Serge Eyrolles et Gilles
de la Porte - photos : © Didier Plowy/MCC |
Monsieur le Président du syndicat national de l’édition,
cher Serge Eyrolles,
Monsieur le Président du syndicat de la librairie française,
cher Gilles de la Porte,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous accueillir si nombreux ce soir pour célébrer
tous ensemble Lire en fête. Une fête qui est presque devenue une
institution. Et pourtant, cette manifestation a gardé une fraîcheur,
une effervescence, une gaieté, une couleur d’Automne joyeux.
Grâce à l’immense énergie qui est la vôtre,
celle de tous les acteurs de la grande chaîne du livre.
Je connais et reconnais bon nombre d’entre vous, rencontrés dans
des circonstances aussi variées que le Centenaire du Prix Femina, le
Salon du livre de Francfort et celui de Paris, le Festival de la Bande dessinée
à Angoulême, puis la Fête de la BD, ici même, le
Festival de la correspondance à Grignan et la Forêt des livres
près de chez moi en Touraine.
Cette fête est d’abord celle de tous les acteurs et de tous les
amis du livre. Elle est offerte, durant ces trois jours - les 14 , 15 et 16
octobre - « à qui lit », comme disaient les dédicaces
de l’âge classique, c’est-à-dire à quiconque
lit nos écrivains, et à toutes celles et à tous ceux
qui participent à la vie du livre en France, et bien sûr d’abord
au public, qui est immense. Je rappelle que 68% des Français de plus
de quinze ans ont au moins lu un livre au cours des douze derniers mois, que
33% ont lu de un à neuf livres, 22% de dix à vingtquatre livres,
et 13% vingt-quatre livres et plus.
Le secteur du livre est par excellence celui de la diversité culturelle.
On recense près de 600 000 titres disponibles en France. La production
de livres, qui atteint aujourd’hui plus de 50 000 nouveaux titres chaque
année, a doublé en une quinzaine d’années. A elles
seules, la littérature et les sciences humaines représentent
plus de la moitié de ces nouveautés.
Lire en fête est une étape dans le parcours de la foisonnante
rentrée littéraire, vers les prix de l’automne. Cette
année encore, nous attendons que plus d’un million et demi de
Français se déplacent vers le livre, pour lui prouver leur attachement,
leur fidélité et cela dans tous les lieux imaginables, des marchés
aux cafés, des péniches aux gares, des musées aux estrades
en plein air, des théâtres aux places des villages ; afin que,
pendant ces quelques jours, toutes les portes de France s’ouvrent devant
les mots écrits, le souffle des pages.
Et je pense d’abord, bien sûr, aux 300 librairies ouvertes la
nuit du 14 octobre pour accueillir les lecteurs, ceux de toujours, ceux d’un
soir ; cette nuit unique où chaque librairie sera comme une maison
aimée depuis l’enfance, que l’on retrouve ou que l’on
redécouvre, avec cet émerveillement proustien, devant
les rayons, souvent dans la lumière, parfois dans la pénombre,
où reposent ces livres, que l’on prend soi-même ou vers
lesquels le libraire, guide amical, messager avisé et fraternel vous
amène, parce qu’il semble les avoir gardés rien que pour
vous, comme s’il devinait quelle réponse vous attendiez d’un
livre, vers quelle région de l’imaginaire, et de la vie, vous
désiriez embarquer.
Je tiens à remercier les libraires qui nous tendent ces livres, qui
nous bouleversent, nous amusent ou parfois changent nos vies.
Je remercie les auteurs si nombreux encore, cette année, à avoir
accepté l’invitation de Lire en fête, prêts à
répondre à toutes les questions sur leur univers, sur leur écriture,
sur les étapes de leur travail, sur leur amour absolu de la littérature,
sans souci des frontières, des langues, des régions et des pays
d’où ils viennent.
En effet, dans le prolongement des Rencontres pour l’Europe de la Culture,
qui se sont tenues, ici même, les 2 et 3 mai derniers, j’ai souhaité
cette année que Lire en fête nous invite à découvrir
la diversité et la richesse des cultures et des littératures
européennes, grâce à toute une série de manifestations
qui leur sont dédiées et que vous découvrirez dans le
dossier de presse qui vous est remis, ainsi que sur le site Internet lire-en-fete.culture.fr.
Nous avons en France une loi sur le prix du livre que j’entends défendre
et dont je souhaite faire la promotion un peu partout en Europe.
Autre bataille qu’il convient de mener à l’échelle
européenne et mondiale : la diffusion du livre français et l’exportation.
Aujourd’hui cette bataille passe par la technologie. Vous le savez,
j’ai constitué, à la demande du Président de la
République, un comité de pilotage pour la création d’une
Bibliothèque
numérique Européenne, dont les travaux avancent, pour prendre
en compte les évolutions technologiques majeures de notre temps. J’ai
souhaité m’entourer des meilleures compétences et de l’indispensable
regard des professionnels privés de l’édition. Nous avons
eu raison d’associer dès le départ les représentants
des ayants droits. C’est par eux et pour eux, comme pour tous les lecteurs,
que nous travaillons aujourd’hui pour forger les outils de diffusion
et d’accès au savoir de demain.
Vous l’avez compris, j’ai fait de mon action en faveur du livre
une priorité et du développement de la lecture en France, une
mission.
Les bibliothèques qui seront en fête, elles aussi, les jours
prochains, sont au cœur de cette mission.
Les bibliothèques sont devenues les équipements culturels les
plus fréquentés par les Français.
La France peut s’enorgueillir d’un réseau extrêmement
structuré et vivant.
Que ce soient les bibliothèques municipales qui, souvent, s’agrandissent
et rajeunissent ; les bibliothèques départementales de prêt,
qui irriguent tout le territoire, les bibliothèques municipales à
vocation régionale, dont les grands vaisseaux de verre et de bois brillent
au sein de nos villes, ou les Ruches qui couvrent les zones rurales et les
quartiers urbains périphériques. Mais il reste encore, dans
notre pays, nous le savons tous, des inégalités d’accès
au livre, des disparités entre les territoires que nous devons réduire.
Le livre avec tous, pendant Lire en fête ; mais aussi le livre pour
tous, absolument pour tous, toute l’année !
Tournées de plus en plus vers la modernité, et je m’en
félicite, les bibliothèques ont une fonction essentielle : la
conservation et la mise en valeur de notre patrimoine écrit. Défendre
ce patrimoine, ce n’est pas le cloîtrer dans des temples anciens
où les plus beaux ouvrages du passé, comme inaccessibles, reposeraient
dans un silence doré ; c’est, au contraire, l’amener dans
la pleine lumière du jour, le faire découvrir, le présenter
à la connaissance de tous, grâce, notamment, à des expositions
très largement ouvertes.
A notre époque où la transmission prend d’autant plus
de sens que s’accroît le goût frénétique de
l’instant, il me paraît indispensable, pour l’éducation
et le juste épanouissement de l’esprit, de rappeler l’importance
de la diversité des idées et des styles, le bonheur de découvrir
pour comprendre, de comprendre pour respecter.
La création n’est pas seulement un trésor ; elle est la
meilleure preuve du rayonnement culturel d’un pays. Notre patrie est
une grande puissance de la pensée et de la littérature, dépositaire
d'un héritage qui nous oblige à la fois à le faire partager,
mais aussi à l'enrichir, sachant que la création d'aujourd'hui
sera le patrimoine de demain.
C’est pourquoi j’entends, plus que jamais, protéger les
écrivains, par les aides du Centre national du Livre et par la défense
et l’illustration des droits d’auteur, notamment devant le Parlement,
d’ici la fin de l’année.
C’est pourquoi, j’entends, avec vous, contribuer à rapprocher
les livres et les lecteurs.
L’Etat n’est certes pas seul à assumer cette mission que
je résume par la formule lapidaire : « Le livre est une rencontre
».
La télévision joue, à mon sens, un rôle majeur.
Et je souhaite donner un coup de chapeau collectif, car à mon sens
le livre à la télévision occupe une place que bien d’autres
secteurs culturels peuvent lui envier. Nous avons la chance en France d’avoir
à la télévision des amis et des acteurs du livre.
Cher Patrick de Carolis, vous êtes de ceux-là, mais nous devons
faire encore plus et mieux pour donner plus d’espace au livre. Et je
suis convaincu que la télévision, et particulièrement
le service public, peut faire encore beaucoup pour donner le goût de
lire à nos concitoyens, je pense tout spécialement au jeune
public, comme à tous les publics, qui sont sans cesse à conquérir
et à reconquérir, pour faire chaque jour de la lecture une fête.
Car le livre est avant tout un goût, un plaisir de la vie que l’on
pratique, que
l’on cultive, que l’on aime chaque jour.
Je vous remercie.
Sapho et Charlotte Valandrey
avec Renaud Donnedieu de Vabres - photos : © Didier Plowy/MCC |