A l’occasion de la présentation, le 24 septembre 2007, au Centre Georges Pompidou, de l’Adoration du Veau de Francis Picabia, acquis grâce au mécénat de grands donateurs privés et de la Société des amis du musée, Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a fait part de son intention de lancer, «à très brève échéance», un véritable «Plan de renouveau pour le marché de l’art français».

La Ministre a dressé un bilan de la situation actuelle et souligné que si la France demeure un grand marché de l’art, elle se situe désormais très loin derrière les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Elle a rappelé que le chiffre d’affaires de Drouot en 1950 équivalait à la somme de celui de Christie’s et Sotheby’s, alors que ces deux maisons contrôlent désormais, à elles seules, plus de 70% des ventes mondiales. Or le marché de l’art constitue, au-delà de son importance économique, le support de la création et le vecteur de sa diffusion. C’est aussi l’un des lieux essentiels du rayonnement culturel international de la France. Les enjeux sont donc multiples pour Christine Albanel, qui a fait part de son intention d’agir avec détermination, de concert avec tous les professionnels du secteur, pour renverser cette tendance.
Elle présentera donc à l’approbation du Premier Ministre et du Président de la République, qui en a fait l’un des thèmes majeurs de la lettre de mission qu’il lui a adressée, une série de mesures qui devront s’attaquer à chacune des entraves au dynamisme de ce marché.

Quatre pistes de travail ont été évoquées par la Ministre de la Culture et de la Communication. Il s’agit, en premier lieu, de développer le nombre de collectionneurs français, notamment en facilitant la première acquisition d’une oeuvre d’art par un dispositif de crédit d’impôt, ou encore de prêt sans intérêt qui pourrait s’inspirer du programme anglais Own Art.
En deuxième lieu, les mesures arrêtées devront favoriser le retour en France de ventes qui s’effectuent à l’étranger, ce qui suppose un allègement et une simplification, concertée avec nos partenaires Européens, de la fiscalité de ce marché. La TVA à l’importation, appliquée à l’entrée de l’Union européenne et qui détourne les ventes vers des places comme New York, Tokyo ou Genève, ainsi que le taux non réduit de TVA appliqué à certaines catégories d’oeuvres, devront faire l’objet d’un examen particulièrement attentif. Christine Albanel a également évoqué un crédit d’impôt pour les ventes re-localisées ainsi que la possibilité de favoriser, par la création d’un statut fiscal spécifique, l’installation en France de plasticiens étrangers.

Le troisième volet du plan annoncé devrait amener les pouvoirs publics à inciter et à accompagner les professionnels dans la modernisation de leurs entreprises. La nécessité de créer des bureaux de représentation à l’étranger, ou encore l’allègement de contraintes administratives comme le «livre de police» des ventes aux enchères, ont été évoqués par la Ministre, de même que l’amélioration du cadre juridique des ventes en ligne.
La Ministre a souhaité, en quatrième lieu, que soit entreprise une réflexion sur les modalités d’intervention de l’État sur le marché de l’art. Elle a souligné qu’une bonne connaissance statistique et économique de ce marché constituait un préalable indispensable à toute action efficace des pouvoirs publics. Christine Albanel a également évoqué une amélioration de l’organisation administrative, qui permettrait de dissocier plus nettement les différents rôles de l’État en tant qu’auteur de la réglementation et en tant qu’acheteur sur ce marché.

Christine Albanel a enfin annoncé sa décision de confier à Martin Bethenod, ancien délégué aux arts plastiques et actuel commissaire général de la FIAC, une mission pour expertiser et approfondir ces différentes pistes de travail. A cet effet Martin Bethenod, qui pourrait être entouré d’un ou deux experts, devra entendre toutes les parties prenantes du marché de l’art ainsi que des personnalités particulièrement qualifiées.