Discours et communiqués de presse

Congrès de l’Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif


La Villette - jeudi 18 janvier 2007


Monsieur le Ministre, cher Philippe Bas,
Madame la Ministre, chère Marie-Anne Montchamp,
Monsieur le Président de l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif, cher Jérémie Boroy,
Monsieur le Président du Conseil Supérieur de l’audiovisuel, cher Dominique Baudis,
Monsieur le Président, cher Jean-François,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous aujourd’hui, et je tiens à remercier chaleureusement, à travers son président Jérémie Boroy, tous les membres de l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif, qui ont œuvré pour faire de cette journée une vraie réussite.

J’ai eu l’honneur d’inaugurer hier soir le nouveau Centre international d’art et de culture des sourds, à Paris, nouveau haut lieu de culture et d’échanges, né notamment grâce à l’enthousiasme et au talent d’Emmanuelle Laborit. La grande comédienne a souhaité en faire avant tout un lieu décloisonné, un lieu ouvert, un espace de découverte pour tous les publics.

Je me réjouis que cette journée de travail permette également de réunir, autour d’un objectif commun, des personnes sourdes, malentendantes et entendantes, dans un esprit de mixité et de rencontre.

Je constate avec grand plaisir la présence de nombreux acteurs de l’audiovisuel et de l’industrie cinématographique. J’y vois la preuve de l’intérêt que nous portons tous à cet enjeu essentiel qu’est l’accessibilité de la télévision et du cinéma. Je tiens à saluer la présence de Dominique Baudis, Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, des représentants de France Télévisions, des responsables de chaînes et de tous les professionnels du cinéma.

Le Président de la République, vous le savez, a tenu à faire de l’insertion des personnes handicapées l’un des grands chantiers de son quinquennat, afin de permettre « à la société française de mieux accueillir la différence et de recueillir ses richesses».

C’est dans cet esprit qu’ont été élaborés les articles de la loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées».

Cette loi majeure a fait franchir à la société française une nouvelle étape. Nous pouvons être fiers du chemin parcouru, depuis la naissance du télétexte à la fin des années soixante-dix, et depuis les premiers sous-titrages à la télévision au début des années quatre-vingts. La loi du 11 février 2005 pose en effet le principe de l’accessibilité généralisée, qui permet à toutes les personnes, quel que soit leur handicap, d’exercer les actes de la vie quotidienne et de participer à la vie sociale. Or, à mon sens, l’accès à la télévision et au cinéma est, plus qu’un simple domaine d’application, la condition même de cette participation.

Informer, divertir, offrir à chacun les clés pour trouver sa place dans la société, pour devenir citoyen et s’ouvrir à la culture de son pays, telles sont les missions de la télévision et du cinéma, telles sont les conditions de l’ouverture sur le monde, que nous devrions être en mesure d’offrir à tous nos concitoyens.

C’est pourquoi je suis heureux que mon engagement pour la prise en compte, dans ce texte de loi, des besoins des personnes sourdes et malentendantes dans les domaines des médias, ait porté ses fruits. Et je tiens à réaffirmer la mobilisation, sur ce sujet, des services du ministère de la Culture et de la Communication, ainsi que de tous ses partenaires.

Je ne dresse aucune frontière, en effet, entre la culture et la communication, entre les contenus et les vecteurs de diffusion, et je tiens à rappeler ici l’engagement du Ministère de la Culture et de la Communication pour un meilleur accès de tous à la culture, engagement qui n’est pas récent, puisqu’il est répond à la mission originelle de ce ministère, telle que l’a formulée André Malraux à sa création, de rendre la culture accessible à tous. Il s’agit aujourd’hui de la rendre accessible à chacun. C’est un enjeu culturel, mais aussi politique, au sens le plus élevé du terme, essentiel. Je tiens à ce que l’action du ministère dont j’ai la charge, soit exemplaire.

Nous avons désigné, dans chaque Direction Régionale des Affaires Culturelles, un correspondant handicap. Nous avons mis en place des séminaires de formation interrégionaux pour les professionnels du cadre bâti sur la thématique de l’accessibilité. Par ailleurs, un « guide pratique de l’accessibilité » va être publié dans les prochains jours.

Je sais que les attentes des publics concernés sont fortes, et elles sont légitimes. Les associations représentatives des personnes sourdes et malentendantes s’investissent d’ailleurs énormément auprès des institutions, pour les aider à mieux comprendre et à satisfaire ces besoins, et je tiens à les en remercier. Elles sont en cela des acteurs à part entière de l’évolution des mentalités, et des partenaires précieux des pouvoirs publics.

Avoir la liberté de choisir les programmes que l’on souhaite suivre peut paraît anodin, aux yeux des entendants, mais nous savons tous ici combien cette liberté est un luxe pour les sourds et les malentendants, auxquels on propose encore trop peu d’émissions sous-titrées ou diffusées en langue des signes française, même si celles qui existent sont de très grande qualité. Je pense bien entendu à l’émission « l’œil et la main », dont je tiens à saluer les présentateurs Isabelle Voizeux et Daniel Abbou, et la directrice de collection, Sandrine Herman.

Vous avez évoqué, au cours des tables rondes, le principe général posé par la loi du 11 février 2005, d’adaptation de la totalité des programmes télévisés, applicable à toutes les chaînes dépassant un certain seuil d’audience. Je tiens à souligner que c’est indépendamment de leur audience que les chaînes du secteur public se plieront à cette obligation. Dès 2005, France 2, France 3 et France 5 ont adapté pour les personnes sourdes et malentendantes plus de 10 000 heures de programmes, et Arte a sous-titré 470 heures de programmes.

J’invite l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel, toutes chaînes confondues, à suivre cet exemple et à s’engager fermement dans la voie d’une adaptation de leurs programmes.

En réponse aux attentes des associations, je souhaite que l’accent soit mis sur la qualité du sous-titrage et le recours à la langue des signes française.

Par ailleurs, et ce point est d’une actualité brûlante, la télévision joue un rôle fondamental dans la vie citoyenne de chacun, et dans notre démocratie. J’ai moi-même demandé, lors de la commission nationale « Culture - Handicap » du 1er juin 2006, que les programmes relatifs à ces enjeux cruciaux pour nos concitoyens soient pleinement accessibles à tous. Le CSA a également incité, dans l’une de ses directives, tous les partis politiques à sous-titrer les interventions télévisuelles. Je suis heureux de constater que les représentants de formations politiques, venus participer à ce congrès, ont également exprimé leur attachement à l’accessibilité des échanges politiques.

J’ai également à cœur de rendre le cinéma accessible à tous les publics.

Le CNC a réuni dernièrement, avec la participation du CSA, un groupe de travail rassemblant des professionnels de l’industrie cinématographique, afin de poursuivre une réflexion sur les pistes à explorer pour le sous-titrage des films.

Il me paraît notamment essentiel que l’obligation de sous-titrage s’impose à toute la chaîne d’exploitation du film (salles, DVD, diffusion télévisée). Le ministère de la Culture et de la Communication œuvre pour qu’il soit réalisé dès la post-production, et ainsi attaché au film et à la chaîne des droits. Je souhaite enfin encourager les salles à s’équiper en matériel adapté.

Vous pouvez compter sur ma vigilance, ma détermination, mon engagement sur tous ces sujets.

Permettez-moi de rappeler enfin que c’est ensemble que nous réussirons, et que l’énergie et l’engagement de tous est plus que jamais nécessaire, pour que réussisse cette révolution des mentalités que nous appelons tous de nos vœux.

Je vous remercie.


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