Discours et communiqués de presse
Réception en l'honneur de Régine Crespin

lundi 27 février 2007

Régine Crespin Chère Régine Crespin,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui, et de vous témoigner toute mon admiration pour votre éblouissante carrière. Gloire de notre scène lyrique, votre voix et votre présence ont rayonné dans le monde entier, transportant, charmant, ravissant tous les publics, de Paris où vous avez régné sur les scènes du Palais Garnier et de l'Opéra Comique, à New York, de San Francisco au Japon, de Buenos Aires à Vienne, Londres, Milan et, bien entendu, Bayreuth. Votre timbre, d'une richesse exceptionnelle, la puissance de votre jeu, et votre diction, d'une clarté absolue, vous ont fait traverser les frontières et les océans, pour devenir notre plus belle ambassadrice, sur toutes les plus grandes scènes du monde.

Profondément libre et audacieuse, vous avez fait vibrer de votre immense talent la belle diversité du répertoire lyrique.

Vous avez incarné, avec la même aisance, les héroïnes tragiques du répertoire français, Didon, Cassandre, Carmen, les rôles comiques, comme la Grande Duchesse de Gerolstein, ainsi que les légendaires figures féminines de Wagner.

Vous avez non seulement créé à Paris et New York le rôle de Madame Lidoine, la seconde Prieure des Dialogues des carmélites en lui donnant toute sa profondeur, mais, quelques années plus tard, vous deveniez une Madame de Croissy stupéfiante de vérité. Je n'oublie pas non plus votre interprétation mythique de ce personnage complexe qu'est la Maréchale du Chevalier à la rose.

Vous avez jonglé avec les masques, passant de Kundry, un rôle " adulte, rauque et meurtrier " que vous avez interprété à Bayreuth, où Wieland Wagner vous a sacrée " vedette " internationale, à la légèreté de La Périchole, d'Offenbach.

Chanteuse la plus colorée, la plus rayonnante, la plus libre et diverse de la scène française, vous n'avez jamais voulu vous enfermer dans votre rôle de diva, et vous avez pris un malin plaisir à ne jamais vous prendre au sérieux. A un admirateur pour qui vous étiez tombée de votre piédestal en chantant Offenbach, vous avez répondu : " Je ne me suis pas fait mal du tout, et j'ai bien ri ! "

C'est aussi, je le crois, ce qui vous a valu l'amour inconditionnel du public, cet humour lucide et décapant, cette sincérité, cette humilité qui ne vous ont jamais quittés, et que vous avez toujours préférés aux artifices et aux faux-semblants.

A la fois " Lionne ", ainsi que l'on vous avait surnommée, diva internationale, au parcours éclatant, constellé de succès, et femme profondément humaine, sensible, et dont l'humour ravageur perce sous les masques et le fard, vous vous êtes assurée d'une place toute particulière dans le cœur de votre public.

Généreuse, vous vous êtes attachée à transmettre votre art aux jeunes générations de chanteurs, au Conservatoire de Paris comme lors de master-classes.

C'est là un don inappréciable de votre part à ces jeunes artistes et à l'art lyrique.

L'opéra a aujourd'hui un rôle majeur à jouer dans le paysage artistique et culturel du monde, de l'Europe et de notre pays ; l'événement " Tous à l'opéra ! " en a encore témoigné il y a quelques jours. Que vous en traciez le fil rouge de l'excellence et de la mémoire mérite notre gratitude.

Madame, chère, très chère Régine Crespin, en vous exprimant à nouveau l'honneur que je ressens à vous accueillir, permettez-moi de vous dire notre reconnaissance pour le bonheur que vous nous avez donné, tous nos vœux pour que ce bonheur vous soit rendu à la mesure de votre talent et de votre générosité, et aussi nos sentiments profonds d'amitié, d'affection et de fidélité.

Joyeux anniversaire, chère Régine Crespin !

photo : Didier Plowy/MCC



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