J'apprends avec tristesse la disparition de Pierre Miquel.
Avec ce grand historien, professeur émérite à l'université
de la Sorbonne, et auteur d'une oeuvre multiforme qui a sondé la mémoire
de l'histoire de France dans toute sa diversité, disparaît un
éminent spécialiste de la Première Guerre mondiale, des
arcanes du Traité de Versailles, de la vie des Poilus et des tranchées.
Mais Pierre Miquel n'était pas seulement un membre érudit des
institutions académiques : brillant conteur, doué d'une verve
chaleureuse, il a su mettre son talent au service de la radio et de la télévision
pour enchanter auditeurs et spectateurs.
Ses innombrables récits, ses documentaires comme Les
Oubliés de l'histoire, ses manuels comme La
Grande guerre, ont permis à des générations entières
de se familiariser avec leur histoire, de la Révolution à la
tragédie de Verdun, des Guerres de religion au Chemin des dames.
Il savait mieux que quiconque révéler l'enjeu en distillant
l'anecdote, éclairer le destin collectif en illustrant la vie privée
des hommes.
Passeur essentiel, ce « faiseur d'histoire » rendait à
chacun son passé dans une proximité et une évidence qui
n'appartiennent qu'au génie populaire.
Témoin éclairé de son temps, il présidait l’Institut
de journalisme depuis 1974 et avait participé, en 2005, à la
mission de réflexion et de réorganisation administrative des
archives nationales, rassemblant dans la même ardeur les exigences du
métier de journaliste et la rigueur du chercheur historien.