Discours et communiqués de presse

 

Discours de Christine Albanel prononcé lundi 28 janvier 2008 à l'occasion de la remise du prix de l’Equerre d’argent à la Cité de l’architecture et du patrimoine

lundi 28 janvier 2008

prix de l’Equerre d’argent à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour remettre les Prix d’architecture organisés par le Moniteur.
L’architecture est l’art citoyen par excellence. Un art qu’on a trop souvent cantonné, ces dernières décennies, à gérer l’urgence, le présent, avec les dégâts que l’on sait, alors que c’est un art fondamentalement prospectif, fondateur, utopique. Un art qui bâtit notre avenir.
En oubliant l’architecture, on oublie l’homme. C’est tout à fait frappant dans les zones pour lesquelles on ne fait pas appel à vous, je pense aux entrées de ville, à certains lotissements, aux zones commerciales, à tous ces espaces dont la faible ambition architecturale pose aujourd’hui les problèmes esthétiques, humains, environnementaux que nous connaissons.
Nous avons aujourd’hui un réel besoin d’expertise architecturale dans des domaines qui dépassent le cadre de la simple construction.
Or, actuellement, la France compte deux fois moins d’architectes que la moyenne européenne par habitant. C’est tout à fait insuffisant.

C’est la raison pour laquelle le Président de la République veut offrir un nouveau souffle à l’architecture dans notre pays. Il l’a exprimé avec force ici-même, en inaugurant la Cité de l’architecture et du patrimoine en septembre dernier. Il l’a réaffirmé dans ses voeux à la presse le 8 janvier.
Il veut que vous puissiez exprimer pleinement votre liberté créatrice, partout où cela est possible, au service de la collectivité et de l’embellissement de notre cadre de vie.
C’est une nouvelle intelligence territoriale que nous appelons de nos voeux.
Le Grand Paris en sera le laboratoire. Le ministère de la Culture et de la Communication a lancé pour cela une consultation internationale de recherche et de développement : « le grand pari de l’agglomération
parisienne ».
Pendant plus de dix mois, dix équipes pluridisciplinaires imagineront l’avenir du Paris métropolitain. Les projets s’élaboreront en lien étroit avec les collectivités territoriales et au premier rang bien sûr la Ville de Paris et la région Ile-de-France. C’est un projet d’une ampleur exceptionnelle et je souhaite qu’il soit le fer de lance d’une nouvelle ambition pour l’architecture de notre pays.

Cette nouvelle ambition passe par une réflexion exigeante sur ces secteurs très règlementés que sont l’architecture et l’urbanisme. Les règles doivent être des garants à la fois de la bonne intégration des projets architecturaux dans nos paysages urbains et ruraux, et du respect de l’environnement.
Elles ne doivent pas être des freins à la créativité et à la construction du patrimoine de demain.
Les normes et l’audace ne sont pas incompatibles. Réussir à les concilier est le coeur même de votre métier.
C’est pourquoi le ministère de la Culture et de la Communication travaille, en concertation avec les autres ministères concernés – le Medad et le ministère du logement – sur des mesures significatives qui donneront aux architectes un rôle clé, un rôle de synthèse entre les enjeux économiques, sociaux, écologiques, esthétiques auxquels la construction doit répondre aujourd’hui.

La réflexion est bien avancée et je vous donne rendez-vous le 12 février prochain à l’Ecole d’architecture de Paris-Val-de-Seine pour vous en présenter le résultat. Nous avons ouvert des débats sur un certain nombre de sujets, que vous connaissez puisque j’en ai déjà parlé à plusieurs reprises : la pertinence du seuil d’intervention des architectes pour les constructions individuelles et les lotissements ; le problème de la qualité architecturale des entrées de ville et des zones commerciales ; la nécessité de développer le conseil en architecture auprès des collectivités ; et enfin, dans le cadre de la démarche de développement durable, l’importance, pour les architectes, de pouvoir travailler en fonction d’objectifs à atteindre plus que du respect mécanique de normes.

Soutenir l’architecture, c’est aussi transmettre la culture architecturale, faire des citoyens et notamment des plus jeunes, qui vivront dans le monde que nous leur construisons aujourd’hui, de véritables acteurs de leur cadre de vie. C’est une priorité. Le ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le ministère de l'Education Nationale, vient de publier un outil qui fera référence : Les Repères pédagogiques en architecture pour le jeune public. Je souhaite qu’il apprenne à nos enfants à mieux regarder cet art qui est tous les jours devant leurs yeux.

Le prix de l’Equerre d’argent participe à ce travail de sensibilisation. Il contribue à mieux faire connaître votre profession, dans la diversité de ses talents et de leurs expressions. Le débat autour du palmarès 2007 prouve la vitalité du milieu de l’architecture, sans remettre en cause un prix qui distingue des oeuvres de qualité depuis maintenant 25 éditions.
Je suis très heureuse et très fière de procéder maintenant à la remise des Prix.

Les deux Prix que je vais maintenant remettre représentent un hommage significatif aux jeunes talents auxquels je souhaite que les maîtres d’ouvrage fassent plus souvent appel.
La mention du jury a été attribuée à Grégoire Dumont et à Olivier Legrand, auteurs d’un préau à Versailles.
Le jury a décerné le prix de la Première Oeuvre à Pierre-André Comte et à Stéphane Vollenweider, pour la Cité artisanale et la mairie de Valbonne dans les Alpes-Maritimes.
Le jury international de l’Equerre d’argent a distingué l’oeuvre des deux architectes bordelais Nathalie Franck et Yves Ballot pour la restructuration et l’extension du groupe scolaire Nuyens. Je suis heureuse de leur remettre ce Prix, ainsi qu’à leur maître d’ouvrage, la communauté urbaine de Bordeaux. Je les félicite chaleureusement.

photo : Didier Plowy/MCC