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Célébrations nationales 2006
Littérature et sciences humaines

Nicolas-Edme Rétif de La Bretonne
Sacy, 23 octobre 1734 – Paris, 6 février 1806

Gravure d’après le portrait de Binet
1785
coll. privée
© Bianchetti / Leemage

Je dois anatomiser le cœur humain sur mon sens intime, et sonder les profondeurs du moi. […] Inconcevable labyrinthe du cœur humain ! […]
Je ne déguiserai rien, ô lecteur ! » C’est ainsi que Rétif (ou Restif) présente son entreprise autobiographique, Monsieur Nicolas.

Même s’il mêle bien des fantasmes à cette vie qu’il nous raconte, nous pouvons retracer un itinéraire bien singulier, celui d’un enfant bourguignon devenu ouvrier imprimeur et qui finalement s’affirme comme écrivain parisien.

Nicolas-Edme Rétif est né en 1734 dans un petit village de Bourgogne, Sacy, au sein d’une famille de paysans. Il passe ses années d’enfance en partageant la vie villageoise. Le livre qu’il consacre à son père, La Vie de mon père, ainsi que les premiers volumes de son autobiographie, nous présentent un tableau -idéalisé de ce monde rural, mais parfois constituent un témoignage saisi sur le vif. Puis, en 1751, il est mis en apprentissage à Auxerre pour devenir ouvrier typographe. Changement de cadre, changement de condition, témoignages encore sur ce monde de l’imprimerie qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort. Car il devient compagnon et gagne la capitale où il va travailler désormais. Il écrit depuis longtemps, mais c’est à partir de cette période qu’il envisage une carrière d’écrivain et abandonne même son métier pour se consacrer à la littérature. Finalement, il deviendra à partir de 1790 son propre imprimeur. Il traverse la Révolution en observateur parfois terrifié des excès dont il est témoin. Dans le dénuement, il meurt en 1806 à Paris.

Son œuvre très ample touche à tous les genres et se trouve marquée par son caractère d’autodidacte. Pour ne citer que quelques titres, qu’il s’agisse de théâtre (Le Drame de la Vie), d’utopie (La Découverte australe), de projets de réforme (La Mimographe), de romans (Le Paysan et la Paysanne pervertis) ou de nouvelles (Les Contemporaines, Les Nuits de Paris), ses œuvres nous font découvrir un auteur marginal, fantasque, piéton de Paris infatigable, fasciné par les femmes auxquelles il dit tout devoir : « Sans les femmes, j’étais un être nul, sans vigueur, sans énergie, sans activité, sans âme enfin. » Il redoute plus que tout la mort et l’oubli dans la mort. Se savoir lu reste pour lui la meilleure manière de lutter contre cet effacement de soi. La société Rétif de La Bretonne s’emploie à mieux faire connaître son œuvre.

Nicole Masson
professeur à l’université de Poitiers
présidente de la Société Rétif de La Bretonne

Direction des Archives de France
Délégation aux Célébrations nationales
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