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Célébrations nationales 2005
Littérature et sciences humaines


Jules Verne
Nantes, 8 février 1828 – Amiens, 24 mars 1905

Jules Verne jeune © Centre international Jules Verne - Amiens
Jules Verne jeune © Centre international Jules Verne - Amiens

Les Voyages extraordinaires se composent de 62 romans et 18 nouvelles. Jules Verne leur a consacré quarante années d’écriture. Nés de sa rencontre avec l’éditeur Pierre-Jules Hetzel, ils ont été conçus comme un cycle complet des découvertes et mutations planétaires des Hommes. La connaissance scientifique du monde, le positivisme d’Auguste Comte et la naissance des idéologies prennent la place des croyances traditionnelles.

Jules Verne voit naître le chemin de fer, le téléphone, le cinéma, le -phonographe, le sous-marin, la compréhension physique des galaxies, les premiers avions, mais aussi les sciences humaines : l’anthropologie, la psychologie, la sociologie, la philosophie de l’histoire… Les explorateurs pénètrent les dernières régions méconnues de l’Afrique, de l’Amérique, des pôles. La -géographie, science de l’espace vital, la géodésie, repérage d’un espace mondial, l’accélération du temps par les moyens de transport et de communication -nouveaux, la mondialisation de la presse… sont les vecteurs de cette mutation. Les Voyages extraordinaires transposent dans l’imaginaire ce progrès réel. Jules Verne imagine ce que seront les performances de ces découvertes cinquante, cent, cent cinquante ans plus tard.

Il fonde les axes d’une exploration de l’univers, dès ses premiers romans, en associant technique et voyage, imaginaire et réalité : traversée de l’Afrique en ballon, conquête du pôle Nord, voyage au centre de la terre, tour du monde par terre et sous la mer, voyage autour de la lune et mise en scène du gigantisme américain… donnent la mesure d’une humanité qui devient mondiale. Les voyages qui suivront détaillent cette appropriation générale de la terre. Chaque aventure nouvelle est l’histoire d’une connaissance nouvelle. La planète devient une île et dévoile son mystère dans l’univers.

Jules Verne n’a pratiqué la projection dans des mondes futurs que dans trois textes en marge des Voyages extraordinaires. Sa force suggestive, sa capacité à faire rêver les lecteurs de plusieurs générations viennent, au contraire, du fait qu’il a situé les actions des hommes de demain dans le présent de son époque ; non pas dans le futur, mais dans le présent par anticipation, comme on aime à imaginer un futur – de bonheur bien sûr – aux enfants dans le présent. Son habile mise en œuvre d’un monde meilleur, mais d’un esprit lucide, voyant -l’humain passer avec angoisse à côté d’un bonheur fuyant toujours, lui vaut une popularité mondiale.

Les techniques, les sciences physique et chimique, qui ont paru longtemps au premier plan de ses romans, n’y sont pas plus présentes que les sciences de l’homme. Son génie qui lui permet d’imaginer des machines aussi perfectionnées que l’Obus lunaire, le Nautilus, la Maison à vapeur, l’Albatros, l’Épouvante, L’Île à hélice…, se double d’une analyse toujours plus élaborée, à mesure que son œuvre avance, des mœurs de l’humanité planétaire. Le conflit entre laïcs et religieux, la naissance des idéologies conservatrices, libérales, socialistes, les changements que ces idéologies induisent dans notre conception du temps et de l’économie lui font mettre en scène inlassablement le destin de l’humain.
Ce sont des centaines de personnages qui parfois reviennent d’une histoire à une autre. Parmi eux sont quelques héros, le capitaine Nemo, Michel Strogoff, Phileas Fogg, Mathias Sandorf, Robur-le-conquérant… Ils soulignent les formes sans précédent d’un avenir de l’homme alors que, dans le réel, le monde se construit sur une séparation des pouvoirs religieux et civils. À côté de quelques héros emblématiques, ses centaines d’autres personnages sont des citoyens de son temps : savants, ingénieurs, journalistes, marins de tous corps de métiers, cuisiniers, charpentiers, canonniers, harponneurs, quartiers-maîtres, mousses… ils sont explorateurs, négociants, hommes d’affaires, saltimbanques, retraités, révoltés, dilettantes… qui font exister les héros et qui disent la valeur égale, hors hiérarchie, de chaque homme qui accède à la culture.

Jules Verne s’est défini comme simple artiste et conteur là où d’autres écrivains ont accru leur gloire par des prises de position politiques et par le journalisme. Lui se contente du poste modeste de conseiller municipal de la ville d’Amiens et intervient dans les questions de culture et d’urbanisme de la ville. Il a gardé de sa jeunesse théâtrale « le goût pour les bons mots plutôt que pour les bonnes affaires » et reste fidèle à ce qu’il avait écrit un jour à son père : « je ne vois dans toute chose que le côté comique et la forme artistique ». La plupart de ses romans sont des comédies ou des tragi-comédies.
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Né à Nantes le 8 février 1828, Jules Verne arrive à Paris pour terminer ses études de droit en juillet 1848. Il se passionne pour le théâtre et, avec l’aide d’Alexandre Dumas fils, voit sa première pièce représentée à vingt-deux ans. Il écrit à son père qu’il ne prendra pas la succession de son cabinet d’avoué, étant « moins question que jamais d’abandonner la littérature ; c’est un art avec lequel je me suis identifié, et que je n’abandonnerai jamais. »

Jules Verne se marie à 29 ans avec une Amiénoise, Honorine Deviane, veuve et mère de deux petites filles ; elle a 28 ans. En 1862, Jules Verne rencontre l’éditeur Pierre-Jules Hetzel qui, de retour à Paris après neuf ans d’exil, fonde avec Jean Macé une librairie laïque d’éducation et de récréation en direction d’un public familial. Le manuscrit de Cinq semaines en ballon séduit aussitôt les deux hommes qui l’éditent avec un succès immédiat. Jules et Honorine ont un fils, Michel, et quittent Paris pour Le Crotoy, village de pêcheurs sur la baie de Somme, puis s’installent à Amiens après la guerre de 1870. Jules Verne disparaît le 24 mars 1905. Il est inhumé à Amiens au cimetière de la Madeleine.

Jean-Paul Dekiss
écrivain, cinéaste
fondateur du Centre international Jules Verne d’Amiens

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