'horizon de 0,20m à 0,50m maximum de diamètre. Les bouées de 5m3 de volume permettaient leur placement à 3 mètres au dessus des flots. Une énorme bouée de 45 m3 fut fabriquée avec une optique de 0,50m de focale montée à 10 mètres au dessus de la mer mais elle restera une exception.

Les bouées et les tourelles demandaient des entretiens constants. Leur ravitaillement était réalisé par des bateau-baliseurs munis de grandes citernes à pompes.

Différents navires furent construits : l'Eclaireur de la Gironde en 1895 pour Royan, le Léonce Reynaud en 1902 stationné à La Rochelle, le Léon Bourdelles en 1903 basé à Brest, le Augustin Fresnel en 1905 installé à Granville , le Léonor Fresnel basé à Lézardrieux en 1905 et le Paul Leferme en 1909 de Saint-Nazaire.
Le transvasement restait assez délicat. Il fut grandement facilité par la venue des bouteilles standardisées d'acétylène puis de butane-propane que l'on glissait simplement dans un habitacle.