Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication,
a réuni les 21 et 22 juillet à Versailles ses homologues de
l’Union européenne.
La ministre a rappelé les quatre axes qu’elle souhaitait développer
pendant la Présidence française pour promouvoir la dimension
culturelle du projet européen :
- valoriser et protéger le patrimoine européen et promouvoir
son accès ;
- protéger et encourager la création et la diffusion culturelle
à l’ère du numérique ;
- promouvoir le dialogue interculturel et la diversité culturelle et
linguistique ;
- valoriser la contribution de l’architecture au développement
durable.
La première journée a été consacrée aux
moyens de valoriser le patrimoine européen et d’en promouvoir
l’accès, tout particulièrement à destination des
jeunes.
Les Ministres de la Culture ont notamment évoqué le projet de
« Label du Patrimoine européen ». Cette initiative, initiée
par une quinzaine de pays européens en 2007, vise à mettre en
valeur certains biens ou certains lieux (monuments, sites naturels ou urbains,
et lieux de mémoire) emblématiques de l’histoire européenne.
Ces sites ont vocation, notamment à travers leur mise en réseau,
à développer des actions en faveur de l’éducation
culturelle et artistique, l’accueil en plusieurs langues, la valorisation
de la création européenne, etc..
Il a été convenu de lancer les travaux au sein des instances
communautaires en vue d’en faire un projet à 27. Le « Label
du patrimoine européen » pourra s’appuyer sur l’initiative
intergouvernementale, en en renforçant son impact. Il a été
souligné qu’une telle action, s’inscrivant dans le cadre
de l’article 151 du Traité, permettra de donner aux citoyens
européens une conscience plus tangible de leur héritage commun.
Ce projet de valorisation du patrimoine culturel pourra aussi contribuer à
l’attractivité et au développement économique des
territoires de l’Union. Plusieurs ministres ont insisté sur l’intérêt
de faciliter l’accès de ces sites aux jeunes.
Les Ministres de la Culture ont également abordé la question
de la lutte contre les trafics illicites de biens culturels dont sont victimes
tous les Etats européens. Il s’agit d’un véritable
défi pour le patrimoine européen qui fait l’objet d’un
pillage croissant de la part de réseaux internationaux.
Ceux-ci tirent parti des différences entre les législations
nationales et des limites de la coopération entre Etats membres.
Christine Albanel, qui a souligné qu’il s’agissait
d’une priorité de la Présidence française, a insisté
sur les moyens de renforcer de façon concrète la coopération
entre Etats membres. Dans ce domaine, l’Union européenne peut
apporter une valeur ajoutée. La connexion des bases de données
nationales recensant les objets volés constitue une des pistes qui
seront approfondies, à 27, dans les prochains mois.
La lutte contre le trafic de biens culturels sera abordée à
plusieurs reprises au cours de la Présidence française, en particulier
dans le domaine des musées (colloque européen des responsables
de musées et
d’institutions organisatrices d’expositions, organisé à
Paris le 23 octobre prochain) et dans celui des archives (colloque sur la
lutte contre le trafic illicite d’archives, qui se tiendra à
Roubaix du 18 au 21 novembre 2008).
Lors de la journée du 22 juillet, les Ministres de l’audiovisuel
ont abordé la révision du cadre réglementaire communautaire
des communications électroniques (« Paquet télécom
»). Ils ont rappelé la nécessité de préserver
à cette occasion l’équilibre entre impératifs d'optimisation
économique et les objectifs d’intérêt général
tels que le pluralisme des médias, la diversité culturelle et
linguistique ou l’aménagement du territoire.
Au total, les ministres en charge de l’audiovisuel ont souhaité
appeler, sur ces différents points, l’attention de leurs collègues
en charge des télécommunications, ainsi que celle des députés
européens et de la Commission, sur la nécessité de prendre
en compte les spécificités et les objectifs du secteur audiovisuel
dans la révision du « Paquet télécom ».
La protection du droit d’auteur et des droits voisins sur les réseaux
numériques a également été évoquée
par les ministres. Il s’agit en effet d’un enjeu central, aussi
bien pour l’avenir des industries culturelles – qui
élaborent les contenus musicaux et audiovisuels – que pour celui
des opérateurs de communications électroniques – qui sont
appelés à devenir le principal réseau de distribution
de ces oeuvres. Or, le piratage des oeuvres en ligne, en portant atteinte
à la rémunération des créateurs, fait obstacle
à un partage équitable des produits de la croissance que génèrent
conjointement les industries culturelles et de communications.
Il a été souligné qu’il était capital d’améliorer
l’information des consommateurs sur les droits d’auteur attachés
aux oeuvres diffusées en ligne et de les sensibiliser aux conséquences
du piratage sur la création et la diversité culturelle. De plus,
l’ensemble des acteurs – de la Culture comme des réseaux
de communication – doivent s’associer dans la lutte contre le
piratage et pour le développement d’une offre légale plus
attractive pour le consommateur.
Enfin, Christine Albanel a rappelé les réflexions engagées
par la PFUE sur les médias de service public à l’ère
numérique, notamment à l’occasion du colloque qui s’est
tenu à Strasbourg les 17-18 juillet.
L’importance du modèle européen du service public audiovisuel
a été réaffirmée ainsi que la nécessité
de préserver la subsidiarité dans ce domaine, c’est-à-dire
la possibilité pour les Etats membres de garantir les moyens de développement
du service public de l’audiovisuel.
Les ministres se réuniront à nouveau à Bruxelles le 20 novembre 2008 à l’occasion du Conseil « Education, Jeunesse et Culture », et adopteront des conclusions, notamment sur le « Label du Patrimoine européen » et sur le développement et la protection contre le piratage des contenus créatifs en ligne.