Avec Lili Boniche, nous perdons l'une des très grandes
figures de la musique judéo-arabe et de la culture populaire algéroise.
C'était un chanteur aux accents vraiment prenants, mais aussi un véritable
virtuose du luth qui très tôt, très jeune, dès
les années trente, avait eu le bonheur de toucher les larges publics
que son très grand talent méritait.
A l'âge de 15 ans, il s'était vu confier une émission
sur Radio-Alger. Dès lors, sa voix et l'inspiration de son jeu de luth
ne cesseront de charmer les Algérois, qui continueront avec nostalgie
d'écouter ses disques jusqu’à aujourd’hui. Il aura
aussi eu la joie de séduire les jeunes générations, d'opérer
un très beau retour
sur scène dans les années quatre-vingt dix, et d'enregistrer
son dernier disque en 2003.
Ce très fin connaisseur de la musique classique arabo-andalouse, qu'il
avait étudiée auprès des plus grands maîtres, avait
su, avec beaucoup d'intuition, en renouveler la version populaire. Il faisait
partie de ces grands, de ces rares interprètes qui sont à l'origine
d'un style. Il suffit de citer son nom, comme celui de Maurice el Medioni
ou de Reinette l'Oranaise, pour faire renaître toute une époque
et susciter aujourd'hui encore, dans bien des coeurs, les souvenirs les plus
doux.