Discours et communiqués de presse
Rencontre "le mécénat culturel et les entreprises du médicament"
mardi 31 octobre 2006

Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère de la Culture et de la Communication. L’organisation professionnelle représentative des entreprises du médicament, le Leem, dont je salue les représentants ici présents, est entré tout récemment dans le Cercle des partenaires du programme « Culture à l’hôpital ». Ce programme s’inscrit dans la mission originelle du ministère de la Culture, telle que l’a formulée André Malraux : « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français. » Les actions que mène ce ministère en faveur de l’art à l’hôpital, et le rapprochement opéré dès les années quatre-vingts avec le ministère de la Santé s’inscrivent donc dans sa vocation première, qui est de garantir l’accès à la culture pour tous. Elles répondent également à un droit fondamental de la personne humaine.

Si les personnes hospitalisées ne peuvent aller vers la culture, alors notre devoir est de faire en sorte que la culture vienne à eux.

Le programme « Culture à l’hôpital » a fait l’objet dès 1999 d’une convention entre le Ministère de la Culture et de la Communication, et celui de la Santé, que nous avons renouvelée sous la forme d’un protocole d’accord le 10 janvier dernier. Il est relayé, au niveau régional, par des conventions passées entre les DRAC et les Agences régionales de l’Hospitalisation, ainsi que par des jumelages de plus en plus nombreux entre organismes culturels et établissements de santé.

De nombreux hôpitaux ont d’ores et déjà intégré une activité culturelle dans leur projet d’établissement, voire dans les contrats d’objectifs et de moyens qu’ils signent avec leurs tutelles. L’expression artistique et l’intervention culturelle à l’hôpital, qui est assurément un lieu singulier, un lieu familier, un lieu de vie, est un facteur clé de décloisonnement et de cohésion. Entre les différentes catégories de personnel de l’hôpital, avec les patients, mais aussi avec le monde extérieur.

La question du partenariat de la culture et de la santé avec le monde de l’entreprise s’est très vite posée. Réunir services publics et société civile dans un même projet d’intérêt général et pratiquer un mécénat croisé, associant démarche artistique, solidarité et santé, c’est en effet une démarche légitime et féconde. Un Cercle des Partenaires est né, réunissant une dizaine de fondations et entreprises, aux cotés des deux Ministères. La gestion, vous le savez, en a été confiée à l’agence Vocatif qui poursuit cette mission avec succès. Les Entreprises du Médicament ont évidemment apporté leur soutien à ce programme, et permis de mener à bien des projets exemplaires. Je mentionnerais notamment :
- le Laboratoire GlaxoSmithKline pour son implication dans le projet de jumelage entre le Centre hospitalier psychiatrique Regnier et les équipements culturels rennais dans le domaine des arts plastiques, de l’écriture, de la musique et de la danse ;
- le laboratoire Roche, qui a soutenu le jumelage entre les Hôpitaux universitaires de Strasbourg et l'association Musique et Santé, dans un projet d'intervention auprès d'enfants en crèche hospitalière ;
- le laboratoire Sanofi Aventis, qui a aidé le rapprochement entre le Centre hospitalier universitaire de Rouen et le pôle image, pour un projet autour du cinéma impliquant les personnes âgées et les enfants ;
- et le laboratoire Servier, qui s’est engagé aux côtés du Centre Hospitalier de Rouffach et de différents équipements culturels, La Filature, Le Théâtre du Peuple de Boussang, et la Médiathèque du Haut Rhin.

J'ai été particulièrement sensible, également, à l'action du « Rire Médecin », les clowns à l'hôpital, soutenus notamment par Bristol-Myers Squibb et le Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies.

J'ai eu l'occasion de découvrir plus particulièrement le programme mis en place depuis 2002 grâce au soutien du LFB, laboratoire pharmaceutique public, à l'hôpital Necker enfants malades. Ce programme a fait l'objet d'un très beau recueil de témoignages, extrêmement touchant, Regards sur le Rire Médecin, dont j’ai mis ici plusieurs exemplaires à votre disposition, afin d’illustrer très concrètement tout ce que ces actions apportent non seulement aux enfants malades, mais aussi à leurs familles et aux personnels soignants. Christian Béchon nouveau Directeur Général du LFB m'a d'ailleurs confirmé que ce mécénat serait poursuivi dans les années qui viennent.

Oui, les univers de la santé et de la culture s’enrichissent mutuellement. L’art est un formidable moyen d’expression pour les personnes qui souhaitent faire surgir et partager leurs émotions et leurs talents, et j’ai inauguré hier avec beaucoup de plaisir l’exposition « Bas les masques », à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, qui a donné la parole à des adultes et à des adolescents handicapés.

Merci à tous ceux qui ont rendu possible de tels projets. « En art, point de frontière », disait Victor Hugo. L’art a toutes les audaces, l’art abolit les divisions, il explore, il réunit, il est un formidable fédérateur de toutes les énergies d’une société.

Si la culture a, dans notre pays, toujours été l’affaire des artistes, bien sûr, mais aussi de l’Etat et des collectivités territoriales, elle est aujourd’hui, et je m’en réjouis, l’affaire de tous. Elle est le fait de la société toute entière, d’une société consciente que la culture n’est pas un simple accessoire, un simple « plus », un simple supplément d’âme, mais qu’elle est un enjeu majeur pour l’attractivité de nos territoires, pour l’identité de notre pays, et qu’elle occupe une place de premier rang dans la création de richesses, d’activités et d’emplois.

A la faveur de la loi du 1er août 2003, qui a établi un dispositif parmi les plus incitatifs en Europe, le paysage du mécénat français est en train de changer de façon spectaculaire. Au début des années 2000, 15% seulement des foyers français déclaraient faire des dons, et le mécénat des entreprises représentait seulement 0,09% du PIB contre 2,1% aux Etats-Unis. La relance du mécénat et des fondations était l'une des priorités de 2002 en matière culturelle. Elle a été tenue et je m'applique à la mettre en œuvre.

La loi de 2003 introduit des mesures fiscales très avantageuses, que je tiens à rappeler devant vous : pour les particuliers, une réduction de 66% du montant du don plafonnée à 20% du revenu imposable ; pour les entreprises, une réduction de 60% plafonnée à 0,5% du chiffre d'affaires, avec la possibilité pour les entreprises comme pour les particuliers, en cas de dépassement de ce seuil, d'un étalement sur les cinq exercices suivants, ce qui représente, notons-le, par rapport au régime antérieur, un quasi-doublement de l'aide fiscale.

S'y ajoute, pour le mécénat d'entreprise en faveur de la culture, des dispositions particulières :
- pour l'acquisition, par les entreprises, d'œuvres d'art contemporain, mais aussi d'instruments de musique destinés à être prêtés à des artistes interprètes professionnels, ou à des étudiants des conservatoires nationaux ;
- enfin et surtout, pour l'acquisition de trésors nationaux et d'œuvres reconnues d'intérêt patrimonial majeur : dans ce cas, la réduction sur l'impôt sur les sociétés est de 90% du don, plafonnée à 50% de l'impôt dû, si l'entreprise acquiert un tel bien culturel pour une collection publique. Cette réduction est de 40% si l'entreprise acquiert ce bien pour elle-même. Comparez le coût réel d'achat d'un trésor national pour une entreprise et un budget de communication pour arriver au même résultat en terme d'image!

Les contreparties au mécénat sont encore sous-estimées par les entreprises. Si le mécénat, dans son principe, demeure un acte désintéressé, à la différence du parrainage (ou sponsoring), qui est un acte commercial, le législateur a fait preuve de réalisme économique, en autorisant les entreprises à associer leur nom aux causes qu'elles soutiennent. Ainsi, le mécénat, vous le savez, ouvre droit pour les entreprises à des contreparties en communication, dans la limite d'un montant équivalent à 25% de leur don, ce qui autorise de très belles opérations de communication et de relations publiques.

Cette nouvelle législation connaît un succès croissant que traduisent les chiffres les plus récents. Le nombre des fondations créées par des entreprises a pratiquement doublé entre 2001 et 2006, et le nombre des entreprises engagées dans des projets de mécénat est passé d’environ 2000 avant la loi à plus de 6500 en 2005. L'éventail des possibilités offertes par le mécénat est très large. La loi du 1er août 2003 a introduit un changement majeur dans les mentalités. Beaucoup d'entreprises savent qu'elles peuvent communiquer d’une manière très positive grâce au mécénat, qu'elles peuvent tirer d'une initiative partenariale un puissant motif de fierté et d'identité pour leurs salariés, qu’elles peuvent mettre en valeur leurs savoir-faire dans le cadre du « mécénat de compétence », qu’elles peuvent, à travers le soutien apporté à des activités culturelles, entretenir l’activité des territoires sur lesquelles elles sont implantées, qu’elles peuvent enfin participer à l’évolution de la société en soutenant des causes d’intérêt général.

J’évoquais tout à l’heure l’accès de tous à la culture, comme une mission fondamentale de ce ministère. En faveur des jeunes publics des quartiers, j’ai lancé l’opération « Les Portes du temps », qui a connu un très grand succès durant l’été 2005 au château de Fontainebleau, où 8000 jeunes ont été accueillis. Cette opération, j’ai donc souhaité la reconduire l’été dernier en l’élargissant à 17 sites de notre patrimoine, répartis sur 11 régions. Pour le financement de cette deuxième édition, qui aura touché près de 30.000 jeunes, nous avons fait appel au mécénat des entreprises : les Caisses d’Epargne nous apporté leur soutien dans le cadre de leurs « projets d’économie locale et sociale », mais je tiens à saluer aussi l’engagement très généreux sur cette opération d’un membre important de votre réseau, la Fondation Wyeth [ Viet ] pour la santé de l’enfant et de l’adolescent qu’anime Anne de Danne. La Fondation Wyeth a soutenu cette initiative sur les sites de Chambord et de Fontainebleau. Je voudrais lui exprimer ici toute ma gratitude et l’inviter, bien sûr, à poursuivre cet engagement en 2007.

Le ministère de la Culture et de la Communication porte de très beaux et très nombreux projets, pour lesquels je souhaite qu’il soit fait appel à des partenaires extérieurs, et notamment des entreprises. La mission du mécénat qui a été créée pour faire connaître la loi de 2003 œuvre à ce rapprochement, et elle est votre interlocuteur privilégié au sein de cette maison. Il ne s’agit pas, croyez-le bien, d’un quelconque désengagement de l’Etat, mais d’un appel à soutenir des projets, et je pense par exemple à celui, très ambitieux, de la « Grande Expo », qui invitera chaque année un grand artiste à confronter son regard aux espaces, aux volumes et à l’histoire de ce monument emblématique de la fierté française, qu’est le Grand Palais : ce sera tout d’abord Anselm KIEFER en juin 2007, puis les années suivantes Richard SERRA et Christian BOLTANSKI…

Ces projets nous concernent tous, et relèvent d’une responsabilité partagée : la conservation et l’enrichissement du patrimoine, le soutien à la création contemporaine, le développement de la recherche et la diffusion des savoirs, l’égal accès de tous à la culture.

Je compte sur votre engagement et sur votre soutien pour mener à bien ces projets.

Je vous remercie.


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