Monuments, Musées et Théâtres : quatre mesures pour rendre la Culture plus accessible | ||
Les pratiques culturelles des Français : des envies et des obstacles Les Français s'intéressent de plus en plus à la Culture. Ils sont de plus en plus nombreux à pratiquer la musique ou la peinture, à se rendre aux grandes expositions ou dans les festivals, à lire des livres d'histoire ou de philosophie ou à consacrer une partie de leurs vacances à visiter des monuments historiques. Un appétit culturel croissant Une enquête menée en 1997(1) montre que les pratiques et les consommations culturelles des Français ont profondément évolué au cours des trente dernières années. L'explosion de l'audiovisuel, l'évolution des programmes scolaires, sans oublier les efforts conjoints de l'Etat et des collectivités locales pour le développement des équipements culturels, ont radicalement transformé les conditions d'accès à l'art et à la culture, favorisant un réel engouement des Français pour la culture sous toutes ses formes. La Fête de la Musique, la Fête du Cinéma ou encore les Journées du Patrimoine et le Printemps des musées sont des événements populaires qui rassemblent un très large public et témoignent de cet engouement. La culture fait aujourd'hui partie intégrante de notre vie quotidienne grâce, notamment, au développement de nouveaux biens et services culturels : magnétoscopes, ordinateurs, cédéroms, compact-disques, internet (1) Les pratiques culturelles des Français, enquête d'Olivier Donnat, La Documentation Française, 1998 Ces nouveaux vecteurs pour la culture constituent un réseau de diffusion de la création artistique. Cela contribue à attirer un plus grand nombre de Français dans les lieux culturels et à encourager les pratiques culturelles en amateurs. Selon la direction des musées de France, la fréquentation totale des musées affiche, en 1998, une hausse de 2.5 % par rapport à 1997. Cette tendance positive, qui atteint les 2 % dès le premier semestre s'explique par l'ouverture des salles égyptiennes du Louvre. L'effet de nouveauté s'estompant, elle diminue sensiblement au second trimestre. Ce sont les "grands" musées qui attirent ce surcroît de visiteurs, et particulièrement les musées d'Ile-de-France : + 4 % (+ 1 % hors Louvre). Ainsi, le taux de fréquentation des 33 musées nationaux (Louvre, Orsay, Versailles, Rodin, Picasso ) croît de 7 % (5% hors Louvre). Le Louvre réalise, à lui seul les meilleurs chiffres : + 11 % (550 000 visiteurs de plus qu'en 1997), ce qui représente les 2/3 de l'augmentation générale. Ce musée a comptabilisé plus de 5,7 millions de visites en 1998. Parmi les plus fortes progressions en région :
Pour l'ensemble des autres régions, la tendance sur l'année est stable par rapport à 1997, même si on observe une évolution contrastée entre "grands musées" (+ 5 %) et les autres (- 3 %). Selon la Caisse nationale des monuments historiques, les monuments nationaux ont enregistré une hausse de fréquentation du même ordre que les musées en 1998. Et, la fréquentation totale des monuments nationaux, pour les deux mois d'été 1999, a enregistré une hausse globale de plus de 3,2% soit plus de 5,6% au mois de juillet et 1,3% en août. Le littoral méditerranéen a connu un afflux important de visiteurs : l'abbaye du Thoronet (+8,2%), le château d'If (+24,7%), la château de Tarascon (+13%). Les monuments situés en Languedoc ont vu également leur fréquentation progresser pour la première fois depuis quelques années : les remparts d'Aigues Mortes (+16%) et la Cité de Carcassonne (+3,6%). En Alsace, la fréquentation du château du
Haut-Koenigsbourg a légèrement augmenté (+1,7%). D'une manière générale, les tendances globales du tourisme confirment le raccourcissement des séjours qui entraîne une concentration des visiteurs étrangers sur les grands monuments parisiens, au détriment de certaines destinations comme les châteaux de la Loire. Quand les Français exercent leur talent Peinture, théâtre, sculpture, danse, chant ou musique
font de plus en plus d'adeptes. Un engouement populaire qui ne profite pas à tous L'augmentation constante du nombre de visites des musées ou des monuments nationaux ne se traduit pas pour autant par une diversification du public visiteur. Cela signifie que les mesures de démocratisation engagées jusqu'à présent n'ont pas suffit à réduire les barrières limitant l'accès aux visites culturelles. Près de 70 % de la population reste encore à l'écart des lieux de diffusion de la création artistique, l'effort doit maintenant porter sur la réduction des obstacles aux pratiques culturelles Une fréquentation qui reste encore marquée par de profondes disparités sociales et géographiques L'exemple des musées est significatif. Alors que le nombre d'entrées ne cesse d'augmenter ( 33 % des Français en 1997 contre 27 % en 1973), le profil social des visiteurs ne se diversifie pas encore assez. L'enquête réalisée en 1997 révèle en effet que 33 % des ouvriers qualifiés, 38 % des ouvriers non qualifiés, 21 % des employés, 25 % des agriculteurs n'ont jamais visité un musée au cours de leur vie, contre 4 % des cadres supérieurs et 7 % des professions intermédiaires, d'autre part, 43 % des ouvriers qualifiés, 50 % des ouvriers non qualifiés et 30% des employés n'ont jamais visité un monument historique au cours de leur vie (1). (1) Les pratiques culturelles des Français - enquête 1997 - Olivier DONNAT - La documentation Française Cette tendance s'observe également pour le théâtre. Le théâtre est la sortie culturelle qui compte le plus de spectateurs réguliers : 41 % des pratiquants s'y rendent au moins trois fois dans l'année. Mais, c'est une pratique qui rassemble, loin devant les autres pratiques, une majorité de cadres supérieurs ou de professions intermédiaires. En effet, il apparaît que 51 % des employés, 56 % des agriculteurs et 34 % des professions intermédiaires n'étaient jamais allés au théâtre de leur vie, contre 13 % des cadres et des professions intellectuelles supérieures. Le public des fidèles du théâtre est composé à 65 % de cadres supérieurs ou de professions intermédiaires qui déclarent se rendre 3 fois et plus au théâtre par an. La majorité des Français considèrent ce spectacle comme une pratique coûteuse. Comment expliquer cela ? En fait, les obstacles sont encore nombreux et la participation à la vie culturelle de manière régulière et diversifiée suppose la réunion de plusieurs conditions (la proximité géographique de l'offre culturelle, la familiarité précoce avec le monde de l'art, mode de loisirs tourné vers l'extérieur du domicile, le niveau de diplôme et de revenu ). Faciliter l'accès à la culture suppose donc de réduire les distances.
(2) Les effets de la gratuité du dimanche au Louvre, années 1996 et 1997-Claude Fourteau, La Lettre de l'OCIM n°59 (1998) C'est précisément ce public que Catherine Trautmann, Ministre de la culture et de la communication, souhaite inviter et accompagner dans une démarche de découverte des uvres et lieux culturels. Le département des études et de la prospective du Ministère de la Culture et de la Communication évaluera les effets de la mise en oeuvre de ces mesures tarifaires, afin de procéder à d'éventuelles adaptations au terme de deux années d'application. |
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