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d'ethnologie française La SEF |
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Colloques et journées d'étude
Le métier de femme. Le point de croix, de l'éducation des filles aux loisirs créatifs..
Journée d'étude S.E.F
MNATP
30 mai 2002
responsabilité scientifique : Anne Tricaud (MNATP-CEF)
Suivre le fil du point de croix peut être l'une des approches qui permet de s'interroger sur la condition des femmes hier et aujourd'hui.
Le point de croix consiste à croiser deux fils obliques en leur milieu. En France, quelle jeune femme aujourd'hui n'associe à ses souvenirs d'enfance ses premiers essais maladroits sur un porte serviette ou un napperon qu'elle décorait au point de croix ou au point de chaînette ? Ce point, point basique, est dans les pays occidentaux le point de marque du linge et des trousseaux. Il s'étale en innombrables motifs géométriques sur des costumes, des nappes... C'est cependant un point modeste ; il est souvent employé avec d'autres et ce dès les broderies "échantillons", "samplers", des siècles passés. C'est un point domestique : ce n'est pas celui dont se prévalent les grands brodeurs ou les professionnels. C'est le plus souvent un point de femme que l'on le rencontre dans la vie quotidienne.
Françoise Cousin remarque que "les travaux d'aiguille, activité plutôt féminine lorsqu'elle est pratiquée dans le cadre familial, ont été trop longtemps considérés comme des occupations mineures, sans que soit prise en compte l'importance qu'avaient, qu'ont encore parfois, la confection, la décoration et l'entretien du linge domestique du point de vue social tout autant qu'économique. Au moyen de ces productions se manifestaient les savoir-faire nécessaires à toute jeune fille en âge de se marier..."
Marie-France Noël rappelle la nécessité, maintes fois énoncée, d'initier l'apprentissage de la broderie dès le plus jeune âge. Idée que l'on trouve par exemple dans le Cours de Travail manuel que publie Mme Llomme à la librairie Hatier en 1913 : "Chez les jeunes filles cet enseignement est le complément indispensable de leurs études. Il leur donne une connaissance pratique des nécessités de la vie et leur apporte les notions d'ordre et d'économie qui sont la source du bien-être dans la famille... Elles trouveront dans l'étude des Travaux d'art et de l'histoire du Costume l'émulation nécessaire pour éveiller en elles le goût de l'ornement discret et développer les qualités de grâce et ce sens de la Beauté qui sont le précieux apanage de la femme... La grande variété des modèles ainsi que leurs applications étendues, laisseront aux jeunes filles une certaine indépendance d'exécution qui doit, pour rappeler les termes du programme des Ecoles primaires, développer chez les élèves le goût et l'esprit d'invention, qualités qui leur demeureront acquises et dont elles pourront trouver, un jour, si les circonstances les y obligent, un emploi rémunérateur."
A l'occasion de l'exposition "Point de croix, au bonheur
des filles" présentée au Musée national
des Arts et Traditions Populaires nous proposons une réflexion
sur l'évolution de pratiques qui, de travaux domestiques
ou exercices scolaires visant l'apprentissage de la condition
de femme mariée, s'établissent aujourd'hui dans
la sphère de ce qu'il est convenu de nommer les loisirs
créatifs.
De nos jours les travaux d'aiguille ne sont plus enseignés
à l'école et paradoxalement on peut remarquer un
engouement certain pour la broderie dans de nombreux pays: en
France, aux U.S.A., en Angleterre... Quel sens donner à
ces cadeaux de naissance, ces commémorations de noces
d'or illustrées, ces gages d'amitié ou tout simplement
ces abécédaires brodés accrochés
en décoration. Le point de croix est à la mode.
On peut parler d'une sociabilité de l'échange,
échange de cadeaux, marques de délicatesse. La
nappe brodée des jours de fête honore le visiteur.
Si le tissu n'est plus l'ancienne toile du tisserand où
l'on découpait les draps comme les chemises, l'attention
à la décoration, la crainte de la faute de goût,
témoignent s'une socialisation sexuée fortement
contrainte. Il s'agit bien d'un code textile de la communication.
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