Discours et communiqués de presse

Allocution de Michel Duffour
Le « Forum culturel » du Blanc-Mesnil rejoint le réseau des « scènes conventionnées »

22 novembre 2000


Monsieur le Député Maire,
Monsieur le Sous-Préfet,
Monsieur le Directeur régional des affaires culturelles,
Mesdames, Messieurs les élus,
Monsieur le Président du Forum culturel,
Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux de présider cette première signature d'une convention consacrant chronologiquement la première scène conventionnée d’Ile de France.

Premier, donc, des dix-sept établissements choisis dans la région Ile de France, dont trois en Seine Saint Denis, Le Blanc-Mesnil inaugure une "nouvelle vague", une "nouvelle famille" peut-être, dans la longue histoire des appellations ou des labels de notre ministère : "les scènes conventionnées". Derrière ce programme national ambitieux, il faut souligner le sens profond de cette reconnaissance.

J’ai déjà eu l’occasion de le dire, je crois que les scènes conventionnées sont les enfants d'un couple "uni", celui de la déconcentration et de la décentralisation.

L’un des axes majeurs de l'histoire culturelle de ces vingt dernières années tient, je crois, à cette relation dynamique qui s’est installée entre les services déconcentrés de l’Etat, les DRAC, -elles-mêmes en constant développement- et l’engagement croissant des collectivités en matière artistique et culturelle. Notre présence aujourd’hui atteste la réalité de ce partenariat et l’on sait que l'ensemble du champ culturel ne peut plus s'inscrire durablement que dans la responsabilité publique partagée.

Les "théâtres municipaux" ou encore "théâtres de ville", comme certains veulent les appeler, n'avaient pas attendu l'intervention de l'Etat pour constituer un formidable réseau de diffusion -et de plus en plus de création- qui fait de notre pays une exception.

C'est ce grand ensemble qui depuis une décennie, à côté des institutions, s'est organisé, a recherché d'autres formes d'organisation, de production, a innové dans sa relation aux publics et aux territoires, qui a su penser simultanément son devoir de proximité, son exigence de qualité et son obligation d'ouverture.

Il représente à mes yeux une des positions avancées de la décentralisation dans toutes ses composantes et mérite évidemment à ce titre un soutien appuyé de notre ministère.

L’Ile de France a d’ailleurs tracé la voie en ce domaine avec « le groupe des vingt » devenu référentiel et Thécif qui, exemplairement, aide à la fois la création et la circulation des oeuvres.

Personnellement, très attentif à ce "pays réel de l’art et de la culture", aux mouvements, aux initiatives multiples et passionnantes qui le caractérisent aujourd'hui, je veux vous dire ici -beaucoup plus que mon intérêt- mon engagement sur ce territoire-là, ma conviction que cette démarche-là est juste et irréversible.

Ici, au Blanc-Mesnil, les aspirations de la Ville sont parfaitement en phase avec ces convictions. Le Forum, mais aussi la médiathèque, l’école nationale de musique et de danse, le cinéma Louis Daquin travaillent au quotidien à la construction d’une citoyenneté active.

Quelle urbanité démocratique favoriser ? quelle citoyenneté locale ? comment vivre ensemble avec la multiplication des différences ? Il s’agit bien là de questions culturelles et nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure au cours du débat.

Comme le dit Emmanuel Demarcy-Mota, « un théâtre au milieu d’une ville, c’est aussi la question de l’identité d’une ville ». Le Forum culturel, scène conventionnée, doit s’inscrire dans ce travail culturel de la ville sur elle-même. C’est l’objet même de ce conventionnement où le projet artistique se donne pour mission la transformation des systèmes de représentations que peuvent avoir les habitants du Blanc-Mesnil sur l’art et la culture. Il doit s’adresser non seulement aux groupes familiers du spectacle vivant mais aussi à ceux que les circonstances ont tenu éloignés des pratiques artistiques.

Le « Forum culturel » et sa remarquable équipe professionnelle conjuguent soutien à la création contemporaine, ateliers de pratique artistique, résidences d’artistes, politique tarifaire afin d’irriguer l’ensemble du territoire de la ville et de s’adresser à toute la population. Nous savons tous combien ces démarches sont exigeantes et demandent une grande détermination. C’est pourquoi, il est tellement nécessaire de faire appel aux artistes les plus audacieux et les plus rigoureux dans leur rapport à la création.

J’ai pu, il y a moins d’une semaine -à l’issue d’une représentation de ce superbe Marat-Sade que le Forum a contribué à produire- constater concrètement la profondeur de ce travail, à la fois généreux et sans concession. Monsieur le Député Maire, l’action qui est conduite ici me paraît exemplaire.

Je souhaite que cette Convention, et les moyens financiers qui l’accompagneront sur trois ans, permettent au « Forum culturel » de poursuivre et de renforcer ses actions, d’innover, d’inventer pour nourrir le débat démocratique dans la ville et sur la ville. Il incarnera ainsi ce sur quoi je m’engagerai tout au long de mon mandat ministériel : une décentralisation de partenariat, de dialogue et de responsabilité partagée au service de la démocratie culturelle.

Je vous remercie de votre attention.


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