Discours et communiqués de presse
Réouverture de la grande halle de la villette
exposition « Bêtes et Hommes »


lundi 10 septembre 2007



Madame la Vice-Présidente du Conseil régional, chère Marie-Pierre de la Gontrie,
Monsieur le Président de l’Etablissement public du Parc et de la Grande Halle de la Villette, cher Jacques Martial,
Monsieur le Président de la Cité des Sciences et de l’Industrie, cher François d’Aubert,
Monsieur le Directeur général de la Cité de la Musique, cher Laurent Bayle,
Madame la Directrice générale de l’Etablissement public du Parc et de la Grande Halle de la Villette,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

C’est un très grand plaisir pour moi d’inaugurer aujourd’hui à vos côtés la Grande Halle de la Villette enfin rendue au public après deux ans de travaux. La diversité des passions des personnes réunies ce soir est à l’image de la vocation de ce parc hors du commun : la musique, toutes les musiques, avec Laurent Bayle ; les sciences et leur histoire, avec François d’Aubert ; les arts du spectacle, avec Jacques Martial.

Construit en 1867 par l’architecte Jules de Mérindol, ce chef-d’œuvre de l’architecture industrielle, grande « halle aux bœufs », accueillait pourtant à l’époque une toute autre assemblée : garçons bouchers, « chevillards » parisiens, marchands de bestiaux et équarisseurs … des bêtes et des hommes, déjà !

On imagine aujourd’hui avec difficulté l’atmosphère zolienne qui pouvait régner dans ces bâtiments, tant leur transfiguration est spectaculaire. Les architectes Reichen et Robert, que je tiens à saluer, ont cependant su préserver l’âme de ce symbole du Paris du XIXe, dans leurs deux interventions successives : une première reconversion en 1983, et cet audacieux programme de rénovation, pour lequel l’Etat s’est fortement mobilisé, à la hauteur de 36 millions d’euros.

Le résultat est à la mesure des espoirs que nous fondons tous en ce Parc unique au monde, qui abrite plus d’un siècle de créations architecturales et paysagères. Véritable passerelle entre les arts, entre les formes, entre les disciplines, avec notamment la Cité des Sciences et de l’Industrie, la Géode, le Cabaret sauvage, le Zénith, la Cité de la musique, mais aussi le Conservatoire national de musique et de danse de Paris, ce jardin des cultures est aussi une passerelle entre le centre de Paris et la banlieue. Entre les arts, tous les arts, et une population très diverse, de tous les âges. Des jeunes musiciens aux promeneurs du dimanche, des amateurs de pique-nique aux amateurs d’art contemporain, des enfants attirés par la désormais célèbre « Crad’expo » aux parents fous de jazz.

C’est vraiment, à mes yeux, une chance extraordinaire que ce lieu de brassage, de métissage, de rencontres, visité chaque année par dix millions de visiteurs. C’est le lieu de toutes les curiosités et de tous les possibles. C’est un espace vivant, qui évolue en permanence avec bientôt l’arrivée du tramway des Maréchaux et la transformation des Grands Moulins de Paris, modifieront encore le visage de ce poumon de l’Est parisien.

C’est un véritable laboratoire de la démocratisation culturelle, et la Grande Halle en est le cœur. L’Etablissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette a pour mission de « développer et diffuser les activités artistiques, éducatives, et sociales ouvertes sur la ville ». Il le fait avec beaucoup de détermination et d’enthousiasme, emporté par l’énergie de son Président Jacques Martial, que je tiens à saluer.

Vous avez exprimé, aujourd’hui, mais aussi dès votre nomination, votre ferme volonté de faire de ce lieu celui de tous les publics, un temple de la diversité et du mélange des genres, un creuset de la citoyenneté. Je crois que vous avez là un merveilleux outil pour réaliser ce souhait.

Polyvalente, modulable, la Grande Halle est en effet aujourd’hui un instrument apte à répondre à l’audace, à l’originalité, et au « foisonnement » – c’est en effet le terme – de votre programmation.

Je pense aux festivals, tout d’abord, avec Jazz à la Villette, qui a permis d’apprécier, à la rentrée, en avant-première, la qualité de la rénovation de la salle Charlie Parker. Avec les Rencontres de la Villette, dédiées à l’origine au hip hop, et ouvertes ensuite à d’autres expressions artistiques. Avec aussi le festival de cinéma en plein air, merveilleuse façon de partager notre patrimoine cinématographique avec un large public.

Je pense au programme autour des arts populaires, dans le sens le plus noble du terme, qui met à l’honneur les arts du cirque, les arts de la rue, les bals, le cabaret.

Je pense enfin, bien sûr, aux grandes expositions, qui attirent depuis vingt ans un public toujours plus nombreux. Et ce, grâce à une recette qui a fait ses preuves, et qui est aujourd’hui la marque de fabrique, en quelque sorte, de la Villette : l’ouverture et l’exigence, la contemplation et la participation, la rencontre savamment orchestrée, et toujours spectaculairement mise en scène, d’un propos sur l’art, sur l’histoire et d’une réflexion sur notre société, autour d’un sujet fédérateur.

On se souvient de Cités Cinés, qui a ouvert le bal en 1988, racontant, par des extraits de films et des décors grandeur nature, l’histoire d’amour qu’entretient depuis toujours le cinéma avec nos villes. Plus récemment, le « Jardin planétaire » interrogeait notre rapport à notre environnement.

L’exposition « Bêtes et Hommes », que nous venons de découvrir, s’inscrit brillamment dans cette lignée.

Je félicite Vinciane Despret, commissaire générale de l’exposition, pour son inventivité. En mêlant pièces de musée, documentaires, et regards contemporains, à travers notamment des commandes spéciales de photographies, en invitant également les principaux intéressés, elle nous offre un voyage artistique et philosophique passionnant à partir de ce thème à la fois populaire, ancestral, et très actuel.

Je tiens à féliciter Patrick Bouchain, assisté d’Isabelle Allégret, pour ce dialogue inédit, et surprenant, entre l’architecture industrielle de la Halle et ce village de huttes et de tanières.

Je remercie également, à mon tour, pour leur soutien, le Conseil régional d’Ile de France, et les mécènes de cette exposition pas comme les autres, Nature & Découvertes, la fondation Sommer, la Fondation Orange, et la Fondation France Télévisions.

Je voudrais rendre hommage enfin au solide travail de médiation, et d’adaptation aux attentes de tous les publics.

Je pense aux activités pédagogiques, tout au long de l’année, aux ateliers, aux conférences en lien avec les manifestations temporaires, que les équipes de la Grande Halle organisent avec talent et enthousiasme. Je tiens à les saluer chaleureusement, et à les féliciter.

Je pense aussi au solide dispositif mis en place pour l’accessibilité des personnes handicapées. Tous les espaces sont accessibles, les ascenseurs sont adaptés aux personnes à mobilité réduite, mais aussi aux mal voyants et aux mal entendants, et des places spéciales leur sont réservées dans la salle Boris Vian. C’est un objectif que nous ne devons jamais perdre de vue, et je suis très heureuse que nos établissements publics fassent figure d’exemples en la matière.

Oui, l’art se conquiert, comme vous l’avez rappelé, cher Jacques Martial. Et vos armes, dans cette lutte contre la monotonie et l’indifférence, sont la surprise, l’étonnement, l’éveil permanent de la curiosité. Avec l’exposition « Bêtes et Hommes », la Grande Halle de la Villette frappe aujourd’hui les trois coups d’une programmation dense et diverse, à l’image d’un public que je souhaite très nombreux.

photos : Didier Plowy/MCC