Discours et communiqués de presse

Installation du conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel

vendredi 11 juillet 2008

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation et accepté de participer à cette première réunion, depuis plusieurs années, du conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel.

Je sais que c’est une demande que les représentants des collectivités territoriales avaient exprimée lors des entretiens de Valois et j’avais immédiatement accepté cette proposition. En effet, lors de ces entretiens mais aussi lors des nombreuses réunions que j’ai pu tenir avec les diverses associations d’élus, je me suis rendu compte à quel point il était important de renouer ensemble un dialogue de qualité.

Je sais que nos positions peuvent parfois diverger. Mais la politique culturelle est aujourd’hui une compétence que nous partageons. Faire vivre l’exceptionnel maillage culturel de notre territoire est de notre responsabilité à tous.

A nous maintenant de créer les conditions d’un travail en commun de qualité. Je suis persuadée que le conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel jouera, à cet égard, un rôle précieux.

C'est, en quelque sorte, une renaissance: j'emploie ce terme à dessein pour montrer la très grande importance que j'attache au dialogue et à la concertation avec les collectivités territoriales en particulier dans cette période de réforme et de changements.

Depuis les lois de décentralisation du début des années 1980, le paysage culturel de la France a profondément évolué et les collectivités territoriales ont joué dans cette évolution un rôle majeur.

Les élus des communes, des départements et des Régions, puis des structures intercommunales, aidés par des services techniques de plus en plus qualifiés, se sont engagés avec beaucoup de détermination et de constance dans tous les secteurs culturels, le patrimoine, la création, la diffusion ou les enseignements.

Les collectivités territoriales sont désormais pleinement matures en matière culturelle. Leur légitimité vis-à-vis du public et des professionnels culturels est totale.

Dans le même temps, le mode d'intervention de l'Etat a changé.

L'Etat n'est plus, dans les régions, le prescripteur unique auquel les autres acteurs publics doivent s'accorder. Il est le plus souvent un partenaire, il n'impose pas mais propose. Il ne prend de décisions seul que dans de rares cas, comme par exemple la protection du patrimoine, même si ce sujet lui aussi s'ouvre de plus en plus à la concertation et au débat.

Les directeurs régionaux des affaires culturelles et leurs équipes sont au cœur de ces évolutions du mode d'intervention de l'Etat.

Cette nouvelle donne, j'en prends acte et je la considère comme un acquis, car l'Etat, s'il conserve bien entendu une grande ambition pour la culture, doit tenir compte des responsabilités que les collectivités territoriales assument désormais pleinement.

Cette évolution est saine mais elle nécessite de faire vivre des cadres d' échanges, de débats, de travail et de réflexion: c'est le sens de la ré-installation du conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel et je vous remercie tous, représentants des associations d'élus, des partenaires ministériels et personnalités qualifiées, d'avoir bien voulu accepter d'apporter votre contribution à ces travaux.

Je veux construire avec vous un dialogue d'égal à égal, pour concevoir et faire vivre des partenariats adaptés, évolutifs et différenciés selon les sujets.

Cette proposition, elle est tout le contraire d'un désengagement de l'Etat : je me bats pour défendre le budget de la culture et j'ai confiance dans les décisions qui seront prises. Soyez assurés que j’attache la plus grand importance notamment au spectacle vivant et aux monuments historiques qui constituent à mon sens une véritable priorité budgétaire.

Dans le domaine du spectacle vivant par exemple, je sais mieux que quiconque que si nous ne maintenons pas un niveau élevé d’engagement budgétaire, nous ne pourrons pas faire évoluer les modes de partenariat avec les collectivités territoriales.

La première règle de ce partenariat, c'est le respect du partenaire. Nous ne pourrons pas travailler ensemble si vous n’avez pas confiance dans les engagements concrets de l’Etat.
Il faut que nous agissions en matière culturelle à partir d'une réflexion et d'une analyse communes. Sans cela, il sera plus difficile, voire impossible de faire progresser la place de l'art et de la culture dans notre société.

La démocratisation culturelle, par exemple, est un puissant moteur pour une ambition commune et elle nécessite un travail étroit avec les collectivités territoriales!

Si nous voulons mieux maîtriser les processus économiques de la production artistique, comment y parvenir si nous n'agissons pas côte à côte?

Et les labels auxquels nous sommes attachés, d'abord parce qu'ils sont un signal de reconnaissance pour le public, pourquoi ne pas les concevoir et les faire vivre ensemble?

Ce sont quelques pistes parmi toutes celles que nous pouvons ouvrir. Je serai très heureuse d'entendre vos propres analyses et propositions.

Je voudrais dire un mot maintenant sur la méthode que nous pourrions adopter au sein de ce conseil.

Il me semble souhaitable que nous identifiions tous ensemble 3 ou 4 thèmes sur lesquels nous pourrions organiser des groupes de travail thématique restreints afin de permettre à la réflexion de déboucher rapidement sur des mesures concrètes qui pourraient être validées par notre conseil.

Le fonctionnement en groupe de travail a parfaitement fonctionné dans le cadre des entretiens de Valois. Inutile de réinventer autre chose. Si vous en êtes d’accord, nous pourrions avaliser ce point.

S’agissant des thèmes des travaux, je vois pour ma part 4 grandes familles de sujets.

La première porte sur la transmissions des savoirs, qu'il s'agisse de l'éducation artistique, des enseignements spécialisés ou de la formation supérieure. Ces enjeux sont au cœur des politiques culturelles parce qu'ils correspondent tout à la fois à l'ambition de démocratisation et à la nécessité de former des professionnels, la France ayant une carte à jouer en Europe dans ce domaine, j’en suis convaincue.

Le deuxième ensemble concerne le spectacle vivant et les suites des Entretiens de Valois, je n'insiste pas mais ce sujet est évidemment majeur.

Un troisième ensemble pourrait porter sur la télévision. Il serait sûrement très utile que nous analysions ensemble les conséquences de la fin de la télévision par voie hertzienne en 2011 et à son remplacement par la TNT: c'est une révolution car nos concitoyens bénéficieront ainsi de 18 chaines avec une qualité améliorée mais cela nécessite une préparation qu'il faut mûrement réfléchir.

Enfin, je pense que nous aurions intérêt à travailler sur le patrimoine historique bâti, atout essentiel pour notre pays du point de vue de la connaissance, de l'identité, du développement, de l'attractivité ; des transferts avaient eu lieu récemment au profit des collectivités locales. Je souhaite recueillir vos avis pour savoir s’il est utile, souhaitable d’aller plus loin et si cela répond à une véritable demande de votre part.

Vous avez vous-même sûrement des réflexions ou des propositions à formuler et je serai très heureuse d’engager le débat sur ces sujets.

A l'issue de ces échanges, je vous proposerai deux points d'information sur la RGPP – la révision générale des politiques publiques – et son application au ministère de la Culture et de la Communication ainsi que sur les réformes engagées dans le secteur du patrimoine.

Je vous invite maintenant à engager la discussion que j'aborde moi-même avec beaucoup d'intérêt car je suis convaincue que nous avons beaucoup de voies à explorer ensemble.

Je vous remercie de votre attention.