Un semestre après le drame de Courrières et la dure
répression de la grève générale des mines
(1), Georges Clemenceau institue le ministère
du travail et de la prévoyance sociale chargé, huit
mois après l’adoption du premier projet de loi sur les
retraites ouvrières, de coordonner l’altruisme d’État.
Formé par le transfert de services des ministères du
commerce et de l’industrie, de l’intérieur et des
travaux publics (2), il comporte trois
directions et constitue une innovation remarquable dans un pays où
perdure le livret du travail.
Le socialiste indépendant René Viviani, avocat des cheminots
et futur président du conseil, est ministre du travail durant
quatre ans. Dans un pays qui ne compte que 750 000 syndiqués
en 1905 (contre deux millions en Grande-Bretagne) et où le
droit d’association est récent (1884), la direction du
travail reprend les tâches de l’office du travail créé
en 1891 et le contrôle des 123 inspecteurs du Travail. La direction
de la mutualité et celle des assurances sociales et de la prévoyance
ont vocation à dialoguer avec les bourses du travail.
En 1910, la promulgation du code du travail témoignera des
progrès mais la loi sur les retraites ouvrières et paysannes
sera critiquée par les syndicalistes, à cause du système
de capitalisation et du seuil de 65 ans comme âge de la retraite.
1. Cf. supra l’article de Mme Diana Cooper-Richet.
2. -Pour ce département, c’est le service des Mines qui
change de tutelle ministérielle.