Bretagne d'or et d'argent

Le Moyen Âge

La quarantaine de pièces conservées de cette époque fait de la basse Bretagne assurément l'une des régions les plus riches de France. Les reliquaires morphologiques, de toutes formes, - tête, bras, jambe, genou, doigt - ou architecturés, le plus souvent en forme de chapelle, témoins de la vénération de saints locaux, tiennent dans cet ensemble exceptionnel une place privilégiée. Parmi les oeuvres propres au culte, quelques calices et d'exceptionnelles croix de procession, ne reflètent plus que partiellement l'abondance signalée dans les inventaires anciens.

Bras-reliquaire, XIIIe et XIVe siècles

Feuilles d'argent en parties dorées, clouées sur âme de bois, filigrane, cristaux de roche.
H. 60,5 cm ; cl. M.H. 1908.
Saint-Gildas-de-Rhuys (Morbihan).

Le traitement calme des formes anatomiques et du drapé ainsi que la présence d'ornements filigranés conservés autour de la fenêtre et sur partie des galons bordant le poignet et la manche, apparentent l'oeuvre à la production du XIIIe siècle. Au siècle suivant, des galons estampés ont remplacé les précédents en bordure latérale et inférieure de la manche et des cabochons de cristal montés en bâte ont été ajoutés, ainsi qu'un écu niellé aux armes de Bretagne, témoignage d'une commande probable du duc Jean de Montfort dont la résidence de Suscinio était toute proche de l'abbaye de Saint-Gildas.

Calice, seconde moitié XVe siècle
Argent repoussé, en partie fondu (applique du pied et Christ), doré ; décor repercé, ciselé, perlé, niellé.
H. 24,8 cm ; cl. M.H. 1994.
Sibiril (Finistère).

La forme de ce calice, avec tige à pans, et dessus de pied dépourvu de ressaut, noeud en sphère aplatie et coupe évasée, est typique du XVe siècle. Toutefois, le traitement du décor, ici, relativement exceptionnel, constitué d'arcatures repercées, signale une oeuvre d'une grande élégance et la rapproche étroitement de la chapelle-reliquaire conservée dans la même paroisse et datée de 1447.

Chapelle-reliquaire, fin XVe siècle
Argent repoussé ; décor ciselé, repercé, fondu, estampé.
H. 29 cm ; cl. M.H. 1898.
La Roche-Maurice (Finistère).

Cet objet porte le poinçon à deux initiales gothiques attribué à Yves Pleiber, un des premiers maîtres bretons connus, exerçant à Morlaix vers 1500, ainsi que l'un des premiers poinçons de communauté de cette ville. Véritable réduction d'architecture, plus réaliste que les exemples antérieurs, la chapelle-reliquaire est rythmée de contreforts à ressaut et percée de grandes baies dont le dessin flamboyant est caractéristique de la fin du XVe siècle.

Buste-reliquaire, fin XIVe - début XVe siècle
Ame de bois, argent repoussé, ciselé, en partie doré.
H. 42 cm ; L. 47 cm ; cl. M.H. 1948.
Locarn (Côtes-d'Armor).

Le traitement schématique de la chevelure, du nez et de la bouche, place ce buste dans la suite des oeuvres comparables des XIIIe et XIVe siècles. En revanche, l'image réaliste de cet homme d'un âge mur, dont l'autorité est suggérée par le visage anguleux et la carrure dégagée des épaules, reflète les progrès accomplis au cours du XIVe siècle dans l'art du portrait. Les initiales I.D. surmontées d'une couronne pourraient être celles de l'orfèvre Jean Dieu connu pour certains travaux réalisés autour de 1430 à la cathédrale de Tréguier.


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Date de création : 1994-10-25

M. B.