Introduction des trois récits


Récit du Voyageur

«Des images d'une leçon de musique... Quelques vieilles photos...Voilà ce que je connais du Cambodge.
Le tout appartenait à mon grand-père qui avait vécu là-bas dans les années trente.
Il avait gardé le goût des légendes des temples d'Angkor et nous racontait la vie des grands rois khmers : Suryavarman II bâtisseur d'Angkor Vat, Yaçovarman et Jayavarman VII le «roi des rois»...
Je me souviens d'un mot qui revenait sans cesse dans sa bouche et qui illuminait son visage :Apsaras...
C'était le nom des danseuses divines sculptées sur les murs des temples.
«Apsaras»... Il prononçait ce nom, comme on le fait pour un être aimé. Il nous disait que parfois, à la nuit tombée, les statues prenaient vie et dansaient pour les dieux.
A Phnom-Penh, il s'était épris d'une danseuse du ballet royal, nommée Sophéa. Pour la voir, il ne manquait jamais une représentation dans la salle du palais.
Un jour, elle avait quitté la capitale pour danser dans les temples d'Angkor. Mon grand-père était parti à sa recherche.
Mais en vain.Il ne lui restait plus que son souvenir.
Pourtant il disait toujours que ce n'était pas de Sophéa seulement dont il s'était épris, mais du pays tout entier. Dans les années trente, le voyage, depuis l'Europe, était long et fatigant. Même en avion, plusieurs jours et plusieurs escales étaient nécessaires pour atteindre le Cambodge. Aujourd'hui, seules quelques heures suffisent».

Récit du roi Jayavarman VII

«Moi, Jayavarman VII, «roi des rois khmers», j'ai décidé de graver dans la pierre l'histoire de mon empire.
Aujourd'hui, 3 avril 1218, j'entreprends ces mémoires à la gloire de mon royaume, car je sens proche le terme de ma présence en ce monde.
Enfant, j'ai admiré les temples, les palais et les plans d'eau construits par mes prédécesseurs.
Enfant, je me suis émerveillé face à l'ingéniosité des canaux qui assurent la richesse de nos récoltes.
Devenu roi, je me suis recueilli devant tant de beauté.
Moi ! Jayavarman VII, j'ai bâti Angkor Thom, la "Grande Ville". La capitale des capitales... Ma capitale.
Oui, moi ! Jayavarman VII, je l'ai bâtie pour l'éternité.
Je partirai demain, dès l'aube, pour parcourir la terre de mes ancêtres. Je veux revivre et marquer à jamais notre glorieux passé, nos faits d'armes héroïques. Je veux fouler une dernière fois l'étendue de ces vastes plaines qui sont les miennes».

Récit de la danseuse Sophéa

«Je suis née dans un village de pêcheurs sur les rives du Tonlé Sap, non loin des temples d'Angkor.
Là-bas, je me souviens, toutes les femmes vantaient mon teint pâle et la beauté de mes traits. A l'aube de mes six ans, je fus destinée à devenir danseuse...
Sous l'oeil bienveillant de Buddha, mes parents, honorés, m'emmenèrent au palais de Phnom-Penh. Alors que le sampan glissait sur les marbrures rosées du lac, j'observais les maisons sur pilotis de mon village, pensant que je n'allais plus les revoir...
Aujourd'hui, devenue danseuse du Palais royal, je porte en moi tout le passé de mon peuple, ses divinités, ses épopées et ses légendes. Entraîné par les eaux du fleuve, le sampan m'a ramenée à Angkor retrouver ses couleurs quittées depuis tant d'années...
J'ai été choisie pour danser au sommet des temples en hommage à tous les dieux.
Je m'appelle Sophéa...»


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