Discours et communiqués de presse

 

 

Forum D’AVIGNON 2008

« CULTURE – ECONOMIE – MEDIAS »

mardi 18 novembre – Discours de clôture

Votre Altesse,
Mesdames et messieurs les ministres,
Chers Renaud DONNEDIEU DE VABRES et Nicolas SEYDOUX,
Cher Jacques SEGUELA,
Cher Jacques ATTALI,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je voudrais tout d’abord vous remercier tous, très chaleureusement, d’avoir contribué à la réussite de ce rendez-vous inédit – et pionnier, à n’en pas douter.

Vous remercier d’avoir apporté vos regards, vos expertises, vos expériences, en provenance de tous les horizons – et d’abord de tous les horizons géographiques : de la France, de l’Europe et du monde. Je salue au passage nos hôtes les plus lointains, venus du Cambodge et de Corée du Sud.

De tous les horizons professionnels, ensuite : représentants des pouvoirs publics et de la société civile ; créateurs de toutes les disciplines : architecture, arts plastiques, cinéma, danse, design, littérature, musique, théâtre ; mais aussi acteurs de la finance, de l’Internet, et de toutes les industries culturelles et de médias ; ou encore de la philosophie et de la réflexion prospective.

Sans oublier la gastronomie dont nous avons pu constater à quel point elle pouvait réunir, en un bouquet éblouissant pour les papilles, innovation et patrimoine, terroir et mondialisation. Je crois que nous ne sommes pas prêts d’oublier « l’œuvre culinaire totale » d’Heston Blumenthal, dont les saveurs marines associées au cri des mouettes nous ont offert une version – savoureuse, cette fois – de la cuisine futuriste de Marinetti, qui préconisait d’associer le goût des olives au bruit d’un aéroplane.

Toutes les parties prenantes de la création étaient donc présentes, celles de la distribution et de la diffusion des œuvres également, tous ceux qui interviennent dans la chaîne de valeur des biens culturels, tous ceux dont les décisions et les politiques ont une influence sur la culture et son économie.

Toutes les générations, également, étaient représentés, celles qui ont grandi avec le numérique et celles pour qui il constitue un développement récent.

De ces deux journées d’échanges a émergé une image plus claire, plus exacte des relations entre culture, économie et médias. Le foisonnement des idées et des conceptions ont donné naissance à une perception originale, d’autant plus fidèle qu’elle ne néglige aucun aspect de la relation entre ces différents univers.

Surtout, et je m’en félicite tout particulièrement, vos débats ont permis de formuler une série de lignes directrices, destinées à guider la coopération des acteurs eux-mêmes mais également l’action des pouvoirs publics. Ces principes, et leurs possibles déclinaisons concrètes – je reviendrai plus en détail sur leur contenu –, je m’engage à en assurer la promotion, tant auprès de mes collègues des Etats membres de l’Union européenne que des institutions communautaires. Car c’est là – et même au-delà – que se situe le niveau le plus pertinent d’action.

Cher Louis SCHWEITZER, lorsque vous avec tiré hier matin les enseignements de notre séance d’ouverture, le premier point sur lequel vous avez insisté c’est le dynamisme et le perpétuel renouvellement de la culture comme activité économique.

Et certes, ce Forum nous en a donné la certitude : d’Angkor à Liverpool, la culture, véhiculée par l’action des médias, est un secteur particulièrement créateur de richesses et d’emplois, à la fois directement et indirectement, dont bénéficient les destinataires des œuvres, les territoires et les citoyens.

Ce n’est pas à proprement parler un scoop que je vous livre – nous l’avions observé chacun de notre côté, chacun à notre niveau. Mais c’est la première fois qu’une assemblée aussi représentative et, de ce fait, aussi légitime que la vôtre se réunit pour l’affirmer haut et fort. Avec, à l’appui, des exemples éloquents dans tous les domaines et – je tiens à insister fortement sur ce point – dans tous les pays. Car la première des nombreuses vertus de ce Forum a bien été de replacer les enjeux des industries culturelles dans leur véritable contexte, qui est celui des flux mondiaux de circulation des richesses, des œuvres et des hommes.

J’ai, bien entendu, été frappée, comme nous tous, par les chiffres dont faisait état Klaus WOWEREIT : 13% du PIB et de 10% de l’emploi de la ville de Berlin sont désormais imputables à la culture.

L’exemple de Bilbao, développé par son maire Inaki AZUKUNA-URRETA, est tout aussi remarquable : un taux de chômage qui plonge de 24% à 6% en dix ans, 45 000 emplois directs créés, et au total, plus d’un milliard et demi d’euros de retombées économiques – à rapporter aux 150 millions d’euros qu’a représenté la construction de son musée.

Quel « junk bond » douteux pourrait se targuer d’un pareil retour sur investissement .

Jean NOUVEL nous l’a dit : le coût, économique et social, des erreurs commises par les architectes et les urbanistes est colossal, car le cadre de vie structure l’identité de chaque individu et la perception – valorisante ou non – que celui-ci peut avoir de lui-même.

Mais les bienfaits, pour la société et l’économie, des réussites en matière de qualité architecturale et environnementale sont tout aussi considérables – même s’ils restent le plus souvent invisibles car « fondus », indissociablement, comme ingrédient de la cohésion nationale.

Loin d’être le vilain petit canard de l’activité économique, le secteur culturel en serait donc plutôt, comme dans la fable de La Fontaine, la poule aux œufs d’or.

Certes, le processus de création et la rencontre avec le public – ou avec la foule des citoyens, dans le cas de l’architecture – restent quelque chose de mystérieux, dont il est difficile d’identifier chacune des composantes.

Le d’Alembert qui aurait, en ce domaine, découvert la « martingale » n’est pas encore né – bien que certaines personnalités ici présentes soient considérées, dans leurs spécialités respectives, comme des magiciens du chiffre !

Même si la fonction naturelle, première, de l’art et de la culture n’est pas de produire de la richesse matérielle, mais spirituelle et esthétique, le résultat est bel et bien là, incontestable.

Ce constat est d’autant plus frappant qu’il peut être dressé au cours de la période de crise économique sévère que nous traversons. En France par exemple, la culture constitue un poste de dépense des ménages qui, globalement, ne donne aucun signe de fléchissement : plus de 30 Mds d’euros annuels. Le budget total du ministère de la Culture représente, pour mémoire… un dixième de cette somme !

Malgré les inquiétudes de nos concitoyens quant à leur pouvoir d’achat, la fréquentation des cinémas, des musées, des grandes expositions de la rentrée, des salles de concert, est plus qu’encourageante. La valeur produite par l’édition représente 5 Mds d’euros, celle de la presse 5,3 Mds d’euros, la télévision 6,6 Mds d’euros…

Et il ne faut pas oublier les retombées économiques indirectes sur une ville, une région, c’est-à-dire l’ensemble des dépenses connexes réalisées par le public à l’occasion d’une sortie culturelle ou d’un voyage pour découvrir un monument.

« Culture et croissance économique » : lorsque le projet du Forum d’Avignon a été lancé par ses précurseurs, aucun ne pensait que le thème choisi serait d’une aussi brûlante actualité !

Car, Philipe STARCK le soulignait : en période de crise, le salut vient de l’innovation et de la capacité des entrepreneurs qui la mettent en valeur à « rester différents ». C'est-à-dire, à proposer au consommateur un bien ou un service que personne d’autre ne lui offre.

Or quel secteur, mieux que la culture, peut permettre de tirer parti de ce paradigme, puisque le renouvellement perpétuel de la création et des talents constitue son fondement même ? Puisqu’elle constitue le cœur de ce que l’on appelle désormais « l’économie de l’immatériel » ?

Investir dans la culture n’est donc pas nécessairement, cher Patrick ZELNIK, une décision « Naïve ». C’est très souvent, je le sais, le résultat d’un coup de cœur, mais cela peut également procéder d’un choix éminemment rationnel : c’est la seconde leçon, cher Louis SCWHEITZER, que vous tiriez des échanges intervenus hier matin.

C’est pourquoi j’ai envie de dire, en m’adressant aux simples particuliers comme aux entreprises ou aux organismes de crédit – et à ces derniers plus que jamais, dans le contexte que nous connaissons – : ne vous laissez pas abuser par les caricatures, investissez dans l’économie de la culture, soutenez son développement ! C’est un choix responsable, exemplaire, mais qui peut aussi être profitable, et qui a l’immense mérite de réconcilier création de richesse, développement de la diversité culturelle, et cohésion sociale.

Porter ce message, ainsi que je m’y attache depuis le premier jour où le Président de la République m’a confié les fonctions de ministre de la Culture, ce n’est pas nier la spécificité des œuvres culturelles. C’est au contraire leur restituer toute leur incomparable complexité.

Les créations culturelles sont aujourd’hui, à la fois, des œuvres irréductibles de l’esprit et des biens économiques. C’est ce que souligne à très juste titre la Convention sur la diversité culturelle de l’UNESCO du 20 octobre 2005 – Convention dont je tiens à saluer, à l’occasion de ce colloque, les artisans : Renaud DONNEDIEU DE VABRES, bien évidemment, mais aussi Jean MUSITELLI et Pascal ROGARD dont je connais la passion, l’engagement et la compétence qu’ils ont déployées au service de cette cause.

Facteur de cohésion sociale et vecteurs de l’identité des peuples, les œuvres culturelles sont constitutives de l’imaginaire collectif de l’humanité. Si elles sont des biens négociables elles ne peuvent jamais, pour autant, se réduire à cette seule dimension pour être considérées comme de simples marchandises.

C’est d’ailleurs la conscience de cette particularité des biens culturels, qui nourrit le malaise très fort que nous ressentons lorsque nous avons le sentiment qu’ils deviennent le jeu d’une pure et simple spéculation. La croissance exponentielle de la cote de YUE MINJUN, dont nous entretenait Laurent DASSAULT, expliquerait-elle le caractère de plus en plus sardonique du sourire qui barre le visage du personnage fétiche de cet artiste ?

C’est pourquoi nous ne devons pas perdre de vue la leçon de son Altesse AGA KHAN et de son Excellence Narith BUN, qui ont insisté sur la nécessité de penser le développement culturel sur le long terme, afin d’éviter les coûts sociaux et les effets pervers sur la qualité de la création induits par une logique spéculative.

Le lien entre investissement et longue durée est donc aussi nécessaire en matière culturelle que dans les autres secteurs de l’économie réelle. Ici aussi, des « choix durables » doivent être faits, comme l’a expliqué Klestil Tredal THORSEN l’architecte de l’opéra d’Oslo.

Certes, le marketing et la publicité sont utiles à la diffusion des biens culturels qu’ils promeuvent. Mais comme vous l’avez souligné, cher Jacques SEGUELA, la communication, même confiée à un orfèvre en la matière, a ses limites : « La publicité est comme la plus belle femme du monde : elle ne peut pas donner plus que ce qu’elle a ». Ce qui est une façon aussi réaliste que pédagogique de rappeler la primauté du contenu.

C’est pour ces raisons que l’Europe a toujours exigé un traitement particulier pour les biens culturels au sein des négociations commerciales internationales. C’est pour cette raison qu’il est indispensable de permettre aux Etats de mener des politiques publiques qui favorisent la diversité et régulent des forces dont le jeu aveugle aboutirait à uniformiser et à niveler la création culturelle.

Pour cela, la collaboration entre administrations chargées de la culture et administrations chargées de l’économie doit être encouragée à tous les niveaux de l’action publique. En effet, affirmer que la culture est créatrice de richesses et d’emplois est une chose, en tirer toutes les conclusions pour valoriser ce potentiel en est une autre.

J’ai dit hier que je voyais ce Forum, non pas comme un aboutissement, mais bien comme un point de départ.

Le point de départ d’une réflexion sur la politique et les moyens concrets à mettre en œuvre à toutes les strates de la décision publique : locale, nationale, européenne, internationale.

Il n’y a sans doute pas de solutions toutes faites. Il y a des choses qui fonctionnent, des mécanismes de régulation, voire d’intervention plus directe, qui ont déjà fait leurs preuves ici ou ailleurs.

Vivian REDING citait, hier, l’exemplaire programme MEDIA, mis en œuvre par la Commission européenne, et annonçait la bibliothèque numérique Europeana, que j’aurais le grand plaisir de lancer ce jeudi avec le président José Manuel BARROSO.

Mais partout, en Europe ou dans le monde, ont été mis en place d’autres dispositifs exemplaires, qui peuvent nourrir la réflexion, que celle-ci soit menée dans le cadre national ou au contraire mise en commun. On en trouve dans tous les domaines : je pense au récent et ingénieux programme britannique Own Art, mais j’aurais pu citer la loi française sur le prix unique du livre… S’il y a un domaine où les modalités d’intervention publique diffèrent d’un pays à l’autre, on le sait, c’est bien la culture !

Vous avez évoqué, pendant ce Forum, tous les leviers de l’intervention. Aucun ne doit être exclu : régulation, réglementation, aides directes, politique fiscale, labellisation...

Pour ma part, j’ai privilégié au cours des dix-huit derniers mois deux axes de travail pour encourager l’économie de la culture.

D’abord, j’ai veiller à élargir les conditions du recours au mécénat, dispositif éminemment vertueux car il scelle la participation de la société civile aux objectifs de la politique culturelle.

En premier lieu, j’ai fait en sorte que les particuliers qui soutiennent le spectacle vivant et les expositions d’art contemporain puissent bénéficier, depuis cette année, de l’avantage fiscal correspondant. J’espère que les festivals locaux, notamment, qu’il s’agisse de musique ou de théâtre, pourront en percevoir rapidement les retombées.

Mon second chantier a été celui de la création d’un instrument juridique nouveau, le « Fonds de dotation », voté à l’occasion de la loi de modernisation de l’économie. Inspiré de l’exemple anglo-saxon – encore une illustration réussie de la circulation des idées en ce domaine – il est destiné à encourager le mécénat de très long terme.

Le Louvre devrait être le premier utilisateur de cette innovation dont je suis particulièrement fière.

En dernier lieu, je suis en mesure de vous annoncer que le PLFR 2008 comportera une série de dispositions destinées à encourager l’acquisition d’œuvres d’artistes vivants par les mécènes, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises : notamment, le plafond de l’avantage fiscal sera doublé dans le cas des PME – à 1% du chiffre d’affaires au lieu de 0,5% – et le dispositif sera étendu aux professions libérales. J’en profite pour saluer au passage Martin BETHENOD, dont le brillant rapport a inspiré ces mesures destinées à multiplier le nombre de collectionneurs.

Le second axe de mon action a consisté améliorer les conditions nécessaires à la compétitivité et au développement des industries culturelles – et notamment leur cadre juridique.

Ainsi, c’est dans cet axe que s’inscrit le projet de loi « Création et Internet », que j’évoquai hier et en faveur duquel je fais appel, une fois de plus, à votre soutien. Car il en va, pour les créateurs et les entreprises qui les soutiennent, de leur sécurité juridique la plus élémentaire.

Je souhaite que l’approche qu’il systématise, pédagogique mais mise en œuvre à grande échelle, puisse inspirer d’autres pays, comme la France s’est elle-même inspirée, à l’origine, de la « réponse graduée » contractuelle développée aux Etats-Unis, au Canada, au Japon ou en Norvège.

Il est vain d’inciter les industries de la musique et du cinéma à lancer des offres culturelles sur Internet si, parallèlement, l’effort nécessaire de prévention du piratage n’est pas réalisé : car les contenus piratés capteront bien évidemment une part importante de la demande. Les investisseurs demeurent donc dissuadés de consacrer à l’amélioration de leurs propositions commerciales tous les moyens nécessaires.

C’est ce cercle vicieux – dont l’existence vient d’être démontrée par une toute récente étude des économistes Robert Zarader et Laurent Benzoni (présent parmi nous) – qu’il faut briser ! C’est l’obstacle que constitue le piratage à l’apparition de nouveaux modèles économiques stables, profitables aux consommateurs autant qu’aux créateurs, qu’il faut écarter !

Le combat pour un taux de TVA spécifique applicable aux biens et services culturels, notamment en ligne, est peut-être encore plus difficile à mener. Il suppose en effet, vous le savez, une position unanime des Etats membres de l’Union européenne. Nous ne pouvons donc pas compter sur l’exemple réussi que pourraient offrir à leurs partenaires les Etats membres d’un « groupe de tête ».

Mais je crois, très profondément, à la justesse, notamment économique, de ce combat. Nous avons déjà pu constater, dans d’autres secteurs, le caractère stimulant pour la demande de taux de TVA ciblés. Je pense notamment aux travaux réalisés au domicile des particuliers. Cette mesure a d’ailleurs eu pour vertu, au passage, de faire disparaître très largement le travail au noir. La TVA réduite sur la musique et les films pourrait, de même, avoir une incidence directe sur le piratage en abaissant de près d’1/6ème le coût pour le consommateur.

Dans les mois qui viennent, je souhaite aller encore plus loin.

Je l’ai dit, à l’occasion des toutes récentes « Arènes de l’Indépendance », les PME culturelles de tous les secteurs – cinéma, musique, librairie, marché de l’art entre autres – constituent un réservoir irremplaçable d’emplois et de renouvellement ou de diffusion de la création.

Je suis d’ailleurs frappé par la convergence des conclusions de ce Forum avec celles des « Arènes de l’indépendance ». Il est vrai que si de très grands groupes étaient représentés ici, l’immense majorité – parfois plus des 9/10èmes – des acteurs des industries culturelles sont des PME ou des TPE.

Et celles-ci forment souvent, avec les plus grandes entreprises, un réseau complémentaire et cohérent, aux besoins et aux intérêts largement communs. Le secteur de la musique en donne une bonne illustration : nombreuses sont les coopérations exemplaires entre les fameuses « majors » – qui ne sont en fait que de grosses PME – et les indépendants.

Je crois donc que le moment est venu, pour l’Union européenne, d’envisager un faisceau de mesures spécifiques en faveur de ces entreprises, dont le principe peut d’ailleurs être trouvé au moins en partie dans le tout récent « Small business act » présenté par la Commission européenne le 25 juin dernier.

Tous les sujets qui déterminent la vie d’une entreprise – outre la protection des œuvres sous droits et la mise en place d’une fiscalité spécifique – devront être envisagés :

Les fonds propres des PME culturelles sont souvent insuffisants. La question des mesures d’incitation – notamment fiscales – qui pourraient encourager les acteurs économiques ou les particuliers à effectuer des apports en capital pourrait donc être posée.

Pour sa part, la question de l’accès au crédit se pose bien entendu avec une acuité renouvelée dans le contexte de crise financière que nous connaissons. Les pouvoirs publics, en Europe et au-delà, ont rappelé les établissements financiers à leurs obligations à l’égard de l’économie productive. Et nous savons quelle a été, sur ce point, la contribution du Président de la République. Je veillerai à ce que les industries culturelles ne soient pas oubliées

La production culturelle doit pouvoir être distribuée sur l’ensemble des territoires.

Or l’ensemble des détaillants de biens culturels – libraires, disquaires, vidéo-clubs, galeristes – rencontrent des difficultés similaires, à cause notamment du montant des loyers ou de la fiscalité. Une réflexion transversale doit donc être entamée à ce sujet, ainsi que sur celui de la durée d’exposition des œuvres culturelles en magasin, dans les bacs des disquaires comme sur les rayonnages des libraires, qui doit être préservée et encouragée.

Plus généralement, il revient aux pouvoirs publics de veiller à ce que la chaîne de valeur garantisse aux créateurs, à leurs producteurs et à leurs distributeurs une juste rémunération du travail et des investissements de chacun. Je pense, par exemple, à la question des remises. Mais également à celle de la distribution des œuvres musicales et audiovisuelles sur les réseaux numériques. Si l’on veut éviter un tarissement, à terme, de la création, les offres proposées aux internautes par les opérateurs de communication doivent profiter à tous et pas seulement au consommateur et au distributeur.

L’idée générale d’aménager le droit de la concurrence de façon à ce que les PME, facteurs d’emplois, puissent survivre, fait son chemin au niveau communautaire. J’ai cité tout à l’heure le « Small business act » de la Commission européenne.

Je crois qu’il faut maintenant en décliner les principes au domaine particulier des entreprises culturelles. Le maintien et le développement de la diversité doit être regardé comme un objectif d’intérêt général, qui justifie que des dérogations puissent être apportées aux règles de la concurrence « pure et parfaite ».

Au total, voilà une « feuille de route » consistante ! Tâche lourde, mais motivante, que d’en assurer la promotion et je l’espère la mise en œuvre ! Je tiens à vous assurer que vous pourrez, dans ces nouveaux combats, pleinement compter sur mon engagement.

Car c’est ainsi, Mesdames et messieurs, chers amis, que la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles pourra entrer dans les faits. Favorisée par des politiques publiques adaptées, réalisée par une multitude d’initiatives créatives privées intégrées dans les circuits économiques traditionnels et numériques, l’épanouissement des expressions culturelles se fera dans le respect de la double nature des biens culturels.

Nous l’avons bien vu, ce Forum répond au besoin réel de décloisonner les mondes de la Culture, de l’économie et des Médias. Mais notre objectif de cette année, à savoir favoriser la croissance de la Culture et la croissance par la Culture, doit s’inscrire dans une volonté, plus large, de collaboration pérenne entre toutes les parties prenantes d’une création à la fois diverse et intégrée dans les flux économiques.

Je souhaite donc, avec vous, que ce Forum devienne un rendez-vous annuel et qu’il suscite, tous les ans, des échanges aussi constructifs que cette première édition !

Il ne me reste donc plus qu’à vous remercier, une nouvelle fois, pour votre éminente contribution – et à vous donner rendez-vous pour l’édition 2009 du Forum Culture, Economie et Médias.