Discours et communiqués de presse

Discours de Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l’occasion du lancement de la 24e édition des Journées européennes du patrimoine, à l’Institut national du patrimoine (INP)

Saint-Denis - jeudi 6 septembre 2007


Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Les Journées du Patrimoine sont devenues un rendez-vous important entre les Français et leur histoire. S’il revient chaque année, et ce sera les 15 et 16 septembre prochain, ce rendez-vous n’est jamais banal parce qu’il exprime sinon une passion collective, en tous cas un attachement profond. Ce sont en effet plus de 12 millions de visiteurs qui se sont rendus en 2006 dans quelques 15 milles sites et monuments qui étaient gratuitement, et parfois exceptionnellement ouverts pendant ces deux journées.

C’est le signe d’une grande curiosité, d’un appétit de connaissance, auquel nous devons savoir répondre, en proposant chaque année un éclairage différent sur ce qui constitue sans doute l’un de nos plus grands atouts.

Nous avons en effet la chance de posséder un patrimoine extraordinaire, par sa richesse, par sa diversité. qui attire des touristes du monde entier, et inspire les plus grands artistes, réalisateurs de cinéma ; c’est une chance, car cela fait rayonner le patrimoine à l’étranger.

Ce patrimoine, que nous aimons, et qui nous a été légué au fil des siècles, n’est pas un héritage comme les autres. C’est un legs fragile, qu’il nous appartient de préserver et de transmettre, en mobilisant des techniques, des arts, des compétences. En reproduisant des gestes ancestraux, mais aussi en s’aidant des recherches les plus pointues. 

J’ai donc souhaité placer cette 24e édition des Journées du patrimoine sous le signe de la passion et du talent, en mettant en lumière ces hommes et ces femmes qui consacrent leur vie à protéger, restaurer, mettre en valeur nos monuments et notre héritage culturel, et à les transmettre aux jeunes générations. Conservateurs, archivistes, architectes, guides conférenciers, documentalistes, bibliothécaires, chercheurs en microbiologie et en biotechnologie, archéologues, restaurateurs, tailleurs de pierre, maître verriers, mais aussi menuisiers, charpentiers, maçons : c’est toute une palette de métiers très divers, de savoir-faire, d’excellences, que le public est invité à découvrir pendant ces deux journées, sur tout le territoire. Notre patrimoine a du talent, des centaines de milliers de talents, et j’ai voulu saisir l’occasion de ces journées pour mieux le faire savoir.

Quand on pense au patrimoine, on pense d’abord aux monuments historiques, et aux collections des musées. Mais le patrimoine, ce sont aussi tous ceux qui le servent. Je pense au vaste réseau d’artisans et de petites et moyennes entreprises spécialisés dans la restauration des monuments historiques. Souvent hautement spécialisés, à mi-chemin entre la tradition et la recherche, ses métiers représentent à la fois un conservatoire des savoir-faire, et un laboratoire d’innovations technologiques, également aux métiers d’accueil et de tous les gestionnaires des monuments privés qui méritent un grand coup de chapeau.

Mais je pense aussi aux métiers du livre d’art, des moulages de sceaux, de la facture instrumentale, mais aussi aux métiers moins connus, aux métiers du costume, à la perruquerie, aux décors d’opéra et de théâtre ou encore aux métiers du tissu, à la passementerie, à la tapisserie, à la broderie, si précieux pour la haute couture. Tous ces métiers, si variés, qui ont en commun l’intelligence, l’habileté, l’engagement personnel.

Oui, le patrimoine représente à lui seul, directement ou indirectement, 500 000 emplois, sur tout le territoire. Ce qui n’est pas étonnant si l’on songe que la France est la première destination touristique au monde, avec 79 millions de visiteurs par an, et 34% des dépenses touristiques sont justifiées par le patrimoine. Une étude récente, menée dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a mis en lumière l’ampleur de ces retombées économiques, directes et indirectes, sur l’économie régionale.

Je souhaite donc que le grand public prenne conscience de ces métiers et souhaite qu’il réalise que ce patrimoine qui fait notre fierté, mobilise toute une chaîne humaine de talents et d’engagements.

Ce serait formidable que ces deux Journées suscitent de nombreuses vocations car ce sont des métiers d’avenir !

Je tiens à saluer à ce sujet l’implication de l’Institut national du patrimoine, qui nous accueille aujourd’hui. Il ouvrira au public ses ateliers de restauration, que je vais visiter dans un instant..

On y voit des choses magnifiques, notamment l’Art du feu, la céramique, la verrerie, autant de raison de rêver.

Il organisera également, dans ses locaux de la rue Vivienne, à Paris, un carrefour des métiers du patrimoine. Plusieurs établissements de formation y participeront, comme l’Ecole du Louvre, le Centre des hautes études de Chaillot, ou l’Istituto Centrale per il Restauro, ainsi que de nombreuses structures professionnelles telles que le Conseil international des musées (l’ICOM), ou encore le Centre de recherches des monuments historiques. Des films présenteront la diversité et la richesse des métiers du patrimoine, pendant que trois restaurateurs feront une démonstration de leur art sur trois objets, une sculpture, un papier peint, et un objet industriel.

Former des professionnels de haut niveau, faisant référence au plan international : telle est la mission de l’Institut national du patrimoine qui a déjà accueilli, dans ses murs, près de 600 conservateurs d’Etat et territoriaux, une soixantaine de conservateurs étrangers, et 350 restaurateurs du patrimoine. Par la formation permanente, l’INP touche également, chaque année, en partie hors de ses murs, 1000 professionnels du patrimoine, en France et à l’étranger.

Aucune autre institution dans le monde n’offre cette variété de formations. La France peut être fière d’avoir créé cette « maison du patrimoine » qui s’attache à former des professionnels dans tous les domaines. Le développement des coopérations internationales qui conduisent l’Institut en Chine, au Bangladesh, au Maroc ou encore en Afrique, attestent de sa notoriété à l’étranger, et de l’estime dont jouissent nos professionnels.

Pour revenir aux Journées du Patrimoine, je serai moi-même présente, samedi 15 septembre au matin, pour accueillir les visiteurs dans les salons du ministère de la Culture et de la Communication. Vous pourrez y admirer quelques-unes des plus belles pièces du fonds Viollet-le-Duc, récemment acquises par le ministère grâce au mécénat de la société Eiffage.

Dans le hall d’accueil des Bons-Enfants, le musée des Plans-Reliefs présentera, dès le lundi 10 septembre, une exposition consacrée à Vauban. Vous pourrez par ailleurs, comme chaque année, visiter le Palais-Royal, qui abrite aujourd’hui le ministère de la Culture et de la Communication, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat, et la Comédie-Française.

Je tiens à souligner également l’ouverture en avant-première de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Vous pourrez y découvrir le musée des monuments français, entièrement réaménagé, qui retrace l’histoire de l’architecture française du XIIe siècle à nos jours.

Quant à la Réunion des musées nationaux, elle va ouvrir ses ateliers de moulage et d’imprimerie de Seine-Saint-Denis seront ouverts, pour laisser entrevoir les secrets de fabrication des objets d’art vendus dans les boutiques des musées.

Toujours en Seine-Saint-Denis, une manifestation qui me tient tout particulièrement à cœur se tiendra à Pierrefitte-sur-Seine. Comme vous le savez, c’est là, au cœur de la communauté d’agglomération de Plaine commune, que sera implanté le nouveau bâtiment des Archives nationales. A l’Hôtel de ville, une maquette du prestigieux établissement conçu par Massimiliano Fuksas sera exposée. Le public pourra également se familiariser avec les richesses de notre patrimoine archivistique grâce à une sélection de documents exceptionnellement sortis de leurs lieux de conservation. Parmi eux, un parchemin carolingien relatif à l’abbaye de Saint-Denis évoquant le territoire de Pierrefitte tel qu’il était au IXe siècle, mais aussi l’original de la loi constitutionnelle du 23 février 2007 sur l’interdiction de la peine de mort, scellée du grand sceau de la Ve République. Les enfants ne seront pas oubliés, puisque les écoles et les centres de loisirs les accueilleront dans le cadre d'ateliers et d’animations spécifiques.

Dans toutes les régions, des visites, des animations, des ateliers seront proposés au public. Le château d’Aulteribe, en Auvergne, présentera des travaux de restauration d’artisans ébénistes, de tapissiers-décorateurs, et d’horlogers. Sur le site archéologique de Glanum, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est la fouille archéologique qui sera mise à l’honneur, à travers des ateliers d’initiation. Très loin cette fois, en Guyane, à Cayenne, le musée des cultures guyanaises mettra en lumière le métier de conservateur de l’inventaire général du patrimoine culturel. A l’abbaye de Cluny, en Bourgogne, un maître-verrier réalisera une copie de vitrail, et un tailleur de pierre un chapiteau. Au château de Brissac, dans le Maine-et-Loire, ce sont 23 professionnels de la restauration du patrimoine qui présenteront leurs savoir-faire dans les salons du château : relieurs, marqueteurs, horlogers, orfèvres, brodeurs, costumiers, ciseleurs, ou encore bottiers. En Picardie, à la Manufacture royale de la tapisserie de Beauvais, les liciers feront une démonstration de leurs savoir-faire ancestraux. Je vous invite à consulter le volumineux dossier de presse, et à constater par vous-même la richesse des activités proposées sur tout le territoire.

Et parce qu’il est très important que chacun puisse s’approprier son histoire, je vais visiter tout à l’heure un site-pilote en matière d’accessibilité aux personnes handicapées, la Basilique de Saint-Denis où se déroule actuellement de nombreux travaux et notre engagement ne faiblira pas.

Grâce à un dispositif innovant, elle propose aujourd’hui des visites adaptées à tous les handicaps, visite tactile, visite conférence en langue des signes, visite adaptée aux personnes handicapées mentales et aux personnes en fauteuil. Je souhaite que les Journées soient aussi l’occasion de mettre en lumière de telles initiatives, qui ont valeur d’exemple.

Je tiens à remercier tous les partenaires qui se sont engagés aux côtés du ministère de la Culture et de la Communication pour soutenir ces Journées européennes du patrimoine.

Le Crédit Agricole, tout d’abord, dont les Caisses régionales et la Fondation « Pays de France » sont des partenaires privilégiés de tous les acteurs du patrimoine en région.

La Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, ensuite, qui regroupe 352 000 entreprises artisanales. Elle proposera des démonstrations de savoir-faire, partout en France.

Merci également à l’entreprise Karcher, et à la RATP, qui propose des animations originales autour de l’histoire des transports, dans des lieux méconnus et insolites.

Merci enfin à nos partenaires médias. France Télévisions mobilisera toutes ses chaînes pour relayer cet événement, et, pour la seconde année, ouvrira ses portes au public. A Paris et dans toutes les régions, les personnels, les journalistes et les animateurs des chaînes dévoileront aux visiteurs les coulisses du petit écran.

Merci également à Europe 1, et à la chaîne Histoire.

Je n’oublie pas, bien sûr, nos partenaires institutionnels, la Fondation du patrimoine, la Demeure historique, ainsi que les Vieilles Maisons françaises.

Quelle plus belle façon de faire aimer notre patrimoine que de montrer le génie, l’habileté, la patience qui ont présidé à leur création, et qui concourent aujourd’hui à les préserver et à les faire vivre ? Je souhaite que ces Journées attirent, encore une fois, un public très nombreux.

Les Journées européennes du Patrimoine sont une fête collective qui confortent l’appartenance à l’histoire et qui intègre notre patrimoine à notre vie.

J’invite chacun à profiter de ces Journées.

photos : Didier Plowy/MCC