Les grands phares du littoral de France

Objets et matériels techniques et scientifiques : l'électricité

 

L'électricité sera étudiée dès 1850 par le Service Central des Phares qui y verra là, comme tous ses contemporains, une solution miracle au problème de l'éclairage.

La première application sera réalisée au phare de la Hève en 1863. Toutefois, les difficultés de maintenance et d'entretien des installations ne permettront pas sa diffusion rapide. Il fallait encore utiliser d'importants groupes magnéto-électriques actionnés par des machines à vapeur. Ces appareils restaient de grands consommateurs d'eau et de personnel.

En 1885, seule une petite dizaine de phares fonctionnent avec une lampe à arc : La Hève 1863 et 1865, Gris-Nez 1869, la Canche, les Baleines 1882, la Palmyre 1881, le Planier 1881, Calais-1883 et Dunkerque 1885. A cette époque, un grand projet d'une ceinture lumineuse composée de 42 grands phares électriques est encore enterré. Une commission d'enquête limitera les investissements aux phares du Créac'h 1888, Belle-Ile Goulphar 1890, Barfleur 1893, Ile d'Yeu et la Coubre 1895, Eckmühl en 1897. L'ensemble de ces phares fonctionne grâce à des lampes à arc munis de régulateurs. Les optiques sont toutes changées pour la mise en place de petites focales de 0,30m ou 0,50m . D'importantes salles de machines sont construites pour les machines à vapeur et les dynamos.

Il faudra attendre les années 1920, pour assister réellement à l'électrification des appareils. La toute première lampe électrique de grande puissance fut utilisée en 1922 au phare de South Foreland en Angleterre. Les ampoules devaient être mises au foyer par un système de support à vis micrométriques et leurs filaments seront fabriqués sur mesure pour éviter les divergences trop fortes des optiques.

Ces transformations restent pourtant assez lentes ou ponctuelles car elles découlent directement de l'implantation du réseau électrique français. En premier lieu, les phares et les feux situés en ville ou proches des agglomérations seront changés. Plus tard, les grands phares situés dans des lieux inaccessibles seront équipés de batteries et de moteurs diesel pour leur chargement. Les lampes à arc seront remplacées par des lampes à incandescence de 3000w ou de 6000w (système Nernst ou Philips) plus fiables et moins onéreuses. Toutefois, en 1937, le nouveau phare de Créac'h sera encore équipé de deux lampes à arc.

Enfin, l'électricité permettra la programmation des feux au moyen d'un tableau de contrôle établi pour chaque phare. Les feux à occultation tournants seront remplacés par des interrupteurs à séquences.