Le salon Jérôme

Le Grand salon

Le bureau du ministre

  HISTORIQUE DU PALAIS-ROYAL

- Désireux d’habiter non loin du Palais du Louvre où résidait le roi, le cardinal de Richelieu acquit de 1624 à 1632 plusieurs hôtels particuliers et terrains situés autour du Louvre, dont l’hôtel de Rambouillet, rue Saint-Honoré. La possibilité d’agrandir au nord le jardin de l’hôtel, sur les restes du rempart de Charles V, a été également à l’origine de ce choix.

- De 1634 à 1642, le cardinal de Richelieu confie à l’architecte Jacques Lemercier le soin d’agrandir et de transformer l’hôtel en palais. De ce premier bâtiment, seuls subsistent la galerie des Proues (A), ancien mur est de la cour d’Honneur avec les rostres de navire et les ancres de marine, symboles de la charge de Grand Maître de la Navigation, ainsi que le n° 6 de la rue de Valois (B) dont le grand balcon soutenu par des consoles à têtes de lion donnait jusqu’en 1784 directement sur le jardin.

- En 1642, à la mort du cardinal de Richelieu, le palais, presque terminé, est légué au roi Louis XIII. Un an plus tard, à la mort du roi, la régente Anne d’Autriche et le jeune roi Louis XIV abandonnent le Louvre jugé incommode et s’installent dans l’aile est du palais devenu Palais-Royal. En 1651, fuyant la Fronde, Anne d’Autriche quitte la capitale pour y revenir une année plus tard et s’installer au Louvre, considéré comme plus sûr. De 1652 à 1661, le Palais-Royal est habité par la reine d’Angleterre en exil, Henriette de France et sa fille, future duchesse d’Orléans. Les lettres patentes royales donneront le domaine en apanage aux Orléans en 1662 à l’occasion du mariage du duc de Chartres, fils du duc d’Orléans avec mademoiselle de Blois, fille du roi et de madame de Montespan. Le palais reste la propriété des Orléans jusqu’à la Révolution de 1848.

- De 1750 à 1754, Louis-Philippe d’Orléans fait élever par l’architecte Cartaud le bâtiment des officiers sur la cour des Fontaines, actuelle place de Valois et fait reconstruire les façades de la cour de l’Horloge, rue Saint-Honoré et de la cour d’Honneur par l’architecte Moreau-Desproux. Contant d’Ivry refait à neuf les appartements de la duchesse d’Orléans dans l’aile Valois ; de ces travaux, subsiste un témoin, la salle à manger, où se réunit aujourd’hui le Tribunal de Conflits et qui forme une légère avancée sur la rue de Valois.

- En 1763, après l’incendie de l’opéra que Richelieu avait fait édifier à l’angle des rues Saint-Honoré et de Valois, le duc d’Orléans choisit l’architecte Contant d’Ivry pour reprendre la façade du palais sur le jardin. Il construit entre les deux cours le grand escalier décoré par Caffiéri et les appartements du prince, situés au premier étage. De son côté, Moreau-Desproux répare aux frais de la ville de Paris, dont il est l’architecte, la façade de la rue Saint-Honoré.

- En 1781, le nouveau duc d’Orléans (futur Philippe-Égalité) entreprend un vaste programme immobilier à vocation commerciale sur une large bande de terrain prise sur le pourtour du jardin qui lui permet de créer trois nouvelles voies de dessertes auxquelles il donne le nom de ses fils : Montpensier, Beaujolais et Valois. L’architecte Victor Louis est chargé de l’opération et adopte une architecture rythmée par de grands pilastres corinthiens avec des galeries au rez-de-chaussée.

- Dès le moi de mai 1782, les premiers baux de location des boutiques sont signés. Celles-ci sont dévolues au commerce de luxe, les métiers bruyants et salissants étant exclus. Le nouveau théâtre bâti à l’est du domaine est livré au public en 1790, il est baptisé théâtre du Palais-Royal.

- En 1793, Philippe-Égalité, couvert de dettes, meurt décapité. Le Palais-Royal est saisi comme Bien National. Sous le Consulat, est édifiée l’éphémère salle du Tribunat dans le corps de bâtiment principal. Sous le Premier Empire de nombreux projets d’utilisation (Bourse, Tribunal de Commerce, Palais des Beaux-Arts…) sont envisagés, sans aboutir.

- En 1814, avec le retour de la monarchie, le duc d’Orléans (futur Louis-Philippe) reprend possession de la plus grande partie de son domaine et confie à l’architecte Fontaine le soin d’achever et de réaménager les bâtiments entre la rue Saint-Honoré et le jardin. Ce grand projet est mené à bien entre 1817 et 1835. La cour d’Honneur prend alors son aspect définitif. La façade nord est achevée, la galerie d’Orléans (démolie en 1933, elle ne conserve que ses deux péristyles) remplace après 1828 les galeries de bois établies provisoirement depuis 1784. En 1848, les appartements royaux sont saccagés.

- Sous le Second Empire, le palais sert de résidence au prince Jérôme, frère de Napoléon 1er. Le Pavillon et l’aile Montpensier sont complètement redécorés pour son fils, le prince Napoléon. Les travaux sont conduits par l’architecte Prosper Chabrol. Le 24 mai 1871, l’incendie par la Commune détruit le pavillon de Valois et une partie de la façade sur la cour de l’Horloge.

- En 1875, le Conseil d’État s’installe dans la partie centrale, les grands salons sont remplacés par les salles de séances. La Direction Générale des Beaux-Arts, aujourd’hui Ministère de la culture et de la communication, se voit attribuer la majeure partie de l’aile Valois. L’aile Montpensier et son pavillon abritent d’abord la Cour des Comptes jusqu’en 1910 et depuis la Ve République, le Conseil Constitutionnel. Les premiers travaux de restauration et d’embellissement des extérieurs commencent en 1933.

-À cet édifice réalisé aux cours des siècles par l’ajout des générations successives, notre époque a voulu laisser sa marque. Un programme de sculptures par des artistes contemporains a été entrepris : galerie d’Orléans : fontaine de Pol Bury en 1984 ; cour d’Honneur « les deux plateaux » de Daniel Buren en 1986 ; enfin, passage des Fontaines « Hommage à Malraux » de Jean-Michel Alberola (1987-92).

 

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