Il faudra de nombreuses études
pour mieux cerner la personnalité des deux défunts de Naintré.
En première analyse, la structure et le mobilier des tombes paraissent très
représentatifs des deux tendances contradictoires fréquentes sur
les sites du Bas Empire : l'alliance du luxe et du bricolage : si les caveaux
sont bâtis avec des matériaux de récupération prélevés
dans les ruines d'une salle chauffée, les défunts sont accompagnés
d'un mobilier qui témoigne d'échanges lointains de produits de
luxe. De la même manière, la ville voisine du Vieux Poitiers est en
plein déclin au IVe siècle, ce qui n'exclue pas la présence
à proximité immédiate d'établissements ruraux très
dynamiques.
Cette image contrastée doit être
replacée dans le cadre socio-économique de l'époque. A
partir des dernières années du IIIe siècle, l'empire romain
cherche à sortir de la crise où il est plongé depuis près
d'un siècle en se transformant en profondeur. Très schématiquement,
cette période du Bas Empire se définit par un pouvoir
bureaucratique, une fiscalité accrue et une mobilisation de la société
autour des impératifs de défense.
L'aristocratie gallo-romaine fuit
les charges publiques et les lourdes dépenses qu'elles entraînent.
C'est la fin des grandes opérations d'évergétisme
(construction d'édifices publics, financement de spectacles), qui avaient
enrichi les cités et les agglomérations secondaires d'une parure
de monuments. Les classes dominantes, qui assujettissent fortement une partie de
la population (pratique du patronat) s'installent de préférence
dans de riches villas rurales.
C'est dans ce monde en mutation,
très complexe à appréhender, que prennent place les riches
tombes de Naintré. |