Le prix Médicis vient d'être décerné à Jean
Hatzfeld et je m'en félicite : La Stratégie
des antilopes poursuit la trilogie, avec Dans le
nu de la vie puis Une saison de machettes,
consacrée à la tragédie du Rwanda. Jean Hatzfeld écoute
la parole des survivants Tutsi, rescapés du massacre de 1994 et condamnés
à côtoyer aujourd’hui sur une même colline les assassins
Hutus récemment libérés. Il sait, avec une compréhension
discrète et un respect sensible , dissiper le silence qui recouvre
encore les crimes, amener vers la lumière ces souvenirs venus de l'enfer.
En recueillant leurs récits, il aide les victimes
à reconstituer leur passé, leur vie, à un moment où
elles ne savent pas encore si elles peuvent pardonner.
La stratégie des antilopes va beaucoup plus loin que le simple
témoignage et nous amène au coeur des ténèbres
.
Devenu le compagnon dévoué et hanté de la douleur, Jean
Hatzfeld fait là oeuvre nécessaire et lutte contre l'oubli,
le nôtre et celui du monde.