Discours et communiqués de presse

Discours de Renaud Donnedieu de Vabres
à l’occasion de Lire en Fête, le 12 octobre 2005


mercredi 12 octobre 2005

Lire en Fête, le 12 octobre 2005 rue de Valois Lire en Fête, le 12 octobre 2005 rue de Valois
Serge Eyrolles et Gilles de la Porte - photos : © Didier Plowy/MCC


Monsieur le Président du syndicat national de l’édition, cher Serge Eyrolles,
Monsieur le Président du syndicat de la librairie française, cher Gilles de la Porte,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir si nombreux ce soir pour célébrer tous ensemble Lire en fête. Une fête qui est presque devenue une institution. Et pourtant, cette manifestation a gardé une fraîcheur, une effervescence, une gaieté, une couleur d’Automne joyeux. Grâce à l’immense énergie qui est la vôtre, celle de tous les acteurs de la grande chaîne du livre.

Je connais et reconnais bon nombre d’entre vous, rencontrés dans des circonstances aussi variées que le Centenaire du Prix Femina, le Salon du livre de Francfort et celui de Paris, le Festival de la Bande dessinée à Angoulême, puis la Fête de la BD, ici même, le Festival de la correspondance à Grignan et la Forêt des livres près de chez moi en Touraine.

Cette fête est d’abord celle de tous les acteurs et de tous les amis du livre. Elle est offerte, durant ces trois jours - les 14 , 15 et 16 octobre - « à qui lit », comme disaient les dédicaces de l’âge classique, c’est-à-dire à quiconque lit nos écrivains, et à toutes celles et à tous ceux qui participent à la vie du livre en France, et bien sûr d’abord au public, qui est immense. Je rappelle que 68% des Français de plus de quinze ans ont au moins lu un livre au cours des douze derniers mois, que 33% ont lu de un à neuf livres, 22% de dix à vingtquatre livres, et 13% vingt-quatre livres et plus.

Le secteur du livre est par excellence celui de la diversité culturelle. On recense près de 600 000 titres disponibles en France. La production de livres, qui atteint aujourd’hui plus de 50 000 nouveaux titres chaque année, a doublé en une quinzaine d’années. A elles seules, la littérature et les sciences humaines représentent plus de la moitié de ces nouveautés.

Lire en fête est une étape dans le parcours de la foisonnante rentrée littéraire, vers les prix de l’automne. Cette année encore, nous attendons que plus d’un million et demi de Français se déplacent vers le livre, pour lui prouver leur attachement, leur fidélité et cela dans tous les lieux imaginables, des marchés aux cafés, des péniches aux gares, des musées aux estrades en plein air, des théâtres aux places des villages ; afin que, pendant ces quelques jours, toutes les portes de France s’ouvrent devant les mots écrits, le souffle des pages.

Et je pense d’abord, bien sûr, aux 300 librairies ouvertes la nuit du 14 octobre pour accueillir les lecteurs, ceux de toujours, ceux d’un soir ; cette nuit unique où chaque librairie sera comme une maison aimée depuis l’enfance, que l’on retrouve ou que l’on redécouvre, avec cet émerveillement proustien, devant
les rayons, souvent dans la lumière, parfois dans la pénombre, où reposent ces livres, que l’on prend soi-même ou vers lesquels le libraire, guide amical, messager avisé et fraternel vous amène, parce qu’il semble les avoir gardés rien que pour vous, comme s’il devinait quelle réponse vous attendiez d’un livre, vers quelle région de l’imaginaire, et de la vie, vous désiriez embarquer.

Je tiens à remercier les libraires qui nous tendent ces livres, qui nous bouleversent, nous amusent ou parfois changent nos vies.

Je remercie les auteurs si nombreux encore, cette année, à avoir accepté l’invitation de Lire en fête, prêts à répondre à toutes les questions sur leur univers, sur leur écriture, sur les étapes de leur travail, sur leur amour absolu de la littérature, sans souci des frontières, des langues, des régions et des pays d’où ils viennent.

En effet, dans le prolongement des Rencontres pour l’Europe de la Culture, qui se sont tenues, ici même, les 2 et 3 mai derniers, j’ai souhaité cette année que Lire en fête nous invite à découvrir la diversité et la richesse des cultures et des littératures européennes, grâce à toute une série de manifestations qui leur sont dédiées et que vous découvrirez dans le dossier de presse qui vous est remis, ainsi que sur le site Internet lire-en-fete.culture.fr.

Nous avons en France une loi sur le prix du livre que j’entends défendre et dont je souhaite faire la promotion un peu partout en Europe.

Autre bataille qu’il convient de mener à l’échelle européenne et mondiale : la diffusion du livre français et l’exportation. Aujourd’hui cette bataille passe par la technologie. Vous le savez, j’ai constitué, à la demande du Président de la République, un comité de pilotage pour la création d’une Bibliothèque
numérique Européenne, dont les travaux avancent, pour prendre en compte les évolutions technologiques majeures de notre temps. J’ai souhaité m’entourer des meilleures compétences et de l’indispensable regard des professionnels privés de l’édition. Nous avons eu raison d’associer dès le départ les représentants des ayants droits. C’est par eux et pour eux, comme pour tous les lecteurs, que nous travaillons aujourd’hui pour forger les outils de diffusion et d’accès au savoir de demain.

Vous l’avez compris, j’ai fait de mon action en faveur du livre une priorité et du développement de la lecture en France, une mission.

Les bibliothèques qui seront en fête, elles aussi, les jours prochains, sont au cœur de cette mission.
Les bibliothèques sont devenues les équipements culturels les plus fréquentés par les Français.
La France peut s’enorgueillir d’un réseau extrêmement structuré et vivant.

Que ce soient les bibliothèques municipales qui, souvent, s’agrandissent et rajeunissent ; les bibliothèques départementales de prêt, qui irriguent tout le territoire, les bibliothèques municipales à vocation régionale, dont les grands vaisseaux de verre et de bois brillent au sein de nos villes, ou les Ruches qui couvrent les zones rurales et les quartiers urbains périphériques. Mais il reste encore, dans notre pays, nous le savons tous, des inégalités d’accès au livre, des disparités entre les territoires que nous devons réduire. Le livre avec tous, pendant Lire en fête ; mais aussi le livre pour tous, absolument pour tous, toute l’année !

Tournées de plus en plus vers la modernité, et je m’en félicite, les bibliothèques ont une fonction essentielle : la conservation et la mise en valeur de notre patrimoine écrit. Défendre ce patrimoine, ce n’est pas le cloîtrer dans des temples anciens où les plus beaux ouvrages du passé, comme inaccessibles, reposeraient dans un silence doré ; c’est, au contraire, l’amener dans la pleine lumière du jour, le faire découvrir, le présenter à la connaissance de tous, grâce, notamment, à des expositions très largement ouvertes.

A notre époque où la transmission prend d’autant plus de sens que s’accroît le goût frénétique de l’instant, il me paraît indispensable, pour l’éducation et le juste épanouissement de l’esprit, de rappeler l’importance de la diversité des idées et des styles, le bonheur de découvrir pour comprendre, de comprendre pour respecter.

La création n’est pas seulement un trésor ; elle est la meilleure preuve du rayonnement culturel d’un pays. Notre patrie est une grande puissance de la pensée et de la littérature, dépositaire d'un héritage qui nous oblige à la fois à le faire partager, mais aussi à l'enrichir, sachant que la création d'aujourd'hui
sera le patrimoine de demain.

C’est pourquoi j’entends, plus que jamais, protéger les écrivains, par les aides du Centre national du Livre et par la défense et l’illustration des droits d’auteur, notamment devant le Parlement, d’ici la fin de l’année.
C’est pourquoi, j’entends, avec vous, contribuer à rapprocher les livres et les lecteurs.

L’Etat n’est certes pas seul à assumer cette mission que je résume par la formule lapidaire : « Le livre est une rencontre ».
La télévision joue, à mon sens, un rôle majeur. Et je souhaite donner un coup de chapeau collectif, car à mon sens le livre à la télévision occupe une place que bien d’autres secteurs culturels peuvent lui envier. Nous avons la chance en France d’avoir à la télévision des amis et des acteurs du livre.

Cher Patrick de Carolis, vous êtes de ceux-là, mais nous devons faire encore plus et mieux pour donner plus d’espace au livre. Et je suis convaincu que la télévision, et particulièrement le service public, peut faire encore beaucoup pour donner le goût de lire à nos concitoyens, je pense tout spécialement au jeune public, comme à tous les publics, qui sont sans cesse à conquérir et à reconquérir, pour faire chaque jour de la lecture une fête.

Car le livre est avant tout un goût, un plaisir de la vie que l’on pratique, que
l’on cultive, que l’on aime chaque jour.

Je vous remercie.

Lire en Fête, le 12 octobre 2005 rue de Valois Lire en Fête, le 12 octobre 2005 rue de Valois
Sapho et Charlotte Valandrey avec Renaud Donnedieu de Vabres - photos : © Didier Plowy/MCC

 


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