Le dégagement de la salle du sarcophage [J] et de ses annexes latérales [K-L-N-O], a nécessité plusieurs campagnes. La fouille de cette immense pièce à voûte centrale, comprenant portiques à piliers, banquettes et crypte, a été à l'origine d'intéressantes découvertes.

Son aspect actuel illustre de façon spectaculaire tous les phénomènes de déstabilisation qu'a connu la tombe de Ramsès II depuis les premières inondations. Pour le géologue, il s'agit d'un terrain fertile en observations. La fouille archéologique, quant à elle, a permis de retracer les difficiles étapes de l'aménagement des lieux et de recueillir, parallèlement, un nombre important de vestiges et d'informations nouvelles.

Près de 450 fragments dénombrés à ce jour, permettent d'établir qu'il devait être comparable à celui de Séthi Ier conservé à la Soane Collection de Londres. En calcite, d'apparence momiforme, il était orné, intérieurement et extérieurement sur trois registres, de scènes et de textes se référant au Livre des Portes. Plusieurs divisions de ce recueil funéraire ont été identifiées sur les fragments déjà recueillis. Comme celui de son père, Séthi Ier, le sarcophage de Ramsès II, avait dû être entièrement incrusté de pigments de couleurs dont les traces sont visibles sur nombre de fragments.

En revanche, la fouille n'a pas livré, jusqu'à présent, la moindre trace d'un autre sarcophage qui aurait pu être, celui-ci, en granite. Ce monument a-t-il d'ailleurs existé ? La question mérite d'être posée, car si de tels sarcophages ont été retrouvés dans certaines tombes de la Vallée des Rois, rien de comparable n'existait dans celle de Séthi Ier. A moins d'envisager, bien évidemment, que ces monuments aient été déménagés puis réutilisés après le pillage des tombes, hypothèse qu'aucun indice ne vient, pour le moment, étayer.

Quoi qu'il en soit, nous savons que le sarcophage de Ramsès II devait prendre place, à l'origine, sur un lit funéraire. C'est du moins ce que révèlent certains vestiges récemment retrouvés, parmi lesquels figurent deux superbes têtes de guépard en calcaire, traitées en ronde-bosse et peintes en jaune pour suggérer l'or. Le cadre de ce lit, constitué d'une grande dalle, comprenait sans doute, sur les profils, l'évocation, en relief, du corps de cet animal.

Dans la moitié Sud de la salle du sarcophage, creusée dans le sol de la crypte, une cavité a été mise au jour en 1995. Sa forme et son emplacement rappellent de petites fosses comparables, aménagées dans les tombes de Thoutmosis Ier et d'Aménophis III. Plusieurs fragments du réceptacle aux canopes en calcite de Ramsès II y furent retrouvés, venant confirmer la destination initiale de cet aménagement.

Particularité originale : la cavité était fermée, à mi-profondeur, par une trappe en calcaire dont les bords reposaient sur une margelle. Si la moitié supérieure permettait de loger le réceptacle aux canopes protégé en surface par une chapelle, tout porte à croire que d'autres objets occupaient la partie inférieure masquée par la trappe. La surface et le volume disponibles étaient suffisants, en tout cas, pour que l'on y dispose, par exemple, les quatre magnifiques vases bleus en forme de situle, exposés au Musée du Louvre depuis le début du siècle et qui contenaient les linges ayant servi à la momification du roi. Ces derniers, sans doute sortis de leur contexte après le pillage antique de la tombe, avaient vraisemblablement là leur place d'origine.

Le réceptacle aux canopes, comme le suggèrent les vestiges mis au jour et l'ébauche de sa reconstitution, avait été réalisé dans un seul bloc de calcite. Il comprenait quatre cavités de forme cylindrique, dans lesquelles avaient dû être introduits de petits sarcophages en or contenant les viscères royaux. Son aspect général pourrait être comparé à ceux d'Aménophis II et de Toutankhamon, conservés au Musée du Caire.

En revanche, dans cette même salle aujourd'hui entièrement déblayée, nous n'avons retrouvé aucune trace de ce mystérieux tunnel que croyait avoir mis en évidence J. Romer, lors d'une prospection superficielle effectuée en 1978-1979.