Le 3 décembre 1776 débarquait à Auray Benjamin
Franklin, envoyé en France en qualité de commissaire
des États-Unis de l’Amérique septen-trionale,
aux côtés de Silas Deane et Arthur Lee.
De Nantes, il se rendit à Paris et s’installa à
Passy, en l’hôtel de Valentinois, propriété
de Le Ray de Chaumont, financier et négociant connu pour ses
sympathies pro-américaines. Venu pour signer un simple traité
de commerce, Franklin passa neuf ans en France, où il s’imposa
comme l’incarnation du self made man.
Car il était loin d’être un inconnu. Né
en 1706 à Boston, dans un milieu très modeste de fabricants
de chandelles, il travailla d’abord dans l’atelier -familial,
s’initia à l’imprimerie chez un de ses frères
tout en s’instruisant lui-même, décida de s’installer
à Philadelphie, où il se rendit célèbre
par ses activités journalistiques (l’Almanach du Bonhomme
Richard), philanthropiques (l’hôpital), culturelles (l’université
de Pennsylvanie, l’American Philosophical Society) et -surtout
scientifiques (identification de la foudre avec l’électricité).
En France, Franklin suscita un engouement extraordinaire dans tous
les milieux : politiques (il incarnait les idées nouvelles),
scientifiques (l’inventeur du paratonnerre), mondains (grand
séducteur, quoique septuagénaire), populaires (on venait
le consulter comme un oracle). Il mit sa renommée au service
de la cause américaine, en signant un traité d’alliance
qui entraîna une inter-vention militaire française décisive.
Sa bonhomie lui fit obtenir prêts, munitions et approvisionnements
indispensables à la victoire des Insurgents, scellée
par la reconnaissance de la souveraineté des États-Unis,
à Paris, le 3 septembre 1783.
Franklin est le seul Père fondateur à avoir participé
aux quatre actes -créateurs des États-Unis : la Déclaration
d’Indépendance (1776), le traité d’alliance
avec la France (1778), le traité de paix (1783), la Constitution
(1787).