Loriginalité et lefficacité des actions de
protection dont lobservatoire Camille Flammarion de Juvisy fait lobjet
tiennent à lenchaînement rapide des différents métiers de la culture
sollicités : conservateurs du patrimoine (spécialités archives et musée),
architectes des bâtiments de France, documentalistes du Ministère de la Culture,
chargés de mission du Département de lEssonne, photographe des Archives
départementales, qui ont contribué depuis deux ans à ce que les bâtiments et les
collections de lobservatoire soient reconnus et protégés dans le cadre de la
législation sur les monuments historiques. Le site, classé depuis 1980, abrite un
bâtiment inscrit à linventaire supplémentaire des monuments historiques depuis
1996. Les objets scientifiques ont été classés monuments historiques par la Commission
supérieure dans sa séance du 19 juin 1997. La bibliothèque ancienne sera proposée au
mois de juin 1998.
Du travail dinventaire et de protection appliqué en 1996 et 1997au cas de lobservatoire, lon peut tirer aujourdhui deux leçons . . La première est lévolution de la doctrine en matière de protection du patrimoine que nous connaissons depuis quelques années. A des critères traditionnels dappréciation de la qualité des objets proposés au classement par la Commission supérieure des monuments historiques (esthétisme, unicité de lobjet, prestige de " lobjet dart ") sajoutent désormais, en particulier pour le patrimoine scientifique et technique, leur intérêt historique et la possibilité intellectuelle de concevoir des objets différents comme une véritable collection à protéger. La représentativité des objets dans lhistoire dune discipline à un moment donné de son évolution, leur lien avec dautres supports ou témoins de cette mémoire scientifique et technique (archives, photographies), la connaissance que ces objets nous apportent sur lactivité de certains milieux intellectuels sont donc aujourdhui des critères reconnus par la Direction du Patrimoine. Tous ceux qui sattachent à linventaire et à la protection de " lieux de mémoire " particuliers (maisons du compositeur Ravel et de lentomologiste Fabre, collections du Lycée Hoche à Versailles, pour ne donner que quelques exemples récents) essaient de sinscrire dans cette problématique. : comment appliquer des critères traditionnels à une collection dont les supports, les matériaux, les dates dexécutions sont hétérogènes par nature et le caractère purement esthétique inégal puisque le seul dénominateur commun des objets scientifiques, meubles et objets décoratifs, archives, photographies, plaques de photogravure et bibliothèque ancienne de la collection Flammarion est historique ? Lunicité ou plutôt la cohérence de la collection tient donc à lhistoire de Camille Flammarion, à sa personnalité souvent controversée et à son influence dans le domaine de la pensée scientifique vulgarisée. Il fut à lastronomie ce que furent, toutes choses égales dailleurs, Jules Verne et H.G. Wells au roman fantastique, ou, plus proches de nous, Haroun Tazief et le commandant Cousteau. La deuxième leçon, encourageante pour les différents professionnels qui travaillent au sein du Ministère, est celle de la transversalité de nos missions: pour protéger ces collections, la Direction du patrimoine, moteur de laction, a dabord fait appel à son correspondant au niveau local, le Conservateur des antiquités et objets dart du département, mais dautres directions ou services du Ministère apportèrent rapidement leur contribution sous la forme de missions dexpertises (Direction des Archives de France, Direction du Livre et de la Lecture, Direction des Musées de France, Mission Recherche et Technologie), aux côtés des experts issus du milieu scientifique institutionnel ou associatif. Au delà de nos missions scientifiques, demeure enfin une question capitale pour nos contemporains : protéger, comment , mais aussi pour qui ? Ce site est donc destiné, on laura compris, non seulement à faire connaître la démarche dinventaire de cette collection, mais aussi à accompagner la protection des différentes parties de lensemble et à lui trouver , à lavenir, un prolongement concret, en faisant appel à tous les partenaires concernés, publics et privés. |