Hommage de Christine Albanel à Yves Saint-Laurent

lundi 2 juin 2008

Avec Yves Saint-Laurent, disparaît un homme brillant, généreux, énigmatique et séduisant, une griffe légendaire. Il était l’élégant complice de notre quotidien, le maître de l’art de vivre « Rive Gauche », symbole de luxe et de beauté dans le monde entier.

Depuis ses premières créations (le blouson noir en 1960, la ligne Trapèze, le caban, la saharienne), il était resté provocateur et libre, bien décidé à affranchir la femme et à inscrire la mode dans son époque, dans la rue, dans la vie, créant pour cela sa propre marque de prêt à porter et brisant les règles du jeu de la haute-couture.

Le premier, il a fait de cette profession un spectacle, et un art tourné vers les autres arts : la peinture (collection Mondrian, Goya, Van Gogh, Pop Art), la scène , le ballet, le théâtre, le music hall et bien sûr le cinéma (les robes de Catherine Deneuve dans « Belle de jour » de Buñuel, de Claudia Cardinale dans « La panthère Rose »).

Saint-Laurent avait l’âme d’un artiste, alternant l’enfermement créateur et les apparitions spectaculaires, comme celle qu’immortalisa Jean-Loup Sieff pour son parfum « Yves Saint-Laurent ».

Son ascension, depuis ses débuts de « plus jeune couturier du monde » dans la maison Dior à 20 ans jusqu’à ses adieux à la haute couture en 2002, qui furent aussi les débuts de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint-Laurent, est celle d’un enfant prodige et extraordinairement raffiné, et d’un pionnier.

Premier couturier à habiller la femme de transparence, premier couturier à entrer de son vivant au musée (en 1983 au Metropolitan Museum de New-York), « YSL » était et restera un grand créateur, inventeur d’une femme moderne vêtue d’étoffes de lumière, de séduction et de désir.