Les grands phares du littoral de France

Objets et matériels techniques et scientifiques : les signaux sonore : cloches et sirènes

 

LES CLOCHES

Les signaux sonores ne furent utilisés par le service des phares qu'avec une extrême parcimonie et uniquement comme solution ultime. De nombreuses expériences menées en 1854 et 1861 avaient démontré leur relative efficacité par temps de brume. Des sonneries mécaniques à horlogerie à poids furent installées sur les fanaux de Saint-Vaast ou de Portrieux. Des mécanismes plus élaborés, à marteaux actionnés par la houle, équipèrent certaines tourelles comme le Grand-Léjon dans les Côtes-d'Armor (1888) ou la balise de Richelieu à La Rochelle. En fait, les cloches furent surtout employées comme complément sonore sur les bouées. Elles étaient actionnées par le simple balancement de la vague.

Les diamètres classiques étaient : 0,56 / 076 / 0,96 / 1,10 / 1,20 / 1,38 / 1,50 mètres. Chaque diamètre donne un son différent.

Trois types de cloches existaient :
- cloches gravées à 2 marteaux extérieurs tombant alternativement, pour tourelles
- cloches gravées à battant intérieur, pour bouées
- cloches simples non gravées à battant intérieur, pour bouées de 40 kilos environ
Certaines cloches sous-marines furent utilisées.

LES SIFFLETS

Ils furent utilisés essentiellement suivant le principe des bouées sonores Courtenay. Un sifflet à soupape, relié à un tube souffleur, est actionné par le mouvement de la houle. Vers 1880.

LES SIRENES, TROMPETTES ET SIFFLETS A VAPEUR

Les trompettes et sirènes avaient l'avantage de produire des sons beaucoup plus importants que les cloches, mais l'inconvénient de demander des machines à l'entretien compliqué (machine à vapeur, compresseur) et qui restaient immobilisées une grande partie du temps. Une trompette Holmes est installée à Ouessant après avoir figuré à l'Exposition Universelle de 1867. Elle était composée d'une machine à vapeur et d'un grand pavillon de 2 mètres de hauteur. Des sirènes à vapeur sont installées à Ar-Men et Gris-Nez. L'utilisation de la vapeur est abandonnée totalement dans les années 1910.

LES SIRENES A AIR COMPRIME

Une sirène produit un son au travers d'un gaz (l'air) sous pression qui passe dans différents orifices devant lesquels tourne à grande vitesse un disque muni d'orifices égaux. La dépression génère le son qui est dirigé par le cornet. Le nombre de cornets et leur forme influe sur l'intensité du son (voir sirène de Brest et de Saint-Nazaire). Les réservoirs d'air étaient remplis au préalable et utilisés uniquement lors du déclenchemebnt du signal sonore.

Il y avait deux sortes de signaux à air comprimé :
- les trompettes à anches métalliques qui sont installées sur les musoirs (essentiellement Calais, Boulogne, Le Havre et au phare de la Banche). Elles avaient plus deux mètres de longueur et fonctionnaient à la manière des tuyaux d'orgue.
- les sirènes, qui étaient le plus souvent à simple note (mi) avec simple pavillon vertical ou à 2 tons. Elles sont installées à Gris-Nez, Barfleur, Belle-Ile, Ile-d'Yeu, la Coubre, par exemple. Des machines d'horlogerie à poids actionnaient l'émission du son.

Dans les années 1900-1920, la société BBT propose des améliorations par des hurleurs à disques (phare de la Jument, par exemple).

LES SIRENES ELECTRIQUES

La grande avancée sera réalisée lors de l'électrification des appareils (Eckmühl, l'Ailly, par exemple). Les compresseurs pouvaient être alimentés par les machines à vapeur, puis plus tard par des groupes électrogènes.

Les sirènes électro-magnétiques (hurleurs-vibrateurs) remplaceront dans les années 1920 l'ensemble des appareils. En 1924, BBT fabrique un phare sonore directionnel qui produisait du son uniquement dans un pinceau de 30 °. A partir de 1940, l'usage des sirènes utilisant des membranes vibrantes (vibrateur) sera généralisé.